Un avion transportant 124 Roms expulsés de France est arrivé vendredi à Timisoara
Un premier groupe de treize Roms bulgares reconduits depuis la France est également arrivé vendredi soir à Sofia.
Le ministre de l'Immigration Eric Besson avait annoncé jeudi soir que 139 Roms seraient expulsés de France sur un vol à destination de Timisoara vendredi après-midi.
Trois autobus transportant des dizaines d'hommes, femmes et enfants, bien encadrés par la police étaient arrivés vendredi matin au terminal 3 de Roissy.
Les Roms n'ont pu faire aucune déclaration à l'exception de quelques mots en roumain lancés par un homme à un journaliste de la télévision France 24 et disant "ne pas avoir de boulot" en Roumanie. La plupart avaient le visage fermé.
Les premières expulsions ont eu lieu jeudi
Jeudi, le ministre de l'Immigration a annoncé que 86 Roms avaient quitté la France, dont 61 au départ de Lyon, et 25 au départ de Roissy. En tout en août, "à peu près" 850 Roms auront été reconduits dans leur pays d'origine, a affirmé Eric Besson.
A Lyon, "79 Roms étaient candidats au départ volontaire, mais seuls 61 se sont présentés jeudi matin à l'aéroport de Saint-Exupéry", a déclaré le secrétaire général de la préfecture de l'Isère. 16 d'entre eux, dont cinq enfants, faisaient partie de la centaine de Roms évacués jeudi matin d'un campement à Saint-Martin d'Hères (Isère) près de Grenoble, par 150 CRS et gendarmes mobiles.
Des retours "sur une base volontaire" indemnisés
Les Roms concernés par la mesure d'expulsion "sur une base volontaire" ont accepté l'aide au retour humanitaire de 300 euros et de 100 euros par enfant mineur et devaient prendre place à bord d'un vol qui n'a "rien d'exceptionnel", a assuré mardi le ministre de l'Immigration Eric Besson.
"Il n'y a pas de vols spéciaux vers la Roumanie. Nous sommes dans le cadre de procédures classiques de reconduite de ressortissants étrangers en situation irrégulière dans leur pays d'origine", a ajouté le ministre, en soulignant qu'il s'agissait du 25e vol de ce type organisé par le ministère de l'Immigration et l'Ofii (Office français de l'Immigration et de l'Intégration) depuis le début de l'année en direction de la Roumaine et de la Bulgarie.
Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux a jugé pour sa part "hallucinant" lors d'un déplacement en Seine-et-Marne qu'on puisse lui reprocher d'appliquer des décisions de l'autorité judiciaire.
"Quand un ressortissant européen trouble l'ordre public, il peut être raccompagné dans son pays, y compris s'il est en France depuis moins de trois mois. Quand un ressortissant européen n'a aucun moyen de subsistance en France, il n'a pas le droit d'y séjourner plus de trois mois", a-t-il dit. Brice Hortefeux avait indiqué mardi à Toulon qu'"en tout, ce sont quelque 700 Roms qui seront raccompagnés dans leurs pays d'ici la fin du mois" en avion, un chiffre revu à la hausse, depuis, par son collègue Eric Besson qui a donc évoqué jeudi 850 expulsions.
Les Roms, première minorité ethnique de l'Union européenne par le nombre, sont pour la plupart originaires de Bulgarie et de Roumaniemembres de l'Union européenne. Il y en aurait 750.000 en Roumanie et 1,8 million en Roumanien, selon le Conseil de l'Europe.
Quelle réinsertion ?
A leur arrivée, jeudi dans l'après-midi à Bucarest, plusieurs personnes expulsées de France, des familles avec enfants, ont dit leur volonté d'y retourner dès que possible. "Je veux retourner là-bas, la vie y est plus facile. Ici, je n'ai aucune opportunité, aucun travail, rien", a dit Ovidiu, 23 ans, à Reuters.
De son côté, le ministère roumain de l'Intérieur avait annoncé un total de 93 Roms rapatriés jeudi, 14 de Paris et 79 de Lyon. "A leur arrivée dans la localité où ils résident, ces citoyens rapatriés volontairement seront contactés par les autorités responsables dans le domaine de la réinsertion sociale" (mairie, agence pour l'emploi etc...), a ajouté le gouvernement roumain. Les ONG demandent à Bucarest de faire davantage pour aider les Roms à se réinsérer à leur retour d'Europe de l'ouest.
Bruxelles et Bucarest critiquent les expulsions
Paris est épinglé par la Commission de l'Union européenne et par pour sa politique envers les Roms, qui sont des citoyens romains ou bulgares, censés bénéficier de la liberté de circulation au sein de l'UE. "La France doit respecter les règles concernant la protection des citoyens européens", a prévenu mercredi le porte-parole de Viviane Reding, commissaire européenne à la Justice, aux Droits fondamentaux et à la Citoyenneté.
Du côté de Bucarest, le ministre roumain chargé du dossier des Roms, Valentin Mocanu, estime que la politique de Paris à l'égard des Roms donne "une mauvaise image de la France" et elle est "contraire à la tradition française de respect des droits de l'homme". Dans une interview au Parisien/Aujourd'hui en France, il ajoute: "J'ai le sentiment que l'on stigmatise un groupe dans son ensemble (...) Je n'ose pas imaginer que votre gouvernement souhaite volontairement donner cette image. Je suis aussi étonné que beaucoup de vos collectivités locales souscrivent à des actions contre les Roms."
Les démantèlements de camps se poursuivent
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a affirmé mercredi que 51 camps illicites de Roms avaient été démantelés cet été jusque-là et que d'autres démantèlements auraient lieu ces jours-ci.
Réactions politiques
- La fédération PS des Yvelines a dénoncé vendredi "la politique du bulldozer". "Nous sommes conscient que les conditions de vie des Roms dans ces camps sont loin d'être acceptables mais ce n'est pas en les poussant à la rue que ces conditions s'arrangeront."
- Le député PS Arnaud Montebourg a accusé Nicolas Sarkozy d'ouvrir la voie à un "racisme officiel" en France en stigmatisant les Roms. Démanteler les camps et expulser les Roms vers la Roumanie et la Bulgarie, est une "attitude est dangereuse, irresponsable, condamnable et qui en plus ne règle rien", a-t-il déclaré vendredi matin sur RTL. "Notre rôle d'homme politique est de rappeler que dans les années 30 on désignait les Juifs comme la cause de tous nos malheurs", a-t-il lancé.
- Le PCF, qui propose un "plan de sédentarisation à l'échelle européenne" pour les Roms, demande la "suspension de toute menace d'expulsion et le règlement dans les plus brefs délais des problèmes rencontrés par cette population fragilisée".
Italie: le principal allié de Berlusconi salue la politique de Sarkozy
Le parti anti-immigrés de la Ligue du Nord, principal allié de Silvio Berlusconi, a estimé jeudi que la politique adoptée par Nicolas Sarkozy vis-à-vis des Roms était la "ligne juste à suivre" et devrait servir d'exemple à l'Italie. "J'espère que l'Italie suivra elle aussi cette façon d'agir. Nous devons intervenir au plus vite, dans la mesure où le risque est que les Roms expulsés de France ne se dirigent aussitôt vers l'Italie", a expliqué le député de la Ligue du Nord Claudio d'Amico.
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