Plusieurs prisons françaises ont été bloquées lundi par des gardiens qui demandent plus de moyens
La CGT a demandé à Michel Mercier qui succède à Michèle Alliot-Marie comme ministre de la Justice, de recevoir les représentants des salariés et d'ouvrir la discussion.
"C'est un premier coup de semonce pour le ministère de la Justice", a déclaré Céline Verzeletti, secrétaire générale de la CGT-Pénitentiaire.
Une nouvelle journée d'action est prévue le 24 novembre par une "entente syndicale" FO-CGT-CFDT-Snepap/FSU, dont ne fait toutefois pas partie le principal syndicat de surveillants, l'Ufap/Unsa.
Lundi, plusieurs dizaines d'établissements ont été touchés, sur quelques 200 que compte le territoire, à des degrés divers.
Des pneus et des palettes de bois ont été brûlés dans certains endoits. Les accès aux prisons de Fleury-Mérogis (Essonne), Meaux (Seine-et-Marne), Nancy, Vezin (près de Rennes), Saint-Maur (Indre), Moulins-Yzeure (Allier), Muret et Seysses (Toulouse), ont été bloqués, ce qui a perturbé les "extractions" de prisonniers censés comparaître en justice.
Certains ont été délogés par les forces de l'ordre, à l'aide de gaz lacrymogènes mais sans violences.
A Fleury-Mérogis, des surveillants bloquaient de nouveau en début de soirée les accès à la maison d'arrêt, à l'aide de quatre barrages dressés sur la route menant à la prison.
A Fresnes, Caen, Amiens, Laon, Loos, Liancourt, Gradignan, Mauzac, Poitiers-Vivonne, Pau, Guéret, Lannemezan, Albi, Béziers, Carcassonne, Perpignan, Epinal, Colmar, ainsi qu'à la prison des Baumettes à Marseille, des "filtrages" et rassemblements avaient été signalés dans la matinée.
Nous voulons bien remplir notre mission", mais "il faut nous donner les moyens nécessaires", expliquait Nicolas Nisus, secrétaire de la CGT à Meaux.
Nancy devait être "le fleuron des nouvelles prisons", affirmait le délégué régional CGT Eric Schmitt. "Or, ça ne marche pas. Nous avons par étage 60 détenus et un agent".
Un secteur "surpeuplé et sinistré"
Régulièrement critiquées du fait de leur surpopulation (61.142 détenus au 1er octobre pour 56.000 places) et de leur vétusté, les prisons françaises sont pointées du doigt par les observateurs indépendants.
Ils dénoncent le mauvais état et un fonctionnement inadéquat du secteur qui comprend 191 prisons françaises, qu'ils considèrent comme un des facteurs des 115 suicides en prison en 2009, un record en Europe, ainsi que de nombreux incidents et évasions.
Avec 7 milliards d'euros dont 2,812 milliards pour l'administration pénitentiaire, le budget de la Justice est l'un des plus faibles d'Europe.
La CGT estime qu'il manque environ 4.000 agents dans tous les secteurs de l'administration pénitentiaire et elle s'oppose à la concession à de grands groupes privés des prisons neuves, une politique engagée depuis 2007.
Reçus début novembre à la Chancellerie, les syndicats estiment ne pas avoir été entendus et demandent maintenant à être reçus par le nouveau ministre.
La Chancellerie a dit "entendre les inquiétudes des personnels", tout en rappelant que le budget de l'administration pénitentiaire était un des rares "en augmentation constante depuis huit ans".
Un détenu de 49 ans, libérable en 2013, s'est pendu dans sa cellule de la maison d'arrêt de Blois, a-t-on appris lundi de source judiciaire. Le détenu, qui demeurait près d'Orléans, a été découvert par les surveillants lundi peu avant 07h00, selon cette source. Il purgeait deux peines pour recel et vol avec violence. Le dernier suicide à la prison de Blois remontait à janvier 2007. Le parquet de Blois a ouvert une enquête et ordonné une autopsie.
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