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Pourquoi le référendum grec embarrasse François Hollande

Le candidat socialiste préfère mettre la lumière sur "un défaut de gouvernance de la zone euro" plutôt que sur le référendum voulu par Georges Papandréou. Explications. 

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Hollande assiste au 81e congrès de l'Assemblée des départements de France, le 20 octobre 2011 à Besançon. (JEFF PACHOUD / AFP PHOTO)

En appelant à un référendum sur l'accord européen d'effacement d'une partie de la dette grecque, le premier ministre socialiste Georges Papandréou met en difficulté ses camarades français. Signe de l'embarras, au PS, François Hollande et Martine Aubry ont attendu pas moins de vingt-quatre heures avant d'envoyer, mardi 1er novembre, un communiqué de presse commun précisant leur position sur le sujet.

Mais le candidat socialiste et la patronne du parti n'y prennent pas pour autant position sur la pertinence du référendum grec. Ils préfèrent mettre l'accent sur les lacunes de la zone euro, critiquant son "défaut de gouvernance". Un embarras qui tient à plusieurs raisons.

• Parce que l'entourage de François Hollande est divisé

Dès l'annonce de Georges Papandréou, lundi 31 octobre, l'Elysée et l'UMP ont fait part de leur consternation. A l'inverse, Manuel Valls et  Arnaud Montebourg, qui soutenaient François Hollande dans l'entre-deux-tours de la primaire socialiste, se sont réjouis de ce référendum, estimant, à l'instar du député de Saône-et-Loire, que l'"on n’a pas le droit d’infliger à des populations entières des souffrances, des appauvrissements (…) décidés par des gouvernements sans leur demander leur avis"

Mardi, le coordinateur de la campagne de François Hollande, Pierre Moscovici, a jugé "assez logique que (…) Georges Papandréou cherche une forme de vaccination populaire", puisque "cela fait tout de même 18 mois qu'on pressure ce pays, ses dirigeants".

Mais son directeur de campagne, l'eurodéputé Stéphane Le Foll, semblait moins catégorique, indiquant simplement que "tout doit être travaillé, discuté, négocié" et qu'"il ne faut pas imposer à tous les autres des décisions prises à deux ou par un seul, l'Allemagne".

• Parce que François Hollande est pro-européen

Si François Hollande refuse d'exprimer une position tranchée sur la question, c'est parce qu'il sait qu'un tel référendum a de grandes chances d'être rejeté par les Grecs. Le pays serait alors en situation de faillite et sortirait de la zone euro, aggravant un peu plus la crise au sein de l'Eurogroupe.

Or François Hollande, partisan du "oui" au référendum de 2005, demeure un pro-européen convaincu. Plutôt qu'un renfort de la souveraineté des Etats, comme le souhaitent Arnaud Montebourg ou Jean-Luc Mélenchon, le candidat socialiste préfère plaider en faveur d'une gouvernance économique commune

François Hollande ne peut donc pas soutenir un référendum qui ne ferait qu'aggraver la crise européenne. 

• Parce qu'il doit rester en opposition à Nicolas Sarkozy

Dans le même temps, le favori des sondages pour l'élection présidentielle doit se démarquer de Nicolas Sarkozy, et ne peut donc pas condamner le référendum grec. D'où sa position de remettre en cause la prétendue force du couple franco-allemand clamée par le chef de l'Etat, et de pointer un "défaut de gouvernance de la zone euro".

Il insiste : "Bien des difficultés actuelles auraient pu être évitées si l’Europe avait fait preuve de solidarité dès le début des attaques spéculatives contre la Grèce. L’Europe a agi trop tard, trop faiblement sur le plan financier, et trop durement sur le plan économique et social." Pour Hollande, la faute ne revient donc pas à Papandréou, mais aux dirigeants européens qui n'ont pas agi suffisamment pour contrer la crise économique.

Conseiller de François Hollande sur les questions internationales, Maurice Braud nie tout embarras sur le sujet grec. "Face à de telles annonces, il faut savoir garder la tête froide", relativise-t-il, tout en reconnaissant qu'une sortie de la Grèce de la zone euro serait "un très mauvais signal économique et politique". "Mais on n'en est pas là", précise-t-il aussitôt.

Et de laisser entendre que François Hollande pourrait développer sa position une fois que Georges Papandréou aura précisé la sienne. Ce devrait être le cas dès mercredi 2 novembre au soir, en ouverture du G20 à Cannes.

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