Inégalités hommes-femmes : 15% de femmes dans l'armée française
A la veille de la Journée de la femme, on évoque souvent les inégalités dans le monde du travail. Au sein de l'armée française, elles représentent plus de 15 % des effectifs. C'est le taux le plus élevé d'Europe. Comment vivent-elles leur parcours ? Voici trois témoignages, dans la caserne de Mourmelon (Marne).
Lever de drapeau pour le 54e régiment d'artillerie. Parmi les soldats, le brigadier Claire Planchet, 22 ans, 1,60 m, 50 kg. Ce matin, entraînement à balles réelles.
Contact à droite.
Elle est spécialisée dans le tir depuis 4 ans.
J'ai pas un gabarit très impressionnant, donc les gens sont étonnés au début, mais on s'y fait.
A Mourmelon, les femmes ont accès à tous les postes, même élevés. Le lieutenant Jessica Jacquelin est chef de la logistique du camp.
Vous avez testé les téléphones.
Loin de son ancien travail, prof de maths.
Professeure, c'est pas ce que j'aspirais au départ. Les théorèmes ne changent pas trop. Dans l'armée, on peut évoluer, faire des choses différentes, contrairement à prof, où c'est toujours la même chose.
La boîte c'est pour le crick, en mission tu le mets dedans.
Le sergent-chef Loustau est entrée dans l'armée pour trouver un travail. la mécanique n'a plus de mystère pour elle. Elle en sait plus que les hommes sous ses ordres.
Quand j'étais jeune sous-officier, il m'arrivait d'aller dessous, de faire des graissages, du transport de matériaux.
Le brigadier Planchet continue son entraînement, avec des balles à blanc cette fois. Il faut s'emparer d'un rond-point tenu par des ennemis.
T'es prête ? Vas te mettre au bout. Faut que t'arrives à me voir.
Avec son équipement, on ne la différencie pas des autres. Mais avec son petit gabarit, un sac de 10 kg, ça pèse.
Tu vois, 100 mètres et j'en vois un. Je l'ai vu, c'est bon.
Fille de commerçant, elle ne connaissait aucun militaire.
Ça me plaît, ça bouge, il y a de l'adrénaline, faut être concentré. En sortant du collège, j'ai eu cette idée et j'ai poursuivi cette voie.
Elle se débrouille bien.
C'est un soldat, il bossera pareil que ça soit une femme ou un homme.
Vous fumez une clope, vous mangez un bout et on repart.
Vérifie tes angles.
Le sergent chef doit construire de nouveaux bâtiments d'entraînement.
Tu fais de l'autre côté aussi.
Tu refais l'alignement.
Dans le civil, malgré ses diplômes personne ne voulait une femme sur les chantiers. L'armée lui a donné sa chance.
Tu vas creuser à l'intérieur.
Il faut faire ses preuves, et mieux que les hommes. On est plus regardé. Il ne faut pas se démonter. Mes caporaux-chefs ont des physiques costauds, ils ont un vocabulaire assez riche et pourtant je suis là et je les dirige. J'arrive a les commander avec aisance. C'est la manière de faire et d'être.
Et en matière de commandement, le lieutenant sait y faire.
Allez, on monte les genoux.
Elle sait se faire obéir en douceur.
Je ne veux pas être à leur crier dessus. C'est plutôt un commandement où je vais être assez proche d'eux. Ça se passe bien. Je n'ai jamais eu aucun souci.
Au début, il y avait un peu d'appréhension car on ne connaît pas.
Loin de chez elle et de son compagnon, le soir, elle loge à la caserne, dîne avec ses hommes. Sans ambiguité.
On se vouvoie. Même si on plaisante ça reste toujours respectueux.
Quant à la maltraitrance faite aux femmes dans l'armée, ici, on aime pas en parler.
Je n'ai jamais été confrontée à ça.
Vous en avez parlé entre vous.
Non.
Après le repas, chacun regagne son dortoir. Hommes et femmes dorment séparémer Ce qui n'est pas le cas pour le brigadier Planchet. Elle est en bivouac côte à côte avec les autres. Mais cette vie qu'elle adore, elle pense en changer d'ici un an. Trop difficile quand elle voudra fonder une famille.
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