Sarkozy à Gandrange, sans prévenir
Nicolas Sarkozy est retourné ce jeudi à Gandrange, sans avoir prévenu de sa visiteNicolas Sarkozy est retourné ce jeudi à Gandrange, sans avoir prévenu de sa visite
Le chef de l'Etat a annoncé la signature d'un contrat de 300 millions d'euros entre Réseau Ferré de France (RFF) et le sidérurgiste anglo-néerlandais Corus pour la construction de rails, lors de cette visite éclair.
Le retour en Lorraine du président de la République intervenait une semaine après son déplacement, le 8 octobre, dans le département de la Moselle, où il avait soigneusement évité de se rendre à Gandrange, suscitant la colère des salariés du site sidérurgique et des élus locaux. Elle intervient aussi en pleine polémique après la candidature de son fils Jean à l'EPAD (l'établissement qui gère La Défense).
Le contrat devrait permettre de "préserver des centaines d'emplois" pendant les six prochaines années, a lancé M. Sarkozy lors d'un point presse, à l'issue d'une réunion annoncée in extremis à la mairie de Gandrange avec représentants syndicaux, direction du sidérurgiste ArcelorMittal, et élus locaux. Les syndicats et le président socialiste de la Région Lorraine Jean-Pierre Masseret ont toutefois jugé que ces annonces ne faisaient que confirmer des engagements préalables et n'allaient pas assez loin.
M. Sarkozy a également annoncé la venue "d'un régiment de plus" à Metz, ville qui paye le plus lourd tribut aux restructurations militaires: "j'en ai parlé à nos amis allemands". Il a enfin annoncé cinq millions d'euros pour un centre d'apprentissage qui devrait être installé à Gandrange, où l'on formerait 120 apprentis aux métiers de la métallurgie. Le président doit rencontrer "dans les prochains jours" Lakshmi Mittal, président d'ArcelorMittal, où près de 600 emplois sur 1.100 ont été supprimés ces derniers mois. "Nous avons besoin de son engagement et de ses investissements en France", a-t-il dit.
Il a expliqué avoir décidé de revenir à Gandrange et Metz après avoir mesuré "lors de (sa) dernière visite il y a quelques jours, l'ampleur de la déception". "C'était une erreur et j'ai décidé d'y retourner". Selon les participants, le président a confirmé des investissements de 20,5 millions d'euros et la création d'une centaine d'emplois en Moselle, notamment à Yutz. Sur cette somme, 16 millions seront consacrés à la fabrication de portes coupe-feu (66 emplois créés) et à la création d'ici 2010 d'un atelier de coupe et cintrage (33 emplois). Le solde sera investi sur le train à billettes de Gandrange, ont fait savoir les élus socialistes par texto, à des journalistes qui n'étaient pas invités à la réunion.
"Une surprise de mauvais goût"
Selon M. Masseret, les annonces "confirment des engagement déjà annoncés dans le cadre d'un plan de revitalisation signé l'an dernier par Luc Chatel. C'est la ventilation des crédits qui est différente". Jacky Mascelli, responsable CGT à Arcelor-Gandrange, a aussi estimé que "tous ces engagements (étaient) contenus dans le plan de revitalisation". Edouard Martin, délégué CFDT, a parlé sur i-télé de "surprise de mauvais goût", décrétant qu'il n'y a "rien de nouveau", "hormis l'annonce du contrat de RFF avec Corus qui est effectivement une bonne nouvelle".
575 des 1108 emplois du site de Gandrange supprimés
Au total, 575 des 1.108 emplois du site de Gandrange ont été supprimés. Les syndicats et les élus locaux accusent depuis Nicolas Sarkozy d'avoir trahi ses promesses. Le chef de l'Etat et ses ministres ont répondu à ces critiques en affirmant avoir "scrupuleusement respecté" trois engagements: "30 millions d'euros" injectés dans l'usine, la création d'une école de formation et l'engagement de M. Mittal de donner "10 millions d'euros de sa poche" pour revitaliser l'usine. L'Etat a signé le 5 février avec ArcelorMittal deux conventions, dans lesquelles le groupe s'est engagé à hauteur de 3 millions d'euros pour "soutenir la création ou le maintien" de 682 autres emplois, d'investir dans le bassin d'emplois près de 30 millions d'euros, de créer 119 emplois à Gandrange même et d'y installer un centre de formation.
ArcelorMittal a pour sa part affirmé qu'une solution avait été trouvée pour 80% des salariés, par "des offres valables d'emplois fermes, un accompagnement de projets externes ou des mesures d'âge". Mais selon la CGT, seuls 46 salariés ont obtenu une mutation effective.
Les critiques des salariés, syndicats et élus contre les "promesses non tenues" du chef de l'Etat ont redoublé la semaine dernière lors de sa visite dans le département de la Moselle pour y faire le point sur les restructurations dans le secteur de la Défense.
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