Envoi de soignants aux Antilles : "Le système est débordé et l'aide de chacun est très appréciable", confie un réanimateur du CHU de Pointe-à-Pitre
Le Dr Bruno Jarrigue explique que les patients Covid du CHU sont "de plus en plus jeunes" et que "plus de 97%" d'entre eux ne sont pas vaccinés.
Les 300 soignants qui partent vendredi 20 août de Paris en renfort en Martinique et en Guadeloupe sont "absolument les bienvenus", confie sur franceinfo le Dr Bruno Jarrigue, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Pointe-à-Pitre. Egalement responsable de la cellule Covid de ce centre hospitalier, il estime être "vraiment en médecine de catastrophe". Il confie que "le système est débordé et l'aide de chacun est très appréciable". En plus de manquer de moyens humains, il dit manquer de matériel et notamment d’oxygène, face à un afflux de patients "de plus en plus jeunes" et qui, pour "plus de 97%" d’entre eux, ne sont pas vaccinés contre le Covid-19.
franceinfo : L’arrivée de nouveaux renforts en Guadeloupe est-elle un soulagement ?
Dr Bruno Jarrigue : Oui, ils sont absolument les bienvenus, puisque la charge de travail est colossale. Les flux sont majeurs et l'hôpital a beaucoup de mal à gérer cette vague énorme. On est vraiment en médecine de catastrophe. C'est-à-dire que les flux de patients Covid sont tellement importants que le système est débordé et l'aide de chacun est très appréciable pour essayer de gérer au mieux cette vague, que ce soit des médecins, des infirmiers, des aides-soignants, des brancardiers, des pompiers, des techniciens de laboratoire. Tout le monde est le bienvenu, mais pas seulement au CHU de la Guadeloupe, il y a aussi les hôpitaux du CHBT [Centre hospitalier de la Basse-Terre] puisque le CHU, avec ses 150 lits Covid, ne suffit pas à gérer tous ces patients. On ouvre des secteurs Covid aussi dans tous les hôpitaux de la Guadeloupe, donc six à huit autres petits hôpitaux sont en train d'ouvrir des secteurs Covid et on en a besoin, pour s'en occuper, de soignants de tout type.
Manquez-vous également de matériel ?
L'oxygène est aussi un problème puisque les malades Covid consomment beaucoup, beaucoup, beaucoup d'oxygène. Au CHU, on a multiplié par plus de cinq la quantité d'oxygène consommé. Donc, effectivement, il faut sécuriser cet apport en oxygène, que ce soit à l'hôpital mais aussi en ville, parce que quand on envoie un patient Covid à son domicile, il a besoin d'oxygène à domicile. Et on manque cruellement de concentrateurs. Il y en a 140 qui arriveront le 23 août.
Quel est le profil des malades qui entrent à l’hôpital ?
Ils sont de plus en plus jeunes. On a même de plus en plus de femmes enceintes et d'enfants qui sont hospitalisés pour Covid, et des femmes enceintes qui même font des formes graves qui nécessitent une hospitalisation en réanimation. La quasi-totalité des personnes qui arrivent avec des Covid graves ne sont pas vaccinées. C'est pour cela qu'on est très tristes et très en colère. Plus de 97% des patients qui rentrent n’ont pas eu une seule dose de vaccin. Et les rares vaccinés sont des patients particuliers comme des greffés, des grands immunodéprimés, qui sont sous traitement. Donc ce n’est pas une surprise. On a une épidémie catastrophique de patients non vaccinés. Alors oui, la vaccination augmente, mais il faut absolument l'accélérer pour réduire la circulation du virus. Le résultat ne sera là que pour la gestion de la cinquième vague. Pour la quatrième vague, c'est trop tard. Le virus est très pernicieux et il s'adapte très vite. Donc si la population n'est pas correctement vaccinée, forcément, il reprendra sa circulation comme il l'a déjà fait quatre fois.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.