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Référendum en Nouvelle-Calédonie : "C'est une étape, mais ça n'est pas un aboutissement", selon Christian Blanc

Le député français Christian Blanc, qui a dirigé les accords de Matignon à l'origine du référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, a expliqué, dimanche matin sur franceinfo, que malgré le résultat, "la situation demeure relativement instable".

Article rédigé par franceinfo
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Des panneaux affichant des campagnes de différents groupes politiques favorables ou opposés à l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa, le 4 novembre 2018. (THEO ROUBY / AFP)

Alors que les résultats définitifs du référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie n'étaient pas encore connus, Christian Blanc, le député français qui a dirigé la mission ayant abouti aux accords de Matignon en 1988 a réagi sur franceinfo dimanche 4 novembre. 

franceinfo : On a beaucoup parlé de ce référendum comme l'aboutissement de ce processus de ces accords de Matignon en 1988. Est-ce votre sentiment ?

Christian Blanc : Il est certain que, pour une petite moitié des Kanaks qui votent "non" à l'indépendance, le processus des accords de Matignon et de Nouméa a été intégré. Il y a eu un début de reconnaissance et de respect de l'identité kanake. La gouvernance de deux des trois provinces par des leaders kanaks a été installée. Enfin, pour certains, le cordon financier avec la France a compté. Cela dit, il sera intéressant de connaître les explications de vote dans le détail et par région.

Pourquoi ?

Depuis 30 ans, 50% des Kanaks sont devenus urbains et 50% des jeunes Kanaks sont au chômage. Ce constat me fait dire aujourd'hui que ce référendum est une étape, mais ça n'est pas un aboutissement. Il faudrait surtout ne pas le croire. La situation demeure relativement instable, car les processus de Matignon et de Nouméa ne sont pas arrivés à leur terme. Par ailleurs, les espérances économiques basées sur le nickel sont faibles et cela va contribuer au malaise social.

Le processus des accords va se poursuivre avec deux référendums dans les quatre années à venir. Quelle doit être la priorité des futures discussions ?

Que la souveraineté soit progressivement développée, je n'en doute pas, mais je constate que jusqu'en 1988, tous les mécanismes institutionnels qui ont été inventés à Paris ont échoué et cela pour deux raisons. Tout d'abord, parce qu'à Paris, nous sommes à 20 000 km de la Nouvelle-Calédonie. Nous n'avons pas encore bien compris qu'il s'agit de la coexistence de deux civilisations, chacune millénaires : la culture océanienne et la culture occidentale. Elles se sont croisées il y a seulement deux siècles. Si nous ne comprenons pas ça, si nous n'avons pas une approche par le dialogue, par le respect, par tout ce qui concerne des valeurs humaines, je crois que nous ferons fausse route.

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