Histoire : Ravensbrück, naissances dans un camp de la mort
Une page d'histoire restée longtemps méconnue. Donner la vie dans les camps de la mort. Une pouponnière a vu le jour dans le camp de Ravensbruck.
Des poupées pour les garçons, des Iegos pour les filles. Le dossier de cette édition sur le programme contre les stéréotypes à l'école. Demain, toutes les classes pourraient être concernées.
Ils croquent la vie, défendent la cohésion. Deux invités Jamel Debbouze et Olivier Gourmet pour le film événement de la semaine prochaine : "La marche".
Avant cela, c'est l'image du jour. La réapparition publique de Jacques Chirac. Affaibli, mais bien présent, aux côtés de François Hollande, pour la remise d'un prix de sa fondation. Il a existé des pouponnières dans les camps de la mort. Dans ce camp de Ravensbruck, à 80 km au nord de Berlin, 130 000 femmes, enfants et adolescents ont été déportés. La plupart sont morts. Mais au coeur de la négation de la vie, a existé aussi une chambre des nourrissons. Des centaines de bébés y sont nés.
A 90 ans, le pas n'est plus sûr mais la mémoire est intacte. Marie-José Chombart de Lauwe n'a rien oublié de ses 20 ans. Résistante, elle est déportée au camp de Ravensbruck, où arrivent des milliers de mères et d'enfants. Un décret nazi interdit que les femmes enceintes y soient internées. En théorie.
Il y en avait qui arrivaient enceinte. Si la grossesse était avancée, le bébé était tué à la naissance.
Juin 1944, les alliés débarquent en Normandie. Les Allemands savent que la fin de la guerre approche. Des Polonaises, des Hongroises arrivent par centaines au camp. Beaucoup sont enceintes. Pour tenter de réduire la portée de leur crime, les nazis décident de ne plus exterminer les nourrissons. Ils les séparent des mères pour les mettre dans la kinderzimmer, la chambre des enfants. Marie-José est désignée comme puéricultrice. Dans ce camp, il est donc un endroit où l'on donne la vie. Une vie qui s'éteint très vite comme en témoigne ce registre.
Le bébé s'appelle Bernard. Il est né le 29 décembre 44. Il est mort le 20 janvier 1945.
Presque tous les bébés meurent de maladie ou de faim.
Les mères venaient 5 fois par jour. On leur passait leurs bébés et elles tentaient de leur donner le sein. Et comme elles avaient peu de lait, on a obtenu de chercher un pot de lait en poudre, avec deux biberons. Mais comme j'avais de 20 à 40 bébés, on remplissait le biberon sans le nettoyer.
Sur 522 nouveau-nés, 31 survivent dont 3 Français. Sauvés grâce à la solidarité des prisonnières, ces héroïnes.
C'était un acte de résistance formidable, c'était un grand risque. Une de nos camarades infirmière a volé les gants du médecin chef et on a taillé 10 tétines dans les gants du médecin. De sorte qu'on a eu 10 biberons. Il y avait une autre mère qui avait perdu son bébé, elle restait aider. Comme il y avait des rats qui attaquaient les enfants, elle restait sous le lit pour empêcher les rats d'attaquer.
Avril 1945, le camp de Ravensbruck est libéré par l'armée russe.
300 survivants du camp de Ravensbruck sont rentrés. Rien ne fera compenser leurs souffrances.
Longtemps, les bébés vont hanter les nuits de toutes les femmes qui les ont vu vivre et mourir.
Le problème a été quand je me suis trouvée enceinte moi-même, est-ce que j'aurai un enfant vivant.
Quand vous avez eu vos enfants, vous y avez pensé ? Naturellement. Je suis toujours à l'intérieur de moi l'infirmière, Marie-Jo de Ravensbruck.
Marie-Josée a fondé une nombreuse famille et lutté toute sa vie pour les droits des enfants. Un devoir vis-à-vis des nouveau-nés de la kinderzimmer.
Un voyage maintenant, la découverte du pôle Nord par la mer Les fameux icebergs, des rencontres inattendues.
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