Grève dans l'Éducation nationale : "On ne se sent ni respectés, ni écoutés"
Céline Pereira Dos Santos, du syndicat Snes, pressent que le mouvement national sera bien suivi lundi, car "le climat est tellement dégradé que toute le monde veut dire stop, cela suffit".
Ce sont "les élèves les plus fragiles qui sont pénalisés" par les suppressions de postes prévues par le gouvernement, a affirmé sur franceinfo lundi 12 novembre Céline Pereira Dos Santos, professeure de mathématiques au collège Les Molières aux Essarts-le-Roi (Yvelines) et trésorière du Snes 78. Le personnel de l'éducation nationale se mobilise lundi contre la baisse des effectifs, à l'appel de tous les syndicats, une première depuis 2011. "On ne se sent ni respectés, ni écoutés" par le ministre, a déclaré l'enseignante.
franceinfo : Pour quelles raisons êtes-vous en grève aujourd'hui ?
Céline Pereira Dos Santos : Je constate au quotidien une dégradation sévère des conditions de travail. Les effectifs par classe augmentent, les groupes sont de plus en plus hétérogènes et les moyens attribués aux établissements sont tout à fait insuffisants. Dans mon collège, on nous a annoncé 180 élèves pour le niveau 3e à la rentrée 2018, en fait ce sont 193 élèves qui se sont inscrits. On a dû ouvrir une classe supplémentaire. Aucun moyen ne nous a été attribué pour cette ouverture. (...) Si vous associez ces effectifs importants et le manque de moyens, vous comprenez que ce sont les élèves les plus fragiles qui sont pénalisés.
Le ministre de l'Éducation dit que la suppression de postes sera indolore puisqu'il vous demande de faire des heures supplémentaires. Êtes-vous prête à travailler plus ?
Ce qu'on veut, ce n'est pas travailler plus, mais c'est travailler mieux, dans l'intérêt de nos élèves. On refuse la logique budgétaire de ce gouvernement. Jean-Michel Blanquer, dans un effectif déjà tendu en termes effectifs et de moyens, annonce la suppression de 2 650 postes dans les collèges et lycées à la rentrée 2019. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'à cette même rentrée, 38 000 élèves supplémentaires sont attendus dans les collèges. C'est une véritable provocation.
Avez-vous l'impression que Jean-Michel Blanquer entend vos revendications ?
On ne se sent ni respectés, ni écoutés alors que notre ministre nous parle sans cesse dans sa communication de l'école de la confiance. Quand on publie de nouveaux programmes pendant l'été qui sont applicables à la rentrée suivante, quand on met devant des élèves des personnels contractuels sans les former, sans les accompagner, quand les rémunérations restent tout à fait insuffisantes, je ne pense pas qu'on puisse parler de respect et de confiance.
Le mouvement sera-t-il bien suivi ?
Dans mon établissement, des collègues, qui d'habitude ne font pas grève, seront en grève aujourd'hui et viendront manifester avec nous à Paris. On a l'impression que le climat est tellement dégradé que tout le monde veut dire stop, cela suffit.
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