Un homme a été condamné lundi à Caen à 3 ans de prison avec sursis pour le meurtre en 2007 de sa femme dépendante
Elle lui avait demandé de l'aider à se suicider. L'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) réclamait l'acquittement.
Dimanche, en marge de ce procès, des sénateurs ont annoncé qu'ils déposeraient une proposition de loi sur la légalisation de l'euthanasie à l'automne.
"Vous avez affaire à un homme bon, qui agit par amour, pour libérer de la souffrance celle qu'il aime... Mais le fait de donner délibérément la mort à autrui constitue un meurtre", a estimé l'avocat général François Lalès devant la cour d'assises du Calvados. "Juger que Roger G. n'est pas responsable c'est ouvrir une boîte de Pandore", a poursuivi le représentant du ministère public avant de requérir cinq ans d'emprisonnement avec sursis pour l'accusé, qui risquait la réclusion criminelle à perpétuité.
Rappel des faits
Le 4 octobre 2007, le septuagénaire avait serré un noeud coulant autour du cou de sa femme de 70 ans, agonisante après une tentative de suicide à leur domicile à Mondeville près de Caen. Il lui avait auparavant expliqué comment se pendre avec le fil électrique d'un réveil et pensait la retrouver morte. "Elle souffrait énormément. Elle m'a tellement supplié que je ne pouvais faire autrement", a plaidé l'accusé.
Retour sur la loi Léonetti de 2005 sur la fin de vie
Le président de l'ADMD, Jean-Luc Romero, avait demandé son acquittement, estimant qu'il faudrait plutôt faire le procès de la loi Léonetti de 2005 sur la fin de vie, qui a instauré un droit au "laisser mourir" sans autoriser l'euthanasie.
"Nous ne sommes pas là pour faire la loi. Si certains appellent de leurs voeux une réforme, pourquoi pas, mais ce n'est pas aujourd'hui qu'elle doit se faire", a répondu l'avocat général. Il a relevé que l'acte de Roger G. "aurait été tout autant interdit" dans des pays qui ont légalisé l'euthanasie, comme la Belgique, les Pays-Bas ou la Suisse car les "multiples maux" de la victime étaient selon lui "encore curables". "Il existe la possibilité d'hospitaliser d'office, de faire venir une aide à domicile", a souligné le représentant du ministère public, tout en reconnaissant que la femme subissait un "quotidien avilissant".
"Elle voulait que ce soit moi", a souligné l'accusé. Selon son avocat, Me Claude Marand-Gombar, l'époux qui se levait parfois "dix fois par nuit" pour s'occuper d'elle a tué sous le coup d'une "contrainte irrésistible" face aux souffrances et aux demandes de sa femme, qui avait une personnalité plus forte que la sienne.
Et si le pronostic vital de la victime, qui était encore capable de se déplacer, n'était "pas engagé pour chacune des pathologies", leur "accumulation" le mettait en cause "à court ou moyen terme", a estimé l'avocat, citant le diagnostic d'un médecin, Michel Benoist. "La pose définitive d'une sonde urinaire a probablement été le coup de grâce. Elle ne se sentait plus femme", a souligné le prévenu.
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