Suicide à Thalès: un nouveau directeur nommé
Le groupe a désigné Pierre Idrac pour renforcer la direction de l'usine de Chateaubourg après le suicide d'une salariéeLe groupe a désigné Pierre Idrac pour renforcer la direction de l'usine de Chateaubourg après le suicide d'une salariée
Cette nomination intervient le jour même où des centaines de salariés se sont réunis devant le site de Chateaubourg pour dénoncer les pressions au travail.
Le nouveau cadre devra "conduire le projet de modernisation dans un dialogue et une écoute satisfaisante" a indiqué Pierre-Eric Pommellet, le patron de la branche aéronautique de Thales.
"La feuille de route" de la nouvelle direction "doit permettre de réanalyser un certain nombre de points dans l'organisation du travail", a précisé M. Pommellet. Le directeur précédent "a souhaité prendre du recul par rapport aux événements", a-t-il précisé.
Selon des sources syndicales, outre la mise en place d'une nouvelle équipe de direction, M. Pommellet a également annoncé que le projet de déménagement de l'usine prévu à la fin de l'année allait être remis au début 2010. Thales s'est également engagé à donner plus de "ressources" aux managers, pour qu'ils soient plus "à l'écoute" et "humains" dans la manière de gérer l'entreprise, ont indiqué ces sources.
"C'est l'orientation que nous souhaitions", mais il faudra "rester vigilant pour vérifier qu'il y aura bien des transformations en profondeur", a estimé Guy Henry, un responsable CFDT chez Thales. "Le problème reste l'organisation du travail. La volonté de regarder les résultats et les performances individuelles, c'est l'un des facteurs du mal-être et de la souffrance au travail", a ajouté le syndicaliste.
Des salariés très émus
Après avoir observé une minute de silence, plusieurs salariés dont certains étaient revenus spécialement de vacances pour ce rassemblement, ont pris la parole.
Michelle Morellec, 45 ans, salariée de l'entreprise située près de Rennes, s'est donné la mort vendredi à son domicile. Après ce drame, le groupe d'électronique et de défense Thalès a mis en place une cellule d'écoute.
Bernard Simon (CFDT) a confié lundi matin à l'AFP que le personnel du site était abattu. "D'autres salariés sont fragilisés, il faudra faire un gros travail pour que les gens discutent entre eux et fassent remonter leur problème." Il a fustigé une direction "autiste" qui avait été alertée à plusieurs reprises. "Les managers ont fait remonter les problèmes en vain." De son côté, Didier Pihouet, délégué CFTC, a dénoncé "une course au chiffre d'afaires qui stresse tout le monde" et "un défaut d'organisation". "On a tiré la sonnette d'alarme, on se sent écouté mais rien ne se passe."
Les salariés rassemblés attendaient la fin de la réunion entre cinq membres de la direction de Thalès et les syndicats qui se tenait lundi matin. Dimanche après-midi, deux directeurs des ressources humaines se sont déjà rendus sur le site pour s'entretenir avec les syndicats.
Pour la CFTC, "on lui a mis la pression"
La CFTC, qui a annoncé l'information samedi, a établi un lien direct entre le suicide de cette salariée et les conditions de travail dans l'entreprise". "Elle était responsable d'une ligne de production et elle a été mise sur la touche", a expliqué sur France 3 le délégué CFDT Bernard Simon. "Le suicide est dû aux conditions de travail. On lui a mis la pression. Il y a six mois, on lui a abaissé sa qualification. Elle avait d'importants problèmes professionnels", explique de son côté Antoine Marcantoni délégué syndical central CFTC, syndicat majoritaire à Châteaubourg.
Stéphane Loquet, secrétaire du comité d'entreprise de Thalès Châteaubourg, a confirmé que la salariée avait été affectée depuis un an environ à des missions ponctuelles, "pas très valorisantes", après avoir occupé un poste de manager, responsable d'une ligne de production. "Elle était en train de faire un bilan de compétence et était très inquiète pour son avenir en 2010", a poursuivi Stéphane Loquet, soulignant que la situation de la salariée avait fait l'objet il y a plusieurs mois d'un courrier à la direction générale.
Un comité d'hygiène, de sécurité, et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire "avait été convoqué le 8 octobre par rapport aux conditions de travail. On devait avoir des réponses sous quinze jours", a ajouté Stéphane Loquet.
Le groupe français Thales a publié dimanche un communiqué dans lequel il indique notamment: "Nous partageons la douleur de ses proches à qui nous nous efforçons d'apporter tout notre soutien. Une cellule d'écoute et de soutien psychologique a été mise en place immédiatement sur le site."
L'entreprise Thalès MicroElectronics de Châteaubourg compte quelque 530 salariés. Les personnels ont entamé un mouvement de grève vendredi après-midi après avoir appris le suicide de leur collègue. Le mouvement de grève "dans le calme et la dignité" devait être reconduit lundi matin à l'occasion de la venue sur le site de responsables de la direction du groupe, a-t-on appris samedi de source syndicale.
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