Sélection à l'université : ce n'est pas ce qui va permettre d'"enrayer le taux d'échec de 60% en première année"
Lilâ Le Bas, présidente du syndicat étudiant UNEF, a répondu au Premier ministre, dimanche après ses propos sur la rentrée universitaire : "On est opposé à toute forme de sélection à l'entrée de l'université" a-t-elle soutenu.
Le Premier ministre a évoqué, dimanche 3 septembre, sur France Inter, la nécessité pour les futurs étudiants d'avoir "des pré-requis" pour entrer à l'université, sans parler ouvertement de sélection. "On est opposé à toute forme de sélection à l'entrée de l'université", a vivement réagi sur franceinfo Lilâ Le Bas, présidente du syndicat étudiant UNEF. Pour elle, "ce n'est pas en sélectionnant les étudiants en amont qu'on va enrayer le taux d'échec de 60 % en première année."
franceinfo : la forme de sélection appliquée à l'entrée de l'université évoquée par le Premier ministre est-elle dans l'intérêt des étudiants ?
Lilâ Le Bas : À l'Unef, nous sommes opposés à toute forme de sélection à l'entrée de l'université. Nous ne pensons pas qu'il faut trier les jeunes après le baccalauréat pour savoir si oui ou non ils peuvent aller dans telle ou telle filière. La question qu'il faut se poser, c'est comment l'université s'adapte aux étudiants d'aujourd'hui. On a trop souvent demandé l'inverse. Quand on dit qu'on va enrayer le taux d'échec qui est de 60 % en première année, c'est un objectif qui est partagé. Par contre, ce n'est pas en sélectionnant les étudiants en amont qu'on va enrayer ce taux d'échec. Quand il y a 60 % des gens qui échouent, c'est autant de bacs généraux que de bacs pro ou techno. Il faut réfléchir à l'articulation de la licence, comment elle permet aux jeunes de réussir d'avoir un cadre pédagogique adéquat, d'avoir de bonnes conditions d'études. Nous ce qu'on propose, c'est de mettre en place des licences plus pluridisciplinaires qui permettent aux jeunes de se spécialiser progressivement tout au long de l'université.
Le Premier ministre a évoqué le coût de la rentrée, il souhaite des conditions de vie meilleures pour les étudiants, dont un quart vit sous le seuil de pauvreté. Il a parlé d'un meilleur accès à la santé et des aides au logement. Que pensez-vous de ces déclarations ?
Il y a une ambition qui est intéressante, c'est celle d'améliorer concrètement les conditions de vie des étudiants. Mais quand on voit les moyens qui sont mis en avant dans le cadre des discussions avec le gouvernement, on est un peu déçus, parce que la question de la vie étudiante, c'est un groupe de travail parmi les 11 qu'on aura avec le ministère sur la réforme du premier cycle à l'université. On pense qu'il faut une réforme d'ampleur, pas seulement réduire le coût de la rentrée pour l'année qui vient, mais réformer le système d'aide sociale en profondeur, permettre aux jeunes d'avoir accès à un logement autonome, à des transports en commun, de vivre dans de bonnes conditions et d'éviter de se salarier à côté des études, alors que c'est la première cause d'échec à l'université. On appelle le gouvernement à être ambitieux sur le sujet, car c'est une urgence.
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