Crise en Nouvelle-Calédonie : "Enlever les barricades physiques n'enlève pas les barricades qui restent dans les esprits", estime un chercheur
"Enlever les barricades physiques n'enlève pas les barricades qui restent dans les esprits des loyalistes et des indépendantistes", dénonce sur franceinfo David Camroux, chercheur honoraire et enseignant à Sciences Po. Il estime que l'ordre doit effectivement être rétabli en Nouvelle-Calédonie, en crise depuis trois semaines, mais que c'est loin d'être suffisant pour apaiser la situation. "C'est un prérequis de remettre l'ordre, mais après, il faut une longue période de discussions pour calmer le jeu."
Le chercheur franco-australien pointe directement du doigt la responsabilité du gouvernement actuel dans l'embrasement de la situation et le mal-être des populations locales. "Le problème, c'est que le génie des accords de Matignon et de Nouméa, c'était que l'État français joue un peu rôle d'arbitre, un rôle neutre. Et ces dernières années, on a l'impression que l'État français se mettait à côté des loyalistes et il ne jouait plus ce rôle vraiment d'arbitre neutre." Le problème, selon lui, c'est que rétablir cet ancien paradigme est "compliqué" et nécessite des négociations politiques entre tous les protagonistes.
"On a tenu le troisième référendum malgré l'opposition des Kanaks, des indépendantistes qui voulaient un report à cause du Covid", explique David Camroux. "Emmanuel Macron a tenu à organiser cette réforme avant les élections présidentielles, ça a été considéré comme une violence, comme un manque de respect, poursuit le chercheur. D'autant plus qu'après, on a poussé cette réforme de la liste électorale qui aurait comme conséquence que les Kanaks vont se retrouver encore plus minoritaires chez eux et donc tout ça, c'était très mal ressenti par cette partie de la population."
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