Histoire : le 6 février 1934, le vacillement de la République
On manque encore de recul sur cette pilule. On en vient à cette date symbolique: le 6 février 2014 marquera les 80 ans d'une manifestation qui figure dans tous les livres d'Histoire. Le 6 février 1934, la République a vacillé. Un défilé des ligues d'extrême droite aux portes de l'Assemblée On évoquait alors le danger fasciste. Qu'en est-il réellement avec le recul? Qui étaient ces hommes.
C'est l'émeute place de la Concorde. Ce 6 février 1934, 15 000 à 20 000 manifestants se heurtent aux gardes mobiles. On brûle des autobus, on lance des fumigènes. Des coups de feu sont même tirés. L'objectif est de pénétrer dans l'Assemblée nationale pour renverser le gouvernement de centre-gauche. Ce jour-là se déroule la manifestation la plus violente en France depuis la Commune de Paris, en 1871. Mais qui sont ces émeutiers? Pourquoi une telle violence? Depuis des mois, la France est frappée par la crise économique. Les usines ferment, les files s'allongent devant les soupes populaires.
En janvier éclate l'affaire Stavinsky, du nom d'un escroc français d'origine juive ukrainienne. Des parlementaires et des ministres sont impliqués. C'est la crise politique. L'extrême droite se déchaîne.
A Paris, les étudiants en médecine font une grève de protestation en raison du trop grand nombre d'étrangers admis a exercer en France.
Les royalistes de l'Action française, des groupes plus ou moins inspirés du fascisme italien et surtout les grandes associations d'anciens combattants de la Guerre de 14 se mobilisent contre le gouvernement. Ce sont eux qui appellent a manifester ce 6 février devant l'Assemblée. Ils sont tous prêts à en découdre.
Ce ne sont pas des enfants de choeur. Les groupes qui arrivent là sont organisés. Ils sont arrivés, pour certains, armés avec des revolvers, des rasoirs pour couper les jarrets des chevaux de la garde républicaine. Ils sont venus avec différents moyens pour affronter les forces de l'ordre.
Ces affrontements font pres de 1500 blessés et 15 personnes y laissent la vie. Mais aucun émeutier ne pénètre dans l'Assemblée. de la manifestation: cet homme, le colonel de la Rocque, le chef des Croix de feu. Un grand mouvement d'anciens combattants de 140 000 membres Malgré leur allure martiale, leur culte du chef, la majorité de ces hommes restent républicains. Il ne faut pas s'y méprendre. Nationalistes, conservateurs, anticommunistes, certes, mais pas putschistes, les Croix de feu. En témoigne le petit-fils du colonel.
2000 Croix de feu approchent l'Assemblée nationale. La question se pose dans un climat de tension extrême face à l'ultime barrage des gardes mobiles. Allons-nous forcer les portes du palais Bourbon? En réalité, la question ne se pose pas. 2 jours auparavant, mon grand-père réunissait les cadres des Croix de feu et leur a dit très précisément: "Nous serons des manifestants, pas des émeutiers".
3 jours après ces émeutes, en réaction, la gauche unie manifestera à son tour. 2 ans plus tard, le Front populaire accédera au pouvoir.
D.Pujadas: Un témoignage, maintenant.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.