Les quatre problèmes qui pourraient freiner l'essor de l'Apple Watch
Le dernier gadget d'Apple est sorti dans le monde entier le 24 avril.
C'est un domaine qui était jusqu'ici inexploré pour Apple : vendredi 24 avril, l'entreprise américaine a lancé dans le monde entier son Apple Watch. Un premier pas sur le marché des objets connectés, et même des "wearable technologies", ces gadgets qui se portent : accessoires, vêtements et donc montres. Ce nouveau produit, surfant sur la popularité d'Apple, devrait contribuer, malgré son prix, à démocratiser les objets connectés auprès du grand public.
Mais l'essor des "wearable technologies" ne se fait pas sans polémiques. Retour sur plusieurs facteurs qui pourraient refroidir les acheteurs potentiels.
Les craintes liées à la vie privée
A l'heure où de nombreux usagers d'Internet s'inquiètent de l'usage de leurs données par les entreprises, et de l'extension de la surveillance du réseau par les gouvernements, difficile d'imaginer plus effrayant que des objets que l'on porte sur soi, et qui collectent des informations sur les activités, la localisation ou encore la santé de leurs utilisateurs. "Vous pensez que votre smartphone est un outil de traçage qui détruit votre vie privée ? L'Apple Watch, elle, est directement connectée à votre peau" résume le site Salon.
Parmi les fonctions potentiellement sensibles, la géolocalisation et le recueil de données concernant la santé du porteur, des fonctions communes à de nombreux objets connectés. Apple mise aussi beaucoup sur le paiement sans contact, qui implique de fournir ses coordonnées bancaires. Les risques pouvant inquiéter les utilisateurs sont nombreux : le piratage, l'utilisation des données par des entreprises ou leur vente à des tiers, ou même la perspective de voir ces informations utilisées par la justice.
Un avocat américain a utilisé les données mesurées par le bracelet connecté d'une de ses clientes pour prouver que ses capacités physiques avaient été diminuées par un accident. The Atlantic, qui rapportait cette affaire en novembre, imagine déjà l'usage que les procureurs pourront faire de cette nouvelle source de preuves. De quoi regarder d'un autre oeil la montre connectée à votre poignet.
La peur d'être pénalisé par les assureurs
Comme de nombreux objets connectés, l'Apple Watch recueille des données sur la santé de celui qui la porte. En novembre, rapporte Reuters, la firme a dû assurer aux autorités américaines qu'elle ne vendrait pas les données de santé de ses utilisateurs, ni ne les transmettrait sans leur accord. Mais les compagnies assurances, explique Forbes, se frotteraient les mains de cette manne de d'informations sur la santé et les pathologies de leurs clients.
Aux Etats-Unis, elles proposent déjà à des entreprises parmi leurs clients des programmes pour encourager leurs employés à rester en forme, en distribuant à ces derniers des objets connectés. Un mélange des genres qui inquiète les observateurs, qui imaginent un futur où les assureurs obligeraient leurs clients à porter ces objets, sous la promesse de réductions, et utiliseraient ces données pour déterminer les tarifs des contrats d'assurance. Une modulation interdite dans l'Union Européenne pour les assurances santé, où elle serait considérée comme discriminatoire par les lois européennes.
Mais elle pourrait être appliquée à d'autres domaines, comme l'automobile : Axa a déjà lancé son application pour Apple Watch qui enregistre "les phases d’accélération, de freinage et les mouvements du volant" des usagers, pour les aider à améliorer leur conduite.
Un look qui ne donne pas envie de les porter
Les vêtements et accessoires connectés ont un problème : s'ils n'étaient pas connectés, personne ne voudrait les porter. Citée par Dazed, Liza Kindred, fondatrice d'un think tank sur la mode et la technologie, dresse un tableau sans pitié pour les designers de ces produits. "Une des choses qu'on voit beaucoup, ce sont ces horribles bracelets en caoutchouc, et qui en réalité finissent dans nos tiroirs. Une autre tendance que j'observe, c'est 'colle un écran dessus'. J'ai vu des écrans sur des chapeaux, des ceintures, des poignets" se désole-t-elle.
"Nous avons rarement besoin des vêtements que nous achetons ; nous en avons plutôt envie" résume un journaliste de The Independent dans une tribune intitulée "Les "wearable technologies" sont juste laides". En effet, les attentes des utilisateurs en terme de design ne sont pas les mêmes à propos d'objets qu'ils doivent porter sur leurs corps toute la journée. Sur cette question, Apple semble avoir pris une longueur d'avance, en plaçant sa montre dans des magazines prestigieux comme Vogue, rapporte les Echos, et en recrutant plusieurs cadres de marques de mode comme Burberry et Saint Laurent.
Un objet qui pourrait être mal vu en société
"L'étiquette pourrait tuer les montres intelligentes" avertissait en janvier le site Wareable, pourtant spécialisé et, on imagine, partisan dans les objets connectés. Et pour cause, rappelle le média, "jeter un regard à votre poignet au milieu d'une conversation" est généralement perçu comme un signe "que l'on a autre chose à faire".
Certains objets connectés considérés comme invasifs, comme les Google Glass, ont déjà engendré des réactions hostiles, voire franchement violentes, racontées notamment par Mashable (en anglais). Les montres connectées, si elles ne génèrent pas forcément les mêmes inquiétudes liées aux capacités d'enregistrement, pourraient vous faire passer a minima pour une personne bien peu sociable.
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