Un mois et demi après Fukushima, Nicolas Sarkozy est venu mardi à Gravelines réaffirmer sa foi dans le nucléaire
Le chef de l'Etat, qui a visité la salle des commandes du réacteur numéro 4 de la centrale, vieux de 30 ans, a dénoncé la peur "irrationnelle" et "moyenâgeuse" entretenue selon lui par les détracteurs de l'énergie nucléaire.
Il a aussi confirmé lors de la table ronde la mise en chantier d'un terminal méthanier à Dunkerque.
"J'ai confiance dans la sécurité du parc nucléaire français", a-t-il déclaré devant les salariés de la centrale de Gravelines, gérée par EDF. "Je n'ai pas été élu pour le remettre en cause. Il ne sera donc pas remis en cause", a-t-il ajouté. "Nous allons continuer à investir dans le nucléaire."
Défense du nucléaire au nom de l'indépendance énergétique
Nicolas Sarkozy a invoqué l'indépendance énergétique de la France, dont près de 80% de l'électricité est d'origine atomique, et les besoins en énergie des industries françaises. "On n'a pas le droit de jouer sur des peurs moyenâgeuses pour remettre en cause des choix qui font la puissance de notre pays", a-t-il déclaré un peu plus tard lors d'une table ronde sur les questions énergétiques, à laquelle ont assisté plusieurs centaines de personnes dans un complexe sportif de Gravelines. Il a de nouveau promis le développement des énergies renouvelables mais a dénoncé ceux qui militent pour une sortie du nucléaire ou demandent un moratoire des investissements dans cette filière. Il les a qualifiés d'"irresponsables".
La catastrophe de Fukushima, conséquence du tremblement de terre et du tsunami du 11 mars au Japon, a relancé dans le monde, notamment en Europe et en France, le débat sur le nucléaire civil dont Nicolas Sarkozy s'est fait le plus ardent défenseur depuis le début de son quinquennat.
Sous la pression de l'actualité et des détracteurs de cette énergie, le gouvernement français a commandé un audit de l'ensemble des 58 centrales nucléaires françaises. Nicolas Sarkozy a promis qu'il n'hésiterait pas, après cet audit, à fermer une centrale qui présenterait des "faiblesses".
Comme lors de précédentes visites sur des sites industriels, le chef de l'Etat a tenté de renouer le fil avec la classe ouvrière. "Je sais qu'il y a eu des désaccords entre nous", a-t-il déclaré aux salariés d'EDF en citant la réforme des retraites. "Mais ma façon de vous respecter, c'est de parler des sujets, ce n'est pas d'avoir peur, ce n'est pas de les mettre de côté."
Mise en chantier d'un terminal méthanier confirmée
Nicolas Sarkozy n'était pas venu les mains vides dans ce bassin d'emploi en difficultés : il a confirmé lors de la table ronde la mise en chantier d'un terminal méthanier à Dunkerque,
un investissement de 1,5 milliard d'euros destiné à compenser la fermeture d'une raffinerie de Total .
EDF sera le principal investisseur et l'opérateur de cette installation, dont la mise en service est prévue fin 2015, qui aura une capacité annuelle de regazification de 13 milliards de m3 de gaz et créera, hors construction, environ 250 emplois
directs, selon un communiqué de l'électricien.
Le P-DG de Total Christophe de Margerie, qui participait à la table ronde avec celui d'EDF, Henri Proglio, a précisé que le groupe pétrolier français participerait à hauteur de 10% à cet investissement.
Réaction
Le réseau "Sortir du nucléaire" a estimé mardi qu'il était impossible "d'avoir confiance" dans le nucléaire.
Le réseau a ainsi rappelé que 5 des 6 réacteurs de la centrale de Gravelines
fonctionnent avec "du combustible MOX, encore plus réactif, instable et
dangereux que le combustible classique à l'uranium".
Par ailleurs, les écologistes ont dénoncé le projet de construction d'un terminal méthanier à Loon-Plage près de Dunkerque (Nord). Ce terminal "représenterait le 14e site Seveso dans la région de
Gravelines, soit une menace supplémentaire pour la centrale", selon le réseau.
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