Programmes des candidats : une dizaine de milliards d'euros non financés pour chacun
L'Institut de l'entreprise a fait ses propres estimations. Selon le think tank, Sarkozy aurait besoin de 11,4 milliards d'euros supplémentaires pour être à l'équilibre, contre 12,1 pour Hollande.
L'Institut de l'entreprise s'est lancé dans le chiffrage des programmes des deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle. Une analyse publiée jeudi 26 avril. Ses conclusions ? Nicolas Sarkozy comme François Hollande devront tous deux dégager au moins une dizaine de milliards d'euros supplémentaires pour financer les mesures qu'ils proposent s'ils sont élus.
Le think tank libéral, dont les chiffrages sont souvent cités en référence, a évalué le coût des différentes propositions des candidats, puis les recettes supplémentaires et les réductions de dépenses prévues. Alors que les deux postulants prétendent arriver à l'équilibre, l'Institut de l'entreprise, qui réunit des chefs d'entreprises françaises et étrangères, conclut à d'importants besoins de financement supplémentaires.
• 11,4 milliards non financés pour Sarkozy, 12,1 milliards pour Hollande
Le déficit s'élève à 11,4 milliards d'euros dans le programme du candidat de l'UMP (fichier PDF) et à 12,1 milliards dans celui de son concurrent du PS (fichier PDF). Les analystes de l'Institut précisent cependant que le périmètre évalué diffère "sensiblement" d'un programme à l'autre et prévient, en conséquence, qu'il ne serait "pas pertinent de procéder à une comparaison terme à terme".
En particulier, le directeur des études de l'Institut, Eudoxe Denis, relève que "Nicolas Sarkozy a entièrement chiffré son programme alors que François Hollande n'a détaillé qu'une partie de l'effort de redressement budgétaire qu'il entend soutenir". En revanche, selon lui, certaines économies avancées par le président sortant "paraissent très ambitieuses ou surestimées".
• PS : des mesures qui coûtent cher et des incertitudes
10,3 milliards d'euros d'écart sont liés à des mesures supplémentaires et "non comprises dans les 20 milliards de dépenses nouvelles chiffrées par le PS". L'étude pointe quatre projets qui expliquent ce trou : "la rénovation énergétique de 600 000 logements anciens par an, le service public de la petite enfance, la suppression de la taxe sur les mutuelles et la couverture de 100 % du territoire par l’Internet très haut débit".
Flou sur les recettes supplémentaires. L'Institut souligne que certaines d'entre elles sont sujettes à caution et restent "fragiles". "Sur les 44,5 milliards d'euros d’impôts nouveaux, une fraction considérable pèsera en effet sur les entreprises, sans que le chiffrage du Parti socialiste n’intègre en retour d’impact de cette hausse des prélèvements obligatoires sur le comportement de ces dernières."
Projections de croissance trop confiantes. Les auteurs de l'étude relèvent que "les hypothèses de François Hollande sont au-dessus des dernières projections du FMI". Alors que le candidat socialiste table sur 1,7% de croissance en 2013 et entre 2% et 2,5% en 2017, le FMI prévoit 1% en 2013 à 2% en 2017. Ainsi, "il est donc possible que l'effet mécanique sur lequel compte le candidat socialiste pour réduire la part des dépenses dans le PIB ne se réalise pas totalement", préviennent les auteurs de l'étude.
• UMP : des dépenses sous-estimées et des recettes surestimées
5,3 milliards d'euros de mesures ne sont pas prises en compte dans le chiffrage de l'UMP. En cause : la division par deux des droits de mutation, la hausse du salaire des enseignants. Auxquelles s'ajoutent, la formation des chômeurs, la réforme du permis de conduire... Autant de mesures qui ne sont pas intégrées dans les 4 milliards d'euros de dépenses nouvelles affichées par le programme du candidat.
Des dépenses sous-estimées. Le congé parental fractionné, la création de 24 000 places de prison supplémentaires ou encore l'exonération de charges pour les seniors, représentent 2,4 milliards de dépenses supplémentaires anoncées pendant la campagne et sous-estimées, selon l'Institut.
De l'autre côté, le programme du président candidat est trop confiant sur les prévisions d'économies réalisées sur les dépenses de personnel de l'Etat ou des collectivités locales. L'écart entre l'Institut et l'UMP s'élève à 2,9 milliards d'euros.
Pertes de recettes. Près de 200 millions d'euros de recettes ne pourraient finalement pas être générés à cause d'annonces faites récemment comme l'exonération de charges pour les seniors. Le rendement de 500 millions d'euros avancé par l'UMP avec la taxe sur les exilés fiscaux est quant à lui jugé irréaliste par l'Institut.
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