Immigration : le parcours exceptionnel de Mohed Altrad
Comment poser des questions aussi curieuses.
Le contrat d'accueil et d'intégration pour les immigrés devrait bientôt changer, indiquait Manuel Valls il y a quelques jours. Il annonce une réforme d'ampleur de ce contrat qui prévoit des obligations pour le migrant et des droits à la formation. Voici ce soir un parcours exceptionnel, celui de Mohed Altrad. Né dans une famille de bédouins en Syrie, arrive en France grâce à une bourse pour faire ses études, il est aujourd'hui PDG, écrivain et président du club de rugby de Montpellier. "Le destin d'un enfant du désert".
Deux millions d'euros de salaire annuel, une grande famille, une belle propriété avec piscine, Mohed Altrad a réussi sa vie. De sa jeunesse, il n'a que cette unique photo.
Je suis né dans le désert. Ma mère est morte le jour de ma naissance. Mon père l'avait répudiée quelques jours avant. J'ai été élevé par ma grand-mère, pour elle, l'école c'était pour les fainéants.
Une enfance dans le désert syrien. Une vie de bédouin. Mohed Altrad ignore sa date de naissance.
Je dois avoir autour de 60 ans.
Du sable et des tableaux lui rappellent ce pays qu'il a quitté vers 17 ans, grâce à une bourse d'études pour venir en France. Il arrive a Montpellier, déraciné.
Je ne comprenais pas la langue, il fallait l'apprendre. La nourriture, le climat, tout était différent. les comportements. J'étais "l'Arabe".
Sept ans d'études et un doctorat en informatique plus tard, il est recruté par un grand groupe français. Mais il rêve de diriger. Quand on lui propose de reprendre une société d'échafaudages en faillite, il n'hésite pas. Même s'il n'a jamais mis les pieds sur un chantier.
C’était la 1e fois que j'entendais le mot échafaudage. J'ai demandé ce que c'était. J'avais investi toutes mes économies pour redresser cette entreprise. Elle a généré du profit. Avec lesquels j'ai acheté une autre entreprise, puis bien d'autres.
Aujourd’hui il dirige 80 sociétés dans le monde entier. Il a près de 10.000 salariés. Échafaudages, brouettes, bétonnières, il est numéro un mondial dans son secteur. Son groupe pèse un milliard d'euros; Ce libéral estime que les patrons français sont trop taxés. Mais il refuse d'envisager un nouvel exil, fiscal cette fois.
J'ai beaucoup de choses à rendre à ce pays. Ce patriotisme m'incite a ne pas considérer ces entraves.
Sa vie est un roman, il a décidé de l'écrire, et d'en parler dans les lycées. Sa première oeuvre, très autobiographique, est même au programme de l‘Education nationale.
C'est très intéressant de voir comment on arrive à un tel point.
C'est un exemple à suivre, c'est une belle histoire.
Son message est aussi politique : il dit que sa réussite, il ne la doit qu'à lui-même. Il est opposé à la discrimination positive.
Pourquoi favoriser un immigré par rapport à un Français ? On devrait avoir les mêmes chances.
Sa dernière folie : racheter le club de rugby de Montpelllier. Surtout pour s'ancrer dans la région où il a trouvé ses racines.
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