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Quelque 70 Roms qui occupaient depuis deux jours un bâtiment de Montreuil ont été évacués samedi matin

Les Roms, parmi lesquels une vingtaine d'enfants, avaient investi il y a 48h cette maison cossue inoccupée depuis des années.16 personnes ont été interpellées lors de l'expulsion puis relâchées dans l'après-midi avec obligation pour la plupart de quitter le territoire. Un député UMP villepiniste a dénoncé cette politique d'expulsions "ignoble".
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Deux enfants et une adulte d'une communauté rom de Lyon menacée d'expulsion, le 30 juillet 2010. (AFP - Jeff Pachoud)

Les Roms, parmi lesquels une vingtaine d'enfants, avaient investi il y a 48h cette maison cossue inoccupée depuis des années.

16 personnes ont été interpellées lors de l'expulsion puis relâchées dans l'après-midi avec obligation pour la plupart de quitter le territoire. Un député UMP villepiniste a dénoncé cette politique d'expulsions "ignoble".

Avant que les 16 personnes ne soient relâchées, plusieurs enfants sont venus manifester avec leurs mères près du commissariat de Montreuil aux cris de "Libérez nos papas!"

La détresse des familles expulsées
"Ils sont arrivés à 6h00, défonçant la porte et criant. Ils nous ont ordonné de sortir, sans nous laisser le temps de manger quelque chose ou de nous laver", raconte une des femmes, Gabi, les larmes aux yeux, au milieu d'une quarantaine de manifestants.

Selon leurs témoignages, environ 70 personnes se trouvaient depuis deux jours dans le bâtiment évacué. Ces Roms "avaient déjà été expulsés fin juillet d'une autre maison et sont restés deux semaines sur un terrain de football", proteste Danielle, qui se présente comme "une citoyenne militante".

"Ils nous ont séparés, mettant les hommes d'un côté, les femmes et les enfants de l'autre, nous menaçant de nous enlever nos enfants dès que nous tentions de protester, et ils ont embarqué tous les hommes", poursuit Gaby.

"Nous ne sommes pas des voleurs", ajoute-t-elle, en disant sa peur d'être envoyée en Roumanie. "Nous n'avons rien à y faire, nous n'avons rien là-bas, pas de maison, même plus de famille", dit-elle, affirmant que ses enfants sont scolarisés à Montreuil.

La mairie dénonce le comportement de la préfecture
Un peu plus tôt, Fabienne Vansteenkiste, adjointe (Verte) à la mairie, a dénoncé "cette nouvelle expulsion (qui), une fois de plus, se fait sans offrir de solution et laisse la municipalité devant les problèmes qui en résultent".

"Le comportement du préfet est irresponsable et oblige la mairie à se substituer aux services de l'Etat", a-t-elle ajouté, précisant que la mairie allait reloger provisoirement les expulsés dans un gymnase."Mais ensuite, que deviendront-ils ?", s'interroge Danielle, la militante.

Un député UMP stigmatise une politique "ignoble"
Le député UMP villepiniste de l'Hérault Jean-Pierre Grand a dénoncé samedi cette nouvelle expulsion de Roms, estimant que "cette politique de démembrement des camps illégaux tournait à l'ignoble".

"Peut-on être un député de la République et laisser faire cela sans réagir quand on découvre que les forces de l'ordre, intervenant très tôt le matin, trient les familles, les hommes d'un côté, les femmes et enfants de l'autre, avec menace de séparer les mères et les enfants?", s'est insurgé l'élu.

Selon Jean-Pierre Grand, qui a appelé à la démission du préfet, "tous les Républicains ne pourront que condamner ces méthodes qui rappellent les rafles pendant la guerre". De plus, "cela ne règle pas le problème car ces familles, après quelques jours d'errance, se regroupent à nouveau", a ajouté le député de l'Hérault. Il avait déjà adressé début août un courrier à Nicolas Sarkozy, l'appelant "à revoir sa politique" en matière d'accueil des gens du voyage afin de répondre aux besoins des familles se déplaçant groupées.

"La stigmatisation de telle ou telle communauté exacerbe la violence. Et je crains que l'on soit en train de monter les gens les uns contre les autres", a estimé l'ancienne ministre du Logement (qui dirige le Parti chrétien-démocrate, affilié à l'UMP), Christine Boutin, dans une interview au Parisien.

Cette politique d'expulsions "accentue l'errance et la précarité" des gens concernés, a déploré samedi Michèle Mézard, du collectif RomEurope. Certains, dans la région de Saint-Etienne, "se cachent désormais dans les bois", a-t-elle ajouté.

"On expulse les gens, et après c'est : 'Débrouillez-vous !'", confirmait le docteur Bernard Moriau, de Médecins du Monde.

De son côté, le Parti de gauche s'est insurgé ontre les "expulsions brutales de familles Roms de leurs lieux de vie", parlant de "pratiques barbares" et de "politique discriminatoire".

Le député (ex-PCF) de Seine-Saint-Denis Patrick Braouezec
s'inquiète d'un "durcissement", d'une "escalade de propos et d'actes qui relèvent presque de la guerre civile". "On est au seuil de quelque chose qui remet en cause des valeurs républicaines", a ajouté le parlementaire.

40 camps illégaux de Roms démantelés en 15 jours
Le ministre de l'Intérieur que plus de 40 camps illégaux de Roms avaient été démantelés en 15 jours, soit "700 personnes" qui "devraient être reconduites dans leur pays d'origine", Roumanie ou Bulgarie.

Il doit recevoir "la semaine prochaine" à Paris deux membres du gouvernement roumain, le secrétaire d'Etat chargé de la Réinsertion et celui chargé de l'Ordre et la Sécurité publique.

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