Nouveau record de détenus dans les prisons : quelles conséquences ?
Le nombre de prisonniers a atteint 67 161 personnes en France au 1er avril, pour seulement 57 243 places. FTVi liste les problèmes qui découlent de cette surpopulation.
Nouveau record dans les prisons françaises. Le nombre de détenus a atteint un niveau historique le 1er avril, avec 67 161 personnes incarcérées, selon les statistiques mensuelles de l'Administration pénitentiaire (AP) publiées vendredi 13 avril. Le précédent record était de 66 445 détenus un mois plus tôt, au 1er mars, soit une hausse de 1,1%. Sur un an, l'augmentation s'établit à 4,7%.
Par conséquent, la surpopulation carcérale a elle aussi augmenté, puisqu'il n'y a que 57 243 places de prison "opérationnelles" pour accueillir tous ces prisonniers. Ces chiffres ne vont pas améliorer le climat, déjà très tendu, dans le milieu carcéral. Explications.
• Augmentation des tensions
Mardi, une mini-mutinerie a éclaté dans le centre pénitentiaire de Vezin-le-Coquet, à côté de Rennes. Une dizaine de détenus ont agressé un surveillant et allumé des feux dans leurs cellules, comme l'explique cette vidéo de nos confrères de France 3 Bretagne.
Si l'incident est isolé, il soulève toutefois quelques interrogations sur la vie carcérale. Et pour cause. L'établissement de Vezin-le-Coquet n'a ouvert qu'en mars 2010, mais subit déjà un trop-plein de prisonniers. La prison regrouperait 740 détenus pour... 590 places.
Pour Christophe Marquès, secrétaire générale du Syndicat national pénitentiaire-Force ouvrière, interrogé par Le Monde, "le taux d'occupation [dans les maisons d'arrêt] dépasse parfois 150%. Concrètement, cela signifie que certains établissements disposent d'un surveillant pour cent détenus". Selon lui, "il est évident que la surpopulation carcérale favorise les tensions (...) Les personnels sont débordés, le métier devient de plus en plus pénible."
• Les surveillants en difficulté
Et de fait, les surveillants se sont mobilisés ces dernières semaines, en France. Objectif : dénoncer un manque de moyens et souligner la dégradation de leurs conditions de travail.
"Sans effectifs suffisants, on ne fait que gérer la sécurité et on ne peut pas assurer notre mission de réinsertion, de formation, d'accompagnement", regrette la secrétaire nationale de la CGT pénitentiaire Céline Verzeletti, citée par Le Nouvel Observateur. Et pour elle, l'agression de mardi "donne encore plus de légitimité aux revendications".
Mercredi et jeudi, des manifestations ont donc été organisées devant les prisons de Meaux Chauconin (Seine-et-Marne), du Muret (Haute-Garonne), d'Eysses (Lot-et-Garonne), de Neuvic (Dordogne), de Bordeaux-Gradignan, de Mont-de-Marsan,de Rouen, de Reims, de Nice, de Toulon, de Salon-de-Provence ou de Douai... Certains manifestants ont dressé des barricades et brûlé de pneus devant leur établissement. Le mouvement devrait continuer les semaines prochaines, avec "une grande opération" prévue mardi 17 avril à Paris, prévient FO-Pénitentiaire.
• Conditions de détention dégradées
Enfin, la surpopulation et le manque de surveillants affectent aussi le lien social dans les prisons. En effet, les surveillants, souvent seuls face à des détenus de plus en plus nombreux, ont de moins en moins de temps à leur accorder. De là à attiser les ressentiments et les tensions, il n'y a qu'un pas... vite franchi. Car selon Céline Verzeletti, "moins on a [de lien humain], plus on augmente les risques d'agressions, de violences, de suicides".
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