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Plus d'un Français sur cinq a traversé une période de "pauvreté ", selon un nouvel indicateur de l'Insee

L'institut national des statistiques ne s'arrête désormais plus à la fiche de paie mais prend en compte d'autres aspects de la vie quotidienne, comme les privations alimentaires ou les difficultés de logement.Le nouvel indicateur de l'Insee concerne "la pauvreté en conditions de vie".
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le siège de l'Insee à Paris (15/03/2010) (AFP / Loic Venance)

L'institut national des statistiques ne s'arrête désormais plus à la fiche de paie mais prend en compte d'autres aspects de la vie quotidienne, comme les privations alimentaires ou les difficultés de logement.

Le nouvel indicateur de l'Insee concerne "la pauvreté en conditions de vie".

"La pauvreté ne se réduit pas aux seuls revenus", a souligné Jean-Philippe Cotis, directeur général de l'Insee, en présentant à la presse l'édition 2010 de "France, portrait social" publié par l'institut.

Dans la lignée du rapport du prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, qui recommande de compléter la croissance (évaluée par le PIB), par des indicateurs de "bien-être", prenant en compte des activités non-marchandes et des inégalités, l'Insee a forgé de nouveaux instruments.

Le nouvel indicateur, "la pauvreté en conditions de vie", mesure les privations d'éléments de bien-être de la vie quotidienne: rentrent en compte les contraintes budgétaires (découverts bancaires), les retards de paiement (de loyers ou de factures), la consommation (possibilité de manger de la viande tous les deux jours, partir une semaine de vacances par an, acheter des vêtements neufs, recevoir), rencontrer des difficultés de logement.

Au regard de ces critères, 22% des Français de plus de 16 ans ont connu entre les années 2004-2007 (durée de l'étude) au moins une année de pauvreté, souvent de manière temporaire notamment pour les ménages jeunes. Seuls 4% sont restés dans cet état durant les quatre années.

"La pauvreté monétaire" (disposer de moins de 950 euros par mois) "touche 13% de la population", rappelle Stéfan Lollivier, directeur des études sociales à l'Insee, et "la pauvreté non monétaire" touche une population "équivalente", mais seuls 4% y restent de manière durable, souligne-t-il.

Cette chute temporaire dans la pauvreté s'explique notamment par "une croissance, des gains de productivité et un pouvoir d'achat relativement faibles en France", qui renforce les "aléas" et l'impact sur la consommation, selon Jean-Philippe Cotis.

Cependant, la France n'est pas seule dans ce cas, "dans tous les pays industrialisés il y a des aléas dans une vie professionnelle", qui sont" encore plus forts dans les pays anglo-saxons" où les gens "ont plus de mal à sortir de la pauvreté ", souligne le directeur général de l'Insee, qui rappelle l'importance de la "redistribution" publique en France.

Par ailleurs, l'Insee a esquissé un autre indicateur pour mesurer la "qualité de vie": outre les conditions matérielles, il tient compte de l'état de santé, des conditions de travail, du niveau d'éducation, de la sécurité, et du "capital social", c'est-à-dire "la participation à la vie publique et les contacts avec les autres".

Logiquement, les personnes aux revenus faibles et les familles monoparentales "sont les deux groupes qui ont la qualité de vie la plus dégradée" au regard de ces critères. Le risque de dégradation est nettement moindre pour le quart des Français les plus aisés.

Mais, les revenus ne sont pas toujours déterminants, ainsi pour les personnes âgées la qualité de vie est dégradée par une moins bonne santé, des contacts moins nombreux.

Selon une étude européenne (portant sur la période 2003-2007) et basée sur des données subjectives (le ressenti de la population), la France se situe dans la moyenne européenne pour la qualité de vie, loin derrière les pays scandinaves.

Mais, en matière de cohésion sociale et d'intégration de groupes ethniques, elle décroche la plus mauvais note, après les Pays-Bas et l'Italie.

Enfants d'immigrés du Maghreb: gros écart de taux d'emploi
Le taux d'emploi des Français enfants d'immigrés du Maghreb est de 20 points inférieur à celui des Français de "parents nés français", selon l'Insee. Cette différence, qui ne s'explique que partiellement par le diplôme, peut découler aussi de la discrimination.

Le taux d'emploi des Français descendants d'immigrés du Maghreb est de 65% pour les hommes et de 56% pour les femmes, contre respectivement 86% et 74% pour les "Français de naissance" (deux parents français), relève l'Insee.

"Les différences d'expérience, de diplôme, de situation familiale et de lieu de résidence entre les deux populations n'expliquent qu'un tiers de cet écart", souligne l'institut. "Le reste peut provenir de l'existence de discrimination, mais aussi de tout ce qui n'est pas mesurable directement (réseaux professionnels, capital culturel...)."

Pour les hommes, "l'écart d'emploi inexpliqué est plus faible lorsque le diplôme est plus élevé ou l'expérience plus importante". "Il est en revanche relativement constant pour les femmes". Pour les Français dont les parents sont des immigrés originaires d'Europe, les taux d'emploi sont "plus proches", relève l'étude.

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