Pour conjuguer le travail des femmes avec une natalité élevée, un rapport de l'OCDE préconise un mélange savamment dosé
Dans Assurer le bien-être des familles, publié mercredi, l'Organisation de coopération et de développement économiques estime qu'il faut plus de places en crèches et des congés parentaux courts et bien payés.
"L'idée qu'il faudrait renvoyer les femmes à la maison pour qu'elles aient plus d'enfants, ça ne marche pas", dit M.Thévenon, un des auteurs.
Les politiques familiales et les dépenses publiques en la matière sont "très variables" entre les pays de l'OCDE, qui dépensent en moyenne 2,4% de leur PIB pour aider les familles, via des prestations financières (primes à la naissance, congés parentaux, avantages fiscaux...) et en nature (places en crèches, protection des enfants...).
Mais globalement, "la situation des familles dans les pays nordiques est généralement meilleure qu'en moyenne dans l'OCDE, et les résultats sont également bons à de nombreux égards en Australie, en Belgique, en France en Nouvelle-Zélande et aux Pays-Bas", observe l'Organisation dans son rapport, qui a comparé les politiques familiales des pays membres.
Ainsi, "la France occupe une position favorable sur plusieurs dimensions (...): la fécondité est très supérieure à la moyenne de l'OCDE et l'une des plus proches du niveau de 2,1 enfants par femme permettant le remplacement des générations". De plus, "le taux d'emploi des femmes âgées de 25 à 54 ans est à 76,6% lui aussi supérieur à la moyenne" de l'OCDE (71%) et "près de 80% des femmes travaillent à temps plein", observe le rapport, qui relève aussi un taux assez faible de pauvreté des enfants.
En France, "ces résultats positifs vont de pair avec un important investissement réalisé en direction des familles couvrant toute la période de l'enfance", poursuit l'OCDE. La France dépense plus que la moyenne de l'OCDE pour les familles: 3,8% de son PIB. Pourtant, si l'Allemagne investit presque autant, elle cumule un taux de fécondité et un taux d'activité des femmes très bas. C'est, selon l'OCDE, en grande partie parce qu'elle investit peu dans la petite enfance, contrairement aux pays scandinaves ou à la France, qui investit 54.600 dollars par an et par enfant de moins de 6 ans (37.500 dans l'OCDE).
"Les pays devraient déployer plus d'efforts pour réorienter les dépenses d'éducation vers les premières années de la vie", conseille donc le rapport. Investir dans les modes de garde est "l'investissement le plus efficace", selon Olivier Thévenon, tant pour la natalité que pour l'accès des femmes à l'emploi.
Mais la France pourrait mieux faire
D'abord parce que, comme ailleurs, le fait d'avoir des enfants "reste un frein" au travail des femmes, relève l'organisation. Seulement 38% des Françaises mères de trois enfants et plus travaillent (44% dans l'OCDE). Elle note aussi la baisse importante ces dernières années de la prise en charge à l'école maternelle des petits de deux ans alors que "l'accès précoce à l'école maternelle facilite le retour à l'emploi des mères", note Olivier Thévenon, qui relève aussi un "sous-développement des modes de garde extra-scolaires" pour les plus grands.
De plus, "les pères ne sont pas incités à prendre un congé parental". Or, comme le montrent les exemples de l'Allemagne et de l'Islande, un congé pas trop long et bien rémunéré est incitatif pour les papas, à condition qu'il soit partagé entre les parents, dit l'OCDE, qui ne donne ni montant ni durée souhaitables. Un congé davantage pris par les pères réduirait les inégalités professionnelles entre les sexes dans l'OCDE, est-il souligné: le taux d'emploi des femmes est de 13 points inférieur à celui des hommes et elles gagnent 16% de moins.
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