Mélenchon accuse deux journaux d'être "proches du FN"
Dans un billet de blog, le candidat du Front de gauche s'en est pris au Parisien et à L'Express. Ce dernier envisage de de donner "les suites judiciaires appropriées" à ces "propos diffamatoires".
Le leader du Front de gauche s'était déjà montré hostile à l'égard de certains médias (L'Express, "Le Petit Journal" de Canal +) pendant la présidentielle. Mercredi 30 mai, l'enjeu électoral a changé, mais une nouvelle sortie du désormais candidat dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais a confirmé que Jean-Luc Mélenchon est toujours en campagne... contre une partie de la presse.
FTVi revient sur ce deuxième round :
"Le Parisien" et "L'Express" en ligne de mire
Dans un billet daté du 29 mai, le candidat du Front de gauche s'en prend à ces deux journaux. "En tête du classement de ceux qui inventent la moitié de leurs informations en vue de recueillir l’autre moitié, les journaux proches du Front national du fait de leurs lecteurs : Le Parisien et L’Express", écrit le politique. Pourquoi ces accusations ?
• Le tweet qui fâche : Au Parisien, il reproche tout particulièrement à l'un des journalistes d'avoir tweeté la phrase suivante (effacée depuis) : "Marrant : #Mélenchon a attendu dans sa voiture que #LePen ait quitté le marché d'Hénin-Beaumont pour y aller à son tour."
Un "ragot", une "médisance", bref, un procédé de "bon facho patenté", accuse le candidat, dénonçant le fait qu'aucun "de ces grands Rouletabille" n'ait relayé son intervention de soutien aux salariés de l'usine Meryl Fiber et de s'être contenté de le suivre au marché (dans le cadre de cet article).
Le candidat accuse ici "les étranges mœurs" de ces journalistes dont certains "sont de purs agents de l’extrême droite. Un petit groupe de provocateurs qui passent de l’un à l’autre sur place, colportant ragots et médisances pour recueillir ensuite des réactions outrées et ainsi de suite".
• Accrochage avec un journaliste : Accusé par Mélenchon d'être également proche du FN, L'Express a réagi par la voix du rédacteur en chef du site internet de l'hebdomadaire, Eric Mettout. Dans un billet publié mardi sur son blog, il rapporte que "Mélenchon a pris à partie le journaliste de L’Express qui le suit dans son périple législatif, le traitant publiquement de sale espion, et L’Express de journal fasciste (...) Mélenchon a le verbe fleuri mais l’insulte pauvre", relève-t-il.
Estimant que "la rédaction de L'Express n'a aucune leçon à recevoir de M. Mélenchon", la Société des journalistes de l'hebdomadaire a condamné "avec la plus grande fermeté la dernière agression verbale de Jean-Luc Mélenchon à l'encontre d'un membre de la rédaction" et indiqué, dans un communiqué, qu'elle "sera à l'avenir particulièrement attentive aux déclarations de Jean-Luc Mélenchon et donnera à ses propos diffamatoires les suites judiciaires appropriées".
Hénin-Beaumont, nouveau théâtre du duel Mélenchon-médias ?
Mais pourquoi le leader du Front de gauche fait-il ce rapprochement entre ces journaux nationaux, voire populaires, et le parti de Marine Le Pen ? "Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, le Front national est contre moi, donc L’Express et Le Parisien sont proches du Front national", analyse Eric Mettout dans son billet, pour décrire le raisonnement qui anime le tribun.
Jean-Luc Mélenchon, lui, s'explique dans son billet de blog. Pour le candidat du Front de gauche, c'est Hénin-Beaumont qui cristallise les travers journalistiques qu'ils dénoncent.
• Un contexte électoral réduit à une ville symbole
Dans les urnes, les élections législatives dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais opposeront la candidate du FN, Marine Le Pen, le champion du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon... et tous les autres, UMP, PS, Europe Ecologie-Les Verts ou encore Les droites républicaines, étouffés par le choc des deux anciens titans de la présidentielle.
La circonscription devrait arbitrer le match Mélenchon-Le Pen (que Mélenchon remporterait, selon un sondage Ifop commandé par Le Journal du Dimanche), mais aussi celui qui oppose le candidat du Front de gauche et les médias, qui envoient souvent des journalistes depuis Paris pour couvrir l'événement. Dans son long billet dans lequel il est, entre autres, question de "[sa] circonscription sur un mode impressionniste" et de géopolitique, il dénonce la réduction par les médias de l'ensemble de la circonscription à un emblème réducteur : la ville d'Hénin-Beaumont, que Marine Le Pen, qui y est conseillère municipale, tente de ravir au PS à chaque scrutin depuis 2008.
"Il y a la campagne d’Hénin-Beaumont, comme persistent à le dire, pour faire simple compte tenu du niveau intellectuel de leurs consommateurs, quelques-uns des médias parmi l’incroyable nuée présente sur place", note l'homme politique.
• Les médias "viennent voir la brillante Marine Le Pen"
"Ils viennent voir la brillante madame Le Pen, adorée du peuple, recevoir un formidable accueil et patati et patata", accuse-t-il, et cite à titre d'exemple "Le Monde et les articles d’Abel Mestre". Dans son reportage, le journaliste est justement chargé de décrire une journée de la campagne de la candidate frontiste. "Sur le marché, l'accueil est très sympathique pour la présidente du FN", note-t-il, non sans l'avoir interrogé sur son adversaire le plus rude... Jean-Luc Mélenchon.
Indiquant par ailleurs que "naturellement, ce n’est pas le cas de tous. Loin de là", il salut notamment la révélation, dans Rue 89, de "l’étendue des sacs d’embrouilles entre les notables socialistes locaux" et une situation dans laquelle "un Front national concentré dans une seule ville, absent de toutes les autres, [payent] ses distributeurs de tracts et colleurs d’affiches, magouillant avec certains socialistes sur le dos de leurs concurrents respectifs", écrit le candidat.
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