Immersion : avec les sauveteurs en mer
L"‘lmmersion" de ce soir nous emmène à Cherbourg découvrir le quotidien de l'unité de la Marine nationale, qui a en charge le sauvetage en mer. Depuis 55 ans, elle vient en aide aux marins en détresse sur la côte atlantique ou dans les eaux de la Manche. Avant l'été, les militaires se préparent a une forte activité.
L'espace d'un instant, imaginez-vous à sa place. Sous vos pieds un navire file à 40 km/h sur une mer agitée. Un dernier signe de la tête et vous basculez dans le vide. 20 m de descente pour récupérer un blesse. Un câble pour ligne de vie. La pluie, les rafales et le bruit assourdissant de la machine. Sur le navire, il faut tendre les bras, comme pour retenir un gigantesque cerf-volant. Le temps que la civière arrive jusqu'à vous. Le quotidien des hommes de la 32F.
C'est lui nos yeux, s'il dit 1 m, c'est pas 2. Sinon le plongeur peut prendre l'antenne ou le blessé peut finir à l'eau. Il faut être le plus précis possible.
Ce n'est qu'un entraînement mais depuis plus de 50 ans, au large d'Ouessant, de Cherbourg ou du Touquet, ces funambules sont les anges gardiens de la mer. Le dernier recours des marins en détresse. Musique. Même lorsque l'océan se déchaîne, ils peuvent récupérer un blessé sur un cargo, un plaisancier en perdition, un malade sur un navire de croisière ou des pêcheurs en difficulté, comme ici l'an dernier. Echoués sur des rochers au large de l'île de Batz, les 5 marins ont trouve refuge sur le flanc du bateau. Le sauveteur les remonte l'un après l'autre. Alors que le navire sombre, l'opération dure moins de 10 minutes Premiers soins dans la carlingue de l'hélicoptère, les pêcheurs sont frigorifiés mais sains et saufs. Conduits aussitôt vers l'hôpital de Brest. Sur la base de Cherbourg, ces deux sauveteurs ont connu des centaines d'interventions. Presque 20 ans de service et des souvenirs de missions dangereuses et parfois frustrantes.
Ça m'est arrivé de partir trois fois dans la même nuit sur le même bateau. La première fois, on doit renoncer, on revient et ça dure toute la nuit.
Pour compenser les risques, il faut de la complicité.
On se connaît parfaitement. Grâce à deux gestes, Gérard sait ce dontj'ai besoin en bas. Si quelque chose me chagrine, il fera en sorte d'y pallier.
Les hommes de la 32F et leur machine sont d'alerte 24h/24. Et pour que l'équipage ne fasse plus qu'un, la complicité ne se travaille pas comme exercice.
On peut mettre la table dehors.
Ça sera plus sympa.
Ça va être cuit.
Aidez-le un peu les gars. Le vendredi, c'est barbecue.
Ça devrait aller pour éteindre un barbecue.
Tant pis s'il ne fait que 12 degrés, l'essentiel est la cohésion du groupe et la gestion de l'attente.
On attend le coup de fil qui nous fera décoller, et qui va donner un petit peu de peps dans la journée ou dans la nuit. Ça fait partie du quotidien. Ce soir-la, l'appel d'urgence va tomber alors que l'équipage décolle pour un entraînement au large des côtes normandes.
On va vous dérouter pour un homme à la mer.
Un homme serait accroche à une bouée au large de Cabourg.
On est en transit à 1.500 pieds. On sera dans 21 minutes sur zone.
Il faut faire vite, car, dans une eau à 10 degrés, les chances de survie ne dépassent pas une heure.
Si une personne n'est pas équipée avec des bandes reflechissantes ou de lumières, c'est très délicat. Il y a une grosse part de chance dans ce genre de mission.
Les sauveteurs s'équipent de jumelles de vision nocturne.
Chacun son quart de cercle de recherches.
A l'arrière, ils s'assoient ensuite au bord du vide. Longuement, ils vont scruter la surface de l'eau. Voici ce qu'ils voient à travers leurs jumelles.
On regarde entre les bouées. Le mec a peut-être lâche.
1 H30 de recherches.
Il y en a un qui se concentre sur les bouées, et les autres regardent autour.
Aucune trace de vie. L'hélicoptère est finalement renvoyé à la base.
Grosse frustration, car on se dit que peut-être une personne nous a vu passer, entendus, et qui attend sur place.
L'équipage ne saura probablement jamais s'il a rate quelqu'un dans les eaux noires de la Manche ou si c'était une fausse alerte.
On va aller dormir un petit peu au cas où ça refrappe dans la nuit.
Une vocation et un métier risqués. En 55 ans, la flotille a perdu 17 hommes en opération. Au péril de leur vie, des hommes qui ont arrache plus de 3.000 marins aux eaux parfois inhospitalières de la Manche ou de l'Atlantique.
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