Un conseiller du ministre, mis en cause pour ses liens avec le monde des affaires, nie tout "problème déontologique"
De son côté, réagissant à une enquête de France Inter, le ministère du Travail a récusé tout manquement.
Eric de Sérigny, dont le nom n'apparaît pas dans l'organigramme officiel du cabinet ministériel, est notamment un ami de Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, auquel le ministre a remis la Légion d'honneur.
Le président de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy (PS), demande l'ouverture d'"une enquête".
Conseiller "à titre bénévole"
"Je n'ai pas demandé la Légion d'honneur pour Patrice de Maistre", souligne Eric de Sérigny dans un communiqué publié sur le site internet de France Inter. "Mais il est exact que j'ai soutenu sa candidature comme d'autres, car je la trouvais justifiée", a-t-il ajouté.
La remise de cette décoration est l'un des volets des conflits d'intérêts présumés avec la milliardaire, affaire dans laquelle le ministre du Travail Eric Woerth est empêtré depuis plusieurs semaines.
Conseiller du ministre depuis 2007, Eric de Sérigny, un cadre de la haute finance, assure travailler à titre "bénévole" pour Eric Woerth , admettant avoir participé à des réunions des grands donateurs de l'UMP.
Sa tâche consiste à "assurer des relations économiques avec des chefs d'entreprises de mes amis", précise-t-il, avant d'ajouter: "il n'y a strictement aucun problème de déontologie, bien sûr, avec mes activités professionnelles".
Un rapport avec les licenciements chez Molex ?
Autre point soulevé par France Inter, Eric de Sérigny travaille pour la société en investissement financier Athéma. Laquelle a collaboré avec les avocats de la direction de l'usine Molex dans un dossier sur lequel est intervenu le ministère du Travail.
Une polémique avait éclaté fin mars 2010 quand, au nom du ministre Eric Woerth , la direction générale du travail avait donné son aval, malgré l'avis de l'inspection du travail, au licenciement des représentants syndicaux de cette usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne). Celle-ci avait été fermée en septembre 2009 après 11 mois de lutte des salariés.
Ce sujet "n'a jamais été évoqué par moi avec le ministre", assure Eric de Sérigny.
Sur ce même dossier, le ministère du Travail dit s'en être tenu au "strict respect" de la procédure prévue par le code du travail. La direction générale du Travail "a considéré que la cessation d'activité totale d'une entreprise constitue une cause économique
de licenciement, ce qui était, en l'espèce, le cas de la SARL Molex".
Le ministère précise encore que sur 807 décisions ministérielles concernant des licenciements économiques (mai 2009-avril 2010), "372, près d'une décision sur deux" de l'inspection du travail, a donné lieu à une annulation.
Réactions
"Très étonné" par la révélation de l'implication d'un conseiller du ministre du Travail dans le dossier Molex, le président PS de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, a souhaité que "soient mis sur la table le rapport" et les arguments qui avaient amené le ministre à prendre cette décision. "Si le dossier n'est pas rendu public, il faudra une enquête", a-t-il ajouté.
"Que s'est-il passé pour que le ministre" enfreigne comme il l'a fait le droit du travail, (...) une décision grave" qui avait ensuite été déjugée par un autre tribunal, s'est interrogé Martin Malvy en dénonçant "une remise en cause par le ministre du droit syndical".
Pour l'ancien secrétaire du CE de Molex Denis Parise, "on sait maintenant par quel biais la direction de Molex avait trouvé un
accord avec le gouvernement". "On comprend mieux la décision du ministère concernant le licenciement des représentants du personnel", a-t-il dit.
"Au moins que l'on reconnaisse que Molex a fermé pour une histoire de fric, et pas pour motif économique", a dit Denis Parise. Les salariés ont toujours contesté les justifications économiques de l'équipementier automobile américain pour fermer leur entreprise à Villemur-sur-Tarn. Denis Parise a rappelé que ces derniers avaient fait appel devant le tribunal administratif "pour contester ces licenciements".
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