Protectionnisme : pour Bruxelles, "le raisonnement d'Arnaud Montebourg ne tient pas la route"
Le commissaire européen au Commerce s'en prend au ministre du Redressement productif dans une interview au "Figaro", mardi.
POLITIQUE - Le commissaire européen au Commerce, Karel de Gucht, a critiqué le protectionnisme prôné par le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, dans une interview publiée mardi 23 octobre par Le Figaro. "Monsieur Montebourg s'affiche contre la mondialisation, il est protectionniste, c'est un choix. Mais son raisonnement ne tient pas la route. La France ne peut pas, seule, redistribuer les cartes du commerce mondial", a-t-il estimé.
"Montebourg plaide contre les règles de l'UE", déplore-t-il, précisant : "L'absence de subventions nationales est l'une des clefs du marché unique européen." Selon lui, la France est loin d'être l'Etat le plus à plaindre. "Dans l'UE, c'est elle qui a sans doute le plus de firmes industrielles parmi les 500 premières sociétés mondiales." Contre le protectionnisme, il propose plutôt de s'attaquer aux 35 heures ou aux coûts salariaux. "Je n'ai pas l'impression que M. Montebourg s'intéresse vraiment au long terme."
Contre la surveillance des exportations sud-coréennes
Par ailleurs, Karel de Gucht rejette l'idée de la France de "mettre sous surveillance les importations de voitures coréennes (...) Nous avons mené l'enquête et conclu que cette requête n'est pas fondée", dit-il. "La Commission vient donc de refuser la demande de Paris. Les conditions juridiques ne sont pas remplies. Bien plus, les chiffres montrent que l'accord de libre-échange signé avec Séoul en 2011 est largement favorable à l'UE. Notre déficit commercial bilatéral est tombé au plus bas".
Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, avait déjà exprimé ses craintes sur le "protectionnisme patriotique" de Montebourg ce week-end, comme le rappelle Challenges. Ce dernier lui a suggéré en retour "de rééquilibrer les rapports déséquilibrés existants entre des nations industrielles pour défendre aujourd'hui l'industrie française et européenne". Le ministre ajoutant que "le bilan du libre-échange mondial proposé par l'OMC est un désastre".
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