Annonces d'Emmanuel Macron pour les enseignants : "Ce n'est pas comme ça qu'on revalorisera nos professions", réagit le SNES-FSU
Pour le SNES-FSU, Emmanuel Macron aurait dû reconnaître "la gravité de la crise de recrutement" et s'engager "sur les rémunérations avec des augmentations sans contreparties".
"Ce n'est pas comme ça qu'on revalorisera nos professions" réagit jeudi 25 août sur franceinfo Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU et professeure de sciences économiques et sociales, aux différentes annonces d'Emmanuel Macron sur l'enseignement. A propos des différentes augmentations de salaires proposées par le président de la République, elle juge que "quand c'est flou, cela signifie parfois qu'il y a un loup".
franceinfo : Comment jugez-vous l'idée de ce fond d'innovation doté de 500 millions d'euros ?
Sophie Vénétitay : Il faut voir la logique qu'il y a derrière. Il y a le risque que, sous couvert d'innovation, on demande aux professeurs de se lancer dans une course aux projets pour tenter de gagner cette somme et que cela aggrave la concurrence voire les inégalités entre les établissements, voire que certains soient laissés sur le côté. Cela requiert aussi beaucoup d'énergie et de temps, on demande donc toujours plus à une profession déjà épuisée, le président l'a dit lui-même. Ce n'est pas comme ça qu'on revalorisera nos professions et, encore une fois, cela montre que le président est très déconnecté des réalités.
Quelle est votre position sur l'augmentation de 10% promise par le Président ?
Emmanuel Macron a repris une de ses promesses de campagne, c'est un bon début, mais il faut des précisions pour s'assurer que cela va vraiment dans le bon sens.
"L'augmentation de 10% du salaire, par exemple, porte-t-elle sur l'ensemble du quinquennat ou est-elle calculée par année ? Si c'est sur 5 ans, cela fait très juste par rapport à l'inflation actuelle."
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSUà franceinfo
Quand c'est flou, cela signifie parfois qu'il y a un loup. Mais il faudra aller plus loin pour compenser la perte de pouvoir d'achat de 15% à 25% sur les vingt dernières années évaluée par Sénat. La marche proposée par Emmanuel Macron à 20% d'augmentation se fait sur la base de travail supplémentaire, c'est donc du "travailler plus pour gagner plus". Ça ne s'appelle pas une revalorisation, c'est payer les gens pour ce qu'ils font. Ça n'a rien de très disruptif.
Qu'attendiez-vous de cette prise de parole ?
J'aurais voulu qu'Emmanuel Macron reconnaisse la gravité de la crise de recrutement, qu'il s'engage de manière beaucoup plus forte sur les rémunérations avec des augmentations sans contreparties, et qu'il reconnaisse qu'il y a des conditions de travail liées à des moyens : on opère aujourd'hui dans des classes à 30, 35 élèves. Entendre une petite phrase comme "ce n'est pas une question de moyens" qu'il a prononcée, c'est assez douloureux. Il faut que le président se reconnecte avec la réalité du terrain pour prendre la mesure de la crise qui frappe l'Education Nationale.
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