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Pourquoi l'UMP domine les législatives partielles

Ses candidats sont arrivés en tête du premier tour de trois législatives partielles en France, dimanche. Francetv info explique ce regain de forme pour l'UMP, toujours plongé dans une crise interne.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Patrick Devedjian (UMP), lors du premier tour de l'élection législative partielle dans la 13e circonscription des Hauts-de-Seine, le 9 décembre 2012, à la mairie d'Antony. ( MAXPPP)

POLITIQUE - Trois scrutins et un seul parti vainqueur : les candidats UMP sont arrivés en tête du premier tour de trois législatives partielles organisées dimanche 9 décembre dans l'Hérault, les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne. Le parti est pourtant plongé dans une guerre des chefs depuis le 19 novembre. Dans ce contexte qui ne lui semblait pas favorable, comment l'UMP peut-elle dominer ces élections ? Eléments de réponse.

Ces circonscriptions votent traditionnellement à droite

Pour l'UMP, ces scrutins avaient valeur de test : le duel Copé-Fillon allait-il se répercuter dans les urnes ? L'issue du premier tour donne une réponse négative. "La crise interne du parti ne s'est pas traduite localement", constate Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'institut Ifop, contacté par francetv info. Résultat, quand l'électorat de gauche a boudé les urnes dimanche, les électeurs de l'UMP se sont mobilisés. Et dans des circonscriptions traditionnellement ancrées à droite, cela a payé. 

Patrick Devedjian, député UMP sortant, élu sans interruption dans la 13e circonscription des Hauts-de-Seine depuis 1986, a frôlé la réélection dès le premier tour, avec 49,8% des voix. Député UMP de 2007 à juin 2012, Elie Aboud a obtenu 42,61% des suffrages dimanche. Il avait été battu de 10 voix en juin par la candidate socialiste, dans la 6e circonscription de l'Hérault. Circonscription dont la ville principale, Béziers, est dirigée par un maire de droite depuis 1995, et où Nicolas Sarkozy est largement arrivé en tête aux deux dernières présidentielles. "Le siège acquis miraculeusement par le PS en juin devrait donc revenir dans le giron de la droite dimanche 16 décembre", souligne Emmanuel Rivière, directeur adjoint du pôle politique de TNS Sofres, joint par francetv info.

Le recentrage sur le local a fonctionné

La plus grande surprise est venue de la 1re circonscription du Val-de-Marne : Henri Plagnol, député sortant et maire de Saint-Maur-des-Fossés, membre de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) mais soutenu par l'UMP, a recueilli 26,2% des voix, devant le dissident UMP, Sylvain Berrios (23,39%). Ils ont devancé le candidat PS, éliminé. "Mais le résultat du Val-de-Marne est un trompe-l'œil : les électeurs ont arbitré un conflit entre un maire et un de ses adjoints", souligne Emmanuel Rivière. Malgré tout, le candidat socialiste enregistre un net recul par rapport à juin, à 19,9% des voix contre 27,86% au premier tour six mois plus tôt . "Les candidats UMP ont habilement réussi à dénationaliser leur campagne et cela a fonctionné parce qu'historiquement, ce sont des circonscriptions de droite", commente Frédéric Dabi.

Du national au local : le changement de stratégie opéré par les candidats UMP au cours de leur campagne a donc porté ses fruits. Ainsi, au départ, Elie Aboud voulait recevoir en meeting Jean-François Copé, dont il est proche. Il y a renoncé. "C'est un acte assumé : je n'ai pas voulu de Parisiens à mes côtés", a-t-il expliqué à francetv info lundi 3 décembre, lors d'une réunion publique à Béziers (Hérault). Patrick Devedjian a adopté la même stratégie. Il a retiré le logo UMP de ses tracts et de sa profession de foi, comme l'indiquait Libération vendredi.

"L'électeur de droite attache traditionnellement plus d'importance à la personnalité du candidat que celui de gauche", commente Emmanuel Rivière. "C'est pour cela que les candidats socialistes pâtissent davantage des difficultés du gouvernement que l'UMP de sa crise interne. Les sympathisants et les militants du parti en veulent aux dirigeants, pas aux responsables régionaux. L'ancrage local constitue un bouclier contre la querelle des chefs", poursuit-il.

L'abstention a contenu le Front national

Ce premier tour est aussi marqué par des taux d'abstention records : elle a atteint 70,60% dans le Val-de-Marne, 63,25% dans les Hauts-de-Seine et 58,46% dans l'Hérault. Ce n'est pas étonnant : les législatives partielles ont toujours été l'objet d'une démobilisation de l'électorat.

Les électeurs du FN sont particulièrement concernés, précisent Frédéric Dabi et Emmanuel Rivière. Ce dernier explique qu'"il y a un vote de contestation dans le vote FN qui s'exprime surtout pendant une présidentielle". "Lors d'une partielle, les électeurs en colère se tiennent à l'écart des urnes." Le Front national ne réussit donc pas la percée qu'il prédisait mais il se maintient. Il "ne recule pas", analyse le politologue et éditorialiste Olivier Duhamel sur Le Lab. Le parti "perd des voix mais améliore son score en pourcentage", précise Emmanuel Rivière.

"Cette abstention très forte illustre une crise : les Français ne croient plus dans l'action des politiques", relève Frédéric Dabi. Des Héraultais rencontrés par francetv info lundi 3 et mardi 4 décembre avaient d'ailleurs confié leur écœurement. Surtout, les deux sondeurs mettent en garde contre la tentation de surinterpréter un scrutin local et partiel. Ces trois circonscriptions sont "atypiques", rappellent-ils.

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