Transport, octroi de mer, marges distributeurs… Ce qui explique la vie chère en Martinique

Les différences de prix, notamment sur les produits alimentaires, entre l'Hexagone et la Martinique sont parfois saisissantes. Plusieurs causes sont à l'origine de ces écarts qui suscitent la colère sur l'île, comme les frais de transport des produits. Les élus en appellent désormais à l'Etat.
Article rédigé par Farida Nouar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un barrage à Fort-de-France, en Martinique, le 17 septembre 2024. (THOMAS THURAR / AFP)

Véhicules et déchets incendiés, mobilier urbain abîmé, c'est la liste des dégâts qui concernent surtout le quartier populaire Sainte-Thérèse, en Martinique. Un couvre-feu a débuté mercredi 18 septembre de 21h à 5h du matin dans certains quartiers de Fort-de-France et se poursuivra jusqu'à nouvel ordre dans les zones les plus touchées par les violences urbaines.

L'annonce a été faite par le préfet de l'île Jean-Christophe Bouvier au cours d'une conférence de presse, après plusieurs nuits de violences urbaines. Elles sont liées à la mobilisation contre la vie chère lancée début septembre. Les tables rondes initiées dernièrement entre acteurs économiques, élus et protestataires ne débouchent sur rien. La colère est en effet très forte sur l'île tant l'écart de prix avec l'Hexagone est criant.

8,50 euros le beurre

Pour preuve ces vidéos sur les réseaux sociaux qui se multiplient depuis plusieurs jours, comme celle de ce Martiniquais dans un supermarché. "8,50 euros. Est-ce que tu te vois acheter du beurre à ce prix-là ? T'as envie de manger des oeufs bio, c'est 7,29 euros", dénonce ce client martiniquais.
Selon l'INSEE, sur l'île, les prix alimentaires sont 40% plus chers que dans l'Hexagone car avant d'arriver dans les rayons martiniquais, les produits passent par un circuit coûteux.

Il y a d'abord l'achat dans l'Hexagone, le transport, puis l'octroi de mer - cette taxe spécifique dans les outremers pour les importations - et enfin la marge des distributeurs. Quatre étapes au total qui gonflent le prix final. Le "bouclier qualité prix" mis en place après la grande grève générale en 2009 et censé modérer les prix de la grande consommation ne semble pas satisfaire la population. Alors quelles solutions durables pour régler le problème de la vie chère ? Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Martinique, en appelle à l'Etat.

"Il faut prendre un décret, pendant trois ans avec des prix bloqués pendant trois ans sur 54 familles de produits. Nous demandons aussi à l'Etat de mettre la TVA à zéro. Nous demandons aussi aux grossistes et aux distributeurs de faire tomber leurs marges."

Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Martinique

à franceinfo

"Il faut revendiquer la baisse des prix pour que les gens puissent manger", tranche-t-il, appelant également à relancer la production locale. Mais sans "décisions extrêmement fortes", il craint, dit-il, un pourrissement de la situation.

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