Selon lui, les Français "ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux" du fait d'une "immigration incontrôlée"
A trois jours du premier tour des élections cantonales, le ministre de l'Intérieur a déclenché un tollé en déclarant jeudi : "les Français à force d'immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux", ou "de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale".
"Nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie, ils ne veulent pas qu'on (le) leur impose", a-t-il insisté.
Le fondateur du FN Jean-Marie Le Pen a aussitôt évoqué la tentation de la récupération politique en raillant: "c'est gros comme un câble !".
Pour sa fille Marine Le Pen, Claude Guéant a été "touché par la grâce".
Au PS, la première secrétaire Martine Aubry a jugé que tenir les propos de M. Guéant "à trois jours du premier tour" des cantonales et "nous faire pleurer des larmes de crocodile en disant que le FN augmente, c'est vraiment se moquer des valeurs de la République".
Et la maire de Lille, en campagne à Clichy-sous-Bois, d'ajouter : "nous sommes fiers d'être français! Ici, on est en Seine-Saint-Denis. La France que nous aimons, c'est celle-là!".
"C'est quand l'Etat n'est plus dirigé par des républicains que les Français ne se sentent plus chez eux", a lancé le numéro deux du PS, Harlem Désir.
Au PCF, la petite phrase du ministre devenu "un rabatteur de voix" pour le FN a été jugée "terrifiante".
"Cynisme venimeux", s'est exclamée la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot.
"Insupportable!", s'est indigné Jean-Pierre Grand, député membre de l'UMP et proche de Dominique de Villepin. "Insupportable et surtout suicidaire", a-t-il enchaîné. Pour lui, les propos de M. Guéant valent "appel à voter FN, parce que les électeurs préfèrent l'original à la copie".
A l'UMP, les attaques de l'opposition ont déclenché une riposte immédiate. "Claude Guéant a tenu un langage de vérité, et relayé ce que les Français nous expriment dans nos villes, nos villages", a dit le député Eric Ciotti.
Sa collègue Valérie Rosso-Debord a déclaré ne pas être "dupe de cette connivence entre la gauche et le FN". "Finalement, les silences du PS font les affaires du FN et les outrances du FN font les affaires du PS".
Interrogé sur le plateau du 20h de France 2, François Fillon a lui affirmé ne pas s'attacher "aux tournures de phrases", et a évoqué la question de l'immigration clandestine.
Celle-ci "empêche l'intégration" et "exaspère nos concitoyens", a-t-il dit, qualifiant de "ferme" la politique du gouvernement en la matière.
Enfin, sous couvert de l'anonymat, un ténor centriste a pour sa part reconnu que M. Guéant n'avait "fait que reprendre la rhétorique habituelle de la droite traditionnelle et conservatrice qui fait une partie de l'électorat UMP".
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