Une partie du dossier et des scellés de l'enquête sur le décès suspect en 1979 de l'ex-ministre Robert Boulin a disparu
La justice a décidé mardi de ne pas rouvrir d'investigations sur cette affaire, mais une enquête administrative a été ordonnée sur les circonstances des disparitions.
"C'est un vrai scandale, il s'agit d'un élément nouveau qui montre que la justice ne veut pas chercher la vérité dans cette affaire", a lancé Me Morice, avocat de la fille de M.Boulin.
"Ca alimente incontestablement les accusations d'un véritable complot pour empêcher que toute la vérité soit faite sur les circonstances de la mort de Robert Boulin ", a ajouté l'avocat. Me Morice a annoncé que la fille de l'ancien ministre allait assigner l'Etat en justice pour "dysfonctionnement grave du service de la justice".
Fabienne Boulin-Burgeat va également déposer une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d'instruction des tribunaux de grande instance de Paris ou Versailles pour obtenir l'ouverture d'une information judiciaire pour assassinat. "Nous avons encore des lettres posthumes et j'ai une mèche de cheveu de mon père, qui permettra de nouvelles expertises", a relevé la fille de M.Boulin, pour qui "cette affaire n'est pas terminée".
Pas de charges nouvelles, selon le parquet
Un tome du dossier et des scellés, dont des originaux des lettres posthumes attribuées au ministre du Travail de Raymond Barre, retrouvé mort dans un étang des Yvelines, dans 50 centimètres d'eau, le 30 octobre 1979, ont été égarés.
Les recherches se poursuivent "activement pour les retrouver", a assuré le parquet général. La ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie s'était récemment prononcée contre la réouverture de l'enquête judiciaire. En dépit de la disparition d'une partie du dossier, le parquet général a précisé qu'il considérait qu'il n'y avait pas de charges nouvelles susceptibles de justifier une réouverture de l'enquête, réclamée par la famille.
Cette affaire avait déjà été marquée par la disparition de plusieurs organes (poumons, larynx, langue...) de Robert Boulin, censés avoir été conservés à l'Institut médico-légal.
Suicide ou règlement de comptes politique ?
"Il apparaît en premier lieu que des analyses ADN ne pourraient en aucune façon faire l'objet d'une comparaison utile, dans la mesure où jamais aucune personne n'a été mise en cause ou hors de cause dans ce dossier", a précisé le parquet général dans un communiqué. La fille du ministre de Valéry Giscard d'Estaing appuyait sa demande de réouverture de l'enquête sur de nouveaux témoignages qui accréditent, selon elle, la thèse de l'assassinat.
L'ancien ministre gaulliste Jean Charbonnel a ainsi affirmé que Robert Boulin aurait été victime d'un "règlement de compte politique" et qu'Alexandre Sanguinetti, figure du parti gaulliste et membre influent du Service d'action civique (SAC), avec qui il en avait discuté, était du même avis.
Une enquête judiciaire, ouverte à la suite d'une plainte de la famille pour homicide volontaire en 1983, s'était conclue par un non-lieu en 1991. Douze ans après la mort de M.Boulin, la justice avait conclu qu'il s'était suicidé par l'absorption de barbituriques.
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