Angoulême : découverte d'un site "exceptionnel" témoin du changement climatique à la préhistoire
Des fouilles sont en cours avant la construction d'un centre d'affaires près de la gare d'Angoulême.
Quelque 200 000 silex, 400 pointes de flèches : telle est la découverte présentée mercredi 7 novembre par des archéologues à Angoulême (Charente) sur un site qualifié d'"exceptionnel", car témoin du changement climatique du paléolithique final au mésolithique.
"Il est exceptionnel de par son emplacement dans la chronologie. A Angoulême, on a la chance d'avoir un site préhistorique sur 4 000 ans qui vient nous informer sur le passage d'un climat froid à un climat tempéré", explique l'archéologue Miguel Biard.
Du 9 avril au 23 novembre, des fouilles préventives sur l'îlot Renaudin sont effectuées sur une superficie de 2 000 m2 – soit 6 000 m3 de terre enlevées et 1 600 tamisées – avant la construction d'un centre d'affaires près de la gare d'Angoulême. Les archéologues, venus pour trouver des traces d'une ancienne faïencerie, ont été surpris de découvrir des pièces datant de la préhistoire, qualifiées de "rares et surtout en quantité" par Miguel Biard, responsable d'opérations et de recherches à l'nstitut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).
"Un effet de protection qui est assez unique"
"Sur ce lieu, les préhistoriques vont habiter (...) et confectionner leur outillage", a-t-il dit, soulignant que "sur 4 000 ans, les hommes n'ont pas taillé les silex de la même façon." Selon cet archéologue qui travaille pour la première fois en ville, "ce sont ces différentes technologies qui nous permettent d'avoir des informations." Sont également exceptionnelles la géologie et la morphologie du site, couvrant trois périodes de transition (azilien récent en 11 500 avant notre ère, laborien en 9 900 et mésolithique en 8 900).
L'épaisse couche de tuf a permis d'avoir "un instantané sur les premiers habitants de ce secteur avec des pièces qui sont quasiment en place", selon Grégory Dandurand, géomorphologue à l'Inrap. "Ces dépôts de tuf sont venus tout couvrir. On a un effet de protection qui est assez unique (...) C'est un chapeau, une cloche", dit-il.
Ainsi, un éventuel campement a été découvert avec des traces de feu et des outils vieux de 9 000 ans avant notre ère.Ces informations sont d'autant plus importantes que "les cultures du l'azilien jusqu'au mésolithique ne sont pas bien renseignées dans la région", précise Grégory Dandurand.Face à un tel état de conservation, l'îlot Renaudin pourrait devenir une référence pour d'autres sites qui manquent d'informations sur cette période de la préhistoire.
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