Nouvelle-Calédonie : l'avocat François Roux dénonce "une justice coloniale" et appelle à "une commission vérité et réconciliation"
"Cela a tous les traits d'une justice coloniale. Il faut appeler les choses par leur nom", a dénoncé lundi sur franceinfo François Roux, avocat honoraire du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), alors que les violences ont repris dans la nuit de dimanche à lundi en Nouvelle-Calédonie après la mise en examen et l'incarcération en métropole de plusieurs militants indépendantistes.
"On a dispersé ces militants qui n'ont pas de sang sur les mains, on les a dispersés dans des prisons françaises, isolés les uns des autres", s'indigne François Roux. L'avocat estime qu'il faut avant tout "traiter les problèmes". Selon lui, "le problème de la Nouvelle-Calédonie est un problème de décolonisation". Il rappelle que la Nouvelle-Calédonie "est inscrite sur la liste des pays à décoloniser par les Nations Unies depuis 1986, que tous les ans, la France, qui est considérée comme la puissance administrante, doit faire un rapport devant ce comité".
François Roux plaide pour "une médiation" et appelle à "une commission vérité et réconciliation qui associera tout le monde en Nouvelle-Calédonie". "Nous devons obtenir le retour des prisonniers actuellement en France, en Nouvelle Calédonie", martèle l'avocat honoraire du FLNKS. "J'espère, comme on a fait les accords de Nouméa à l'époque, qu'on sera capable de conclure des accords de paix qui feront de la Nouvelle-Calédonie un État indépendant en association avec la France. C'est tout à fait possible dans notre Constitution, c'est l'avenir : un État indépendant en association avec la France. Il faut sortir de la colonisation."
"Nous ne manquerons pas de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme"
François Roux dénonce également "la déportation en France de militants indépendantistes qui ont pour seuls désagréments d'être des militants qui réclament l'indépendance". L'avocat rappelle que "les premiers colons arrivés en Nouvelle-Calédonie étaient des bagnards français, souvent des militants politiques, Louise Michel par exemple". "La France a déporté en Nouvelle-Calédonie des militants politiques. Et maintenant elle déporte des militants politiques de la Nouvelle-Calédonie jusqu'à la France", s'indigne François Roux. "Il faut arrêter avec la criminalisation de militants indépendantistes qui se battent pour la libération de leur pays", ajoute l'avocat.
"Nous ne manquerons pas de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme", a fait savoir mardi sur France Inter, François Roux, avocat honoraire du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), alors que les violences ont repris en Nouvelle-Calédonie après la mise en examen et l'incarcération en métropole de plusieurs militants indépendantistes. Il dénonce leur "déportation" en France et conteste les motifs avancés par le procureur de Nouméa qui justifie ce transfert pour "permettre la poursuite des investigations de manière sereine, hors de toute pression ou concertation frauduleuse".
Avant de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme, François Roux prévoit de contester cette décision de justice devant la Cour d'appel de Nouméa, puis devant la Cour de cassation. "La convention européenne dit qu'on ne peut pas soumettre qui que ce soit à des traitements inhumains et dégradants", rappelle François Roux, estimant que "transférer en métropole deux mamans d'enfants en bas âge, qui n'ont pas commis elles-mêmes de violences, et les mettre à 17 000 kilomètres de leurs familles après 96 heures de garde-à-vue, 20 heures de voyage dans un avion militaire, ce sont des conditions inhumaines et dégradantes".
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