Un rapport du BEA pointe l'organisation du travail des contrôleurs aériens après un "incident grave" à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac
Un rapport du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) pour la sécurité de l’aviation civile pointe l'organisation du travail des contrôleurs aériens après un "incident grave" survenu le 31 décembre 2022, à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, entre un Airbus A320 et un petit avion de tourisme. Près d'un an après les faits, le 19 décembre, le BEA publie les conclusions de son enquête de sécurité dans un document de 63 pages, que France Bleu Gironde et franceinfo ont pu consulter.
Les auteurs du rapport reviennent d'abord sur les faits : le 31 décembre 2022, vers 10h55, un contrôleur a autorisé un avion de tourisme, Robin DR400 appartenant au Cercle aéronautique des personnels de l’aéroport de Mérignac, à atterrir, avec à son bord le pilote et un passager. Membre de cet aéroclub depuis 2018, le pilote totalisait 210 heures de vol et "effectuait ce jour-là un vol local d’agrément, au nord de l’aérodrome, en compagnie de son fils de 9 ans", précise le BEA.
Mais le trafic est "devenu très dense" et ce contrôleur a autorisé un Airbus A320 de la compagnie EasyJet en provenance de Londres-Gatwick, à se poser sur la piste où se trouvait l'avion de tourisme, "oubliant" sa présence, explique ce rapport. 179 passagers et quatre membres d'équipage de cabine, le commandant de bord et le copilote se trouvaient dans l'Airbus.
Le pilote de l’avion de tourisme, "s'est signalé au contrôleur, qui a immédiatement ordonné à l'A320 d’interrompre l’approche". La tour a donné l'ordre à l'Airbus de remettre les gaz, alors qu'il se trouvait à peine 50 mètres au-dessus du sol. "Le chef de tour et la contrôleuse, surpris, ont alors pris conscience de la situation", relate le BEA.
Trois contrôleurs au lieu des six prévus
Ensuite, le BEA publie dans son rapport des "recommandations de sécurité" car l'enquête a mis en lumière des dysfonctionnements. Le jour de "cet incident grave", trois contrôleurs aériens étaient en poste dans la tour de contrôle de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac au lieu des six prévus au tableau de service.
Selon le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile, il ne s'agit pas d'un problème isolé. Le BEA s'inquiète de l'autogestion du temps de travail des aiguilleurs du ciel. "Un consensus social, ancré depuis de nombreuses années à la DSNA [Direction des services de la Navigation aérienne], laisse perdurer une situation dans laquelle les équipes de contrôleurs organisent, en dehors de tout cadre légal, un niveau d’effectif présent généralement inférieur à l’effectif théoriquement déterminé comme nécessaire", explique le BEA.
Or, cette organisation "hors du cadre légal, mais connue et tolérée implicitement", insiste le rapport, "est de nature à interdire toute collecte officielle d’informations qui conduirait à identifier ces écarts y compris dans le cadre de l’analyse d’événements de sécurité". Le BEA préconise à la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) d'équiper les centres de contrôle d'un moyen automatique pour enregistrer la présence des contrôleurs sur position et sur le lieu de travail.
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