Immersion : ligne 6 du métro parisien
Bataille de chiffres et d'égo. Dans cette guerre commerciale, les autres opérateurs n'ont pas dit leur dernier mot.
L'immersion maintenant de ce vendredi et d'abord ce chiffre impressionnant. En Ile-de-France, le métro transporte plus 5 millions de voyageurs par jour. Et dans les couloirs, au coeur de cette vie souterraine, il y a un autre monde, à part, celui notamment des SDF. Nous les avons rencontrés sur la ligne 6.
Son visage vous dit peut-être quelque chose, à moins que cela soit la musique. Il est 12H30 et comme tous les jours malgré sa guitare amochée, Paul va entrer en scène.
C'est comme ça que je gagne ma vie, au jour le jour. Je suis bien obligé de venir ici tous les jours.
Paul a 60 ans, il chante sur cette ligne de métro depuis 6 ans.
Bonjour, oui, c'est moi et c'est lui.
Sa chanson raconte que les copains disparaissent souvent en même temps que l'argent. Evidemment, il sait de quoi il parle.
Merci pour la musique, ce n'est pas pour le musicien. Merci monsieur. Vous avez aimé la chanson.
Oui.
Merci.
Paul a un doctorat d'histoire, il a toujours été musicien mais n'avait pas prévu d'en vivre.
J'étais enseignant d'anglais pendant 15 ans. Puis la boîte a fait faillite, j'ai perdu mon boulot. Je me suis dit : "Je vais gagner ma vie en jouant de la musique".
Ce guitariste est loin d'être le seul dans le métro. Sur ce quai, il y a quelques années, Paul a rencontré Richard. Ils sont devenus amis.
J'ai fait ma quête et quand je suis revenu, elle avait signé un chèque de 10 euros.
Les gens à Paris sont hyper généreux.
20 centimes, un ticket-restaurant, c'est étonnant. Je n'ai jamais vu ça à Londres.
Richard est musicien professionnel. Il n'est pas la pour gagner sa vie. Cette ligne de métro lui permet d'arrondir ses fins de mois et de travailler sa voix en public.
On voit que les gens sont attirés par ce que je fais, j'aime bien.
Impossible de savoir vraiment leur nombre. Rosemary, elles, est restée à quai plusieurs hivers.
C'était un coin où je dormais. Et là, c'étaient les hommes qui dormaient par là. On se mettait ensemble pour pas se faire piquer les affaires.
Comme beaucoup de naufragés du métro, Rosemary est handicapée. Elle perçoit une allocation d'invalidité totale. Quelques centaines d'euros.
On n'a plus rien pour manger ni pour dormir.
Alors elle fait la manche. Cet hiver elle a trouvé un toit, mais elle vient tous les jours aider ses ex-compagnons de galère.
J'suis venue t'apporter à manger. Tiens ! C'est pour toi. Je partage avec mes amis. Le P911 qUe J'ai, je partage.
Dans les rames, mendicité et musique sont interdites. Mais, visiblement, tolérées. Aucun contrôle sur la ligne ce jour-là. A moins que.
Messieurs-dames bonjour ! On fait partie de la Ratp Prévention. On va vous apprendre à bien valider votre titre de transport.
LoTc et Corentin sont comédiens, en mal de cachet. En quelques semaines, ils ont acquis ici une vraie notoriété. Applaudissements et rires.
Merci beaucoup.
Il suffit de faire un truc un peu marrant et tout le monde se déride.
Souvent on part et on voit les gens qui se parlent entre eux. Ça change un peu les rapports entre les gens.
18H. Fin de journée bien méritée pour Paul. Il vient de chanter l'équivalent de deux concerts.
29,30! Je vous l'ai dit: lundi, c'est lundi.
Paul a gagné aujourd'hui 40 euros. Il pourra payer sa chambre d'hôtel et s'acheter de quoi manger. Un repas exclusivement froid.
Oui, toujours: j'ai pas de cuisine.
Vous l'imaginez comment, votre retraite.
Ah ! Quoi ? Ma retraite ? J'aurai jamais de retraite, moi.
Paul n'a jamais accepté aucune aide de l'Etat. Ce soir encore, il regardera un film d'auteur en DVD. En attendant demain, qui ressemblera sans doute a aujourd'hui.
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