Les lettres des candidats à Bayrou au centre des attentions
François Bayrou a envoyé une lettre aux deux finalistes de la présidentielle mercredi. Nicolas Sarkozy puis François Hollande ont rendu publique leurs réponses et mettent en avant leurs points de convergence avec le programme du centriste.
Sept pages pour Nicolas Sarkozy, deux pages pour François Hollande. A huit jours du second tour, François Bayrou a obtenu ses réponses concernant les engagements des deux finalistes de la course présidentielle sur les thèmes qui lui sont chers.
Dans un courrier envoyé mercredi, l'ancien candidat centriste, fort de 9,3% des voix au premier tour a interpellé les candidats.
• La complaisance à l'égard des extrêmes
Doublé par le Front national et le Front de gauche, le centriste a demandé aux candidats de préciser leurs positions vis-à-vis "des extrêmes qui caractérisent notre pays", fustigeant par ailleurs l'assimilation entre ses électeurs et ceux de Marine Le Pen.
Nicolas Sarkozy: "Nous avons un mode de vie et une identité. Nous avons des valeurs", a simplement glissé le président sortant en première page de sa réponse, envoyé vendredi. "Je me fais un devoir d'entendre la voix de tous les Français et de toutes les Françaises qui se sont exprimés dimanche dernier et de trouver un point d'équilibre", fait-il valoir à l'avant dernier paragraphe.
François Hollande: "Je suis socialiste et je suis désormais candidat de toute la gauche", lui a répondu le candidat PS. Lui aussi évoque la nécessité d'un rassemblement : "Je reste fidèle à mes convictions et à mon idéal. Mais je veux aussi rassembler autour de mon projet". Soit un appel aux "citoyens qui veulent en finir avec (...) un quinquennat marqué par les échecs et les divisions."
• Le retour à l'équilibre budgétaire
"Je ne crois nullement que la crise financière soit derrière nous, a prévenu François Bayrou. Je pense au contraire qu'elle est devant nous et qu'elle sera très dure", a-t-il écrit, questionnant les finalistes sur la très centriste exigenance de retour à l'équilibre budgétaire.
Nicolas Sarkozy : Le président sortant a longuement insisté sur le chiffrage de son projet pour mieux attaquer le programme de François Hollande. "J'ai présenté un projet présidentiel appuyé sur un chiffrage extrêmement précis et rigoureux, ll prévoit le retour à l'équilibre des finances publiques en 2016", rappelle le président-candidat, qui ne manque par de noter "que le candidat socialiste, pour sa part, ne propose aucune mesure de réduction des dépenses publiques", poursuit-il à l'adresse du candidat MoDem qui avait fait de la lutte contre l'endettement un objectif prioritaire.
François Hollande : Le challenger fait quant à lui valoir le bilan de son adversaire : "En 5 ans, la dette de la France s'est accrue de 600 milliards d'euros", commence-t-il. Hostile à l'inscription d'une règle d'or dans la constitution, le socialiste annonce que dans l'éventualité de son élection, il ferait voter "dès cet été par le Parlement une loi organique sur les finances publiques." Il évoque "une réforme fiscale d'envergure" afin de "rétablir l'équité entre citoyens et de rendre à l'Etat les ressources dont il a été privé au bénéfice d'intêrets particuliers", estime François Hollande.
• La moralisation de la vie politique
Le leader centriste a insisté sur cette condition, reprenant ses propositions (interdiction du cumul des mandats pour les députés, diminution des parlementaires, proportionnelle aux législatives...) Inscrites dans une loi-cadre, il entendait soumettre ces mesures à référendum.
Nicolas Sarkozy : Sur ce point, le président-candidat laisse la porte entrouverte. "Un référendum peut difficilement être organisé sur un trop grand nombre de mesures", tempère-t-il. "Toutefois (...) s'il venait à y avoir un blocage sur ce sujet, je suis tout à fait disposé à saisir les Français par référendum des propositions que vous avez formulées", a-t-il dit.
François Hollande : Pour répondre au centriste, François Hollande a repris des mesures issues de ses 60 propositions : non cumul des mandats, révision du statut pénal du chef de l'Etat, la condamnation de la corruption et des conflits d'intérêts, introduction d'une part de proportionnelle etc. Des mesures, dit-il, censées mettre "fin aux connivences avec les puissances financière." Lui n'envisage le recours au référendum que "s'il y a blocage" au Parlement.
• Le Made in France
Le "produire en France" était au coeur du projet du patron du MoDem.
Nicolas Sarkozy : Il assure partager avec François Bayrou la préoccupation que la France demeure "une grande terre de production", mais défend dans son programme la préférence communautaire européenne à la préférence nationale. Concernant l'emploi, notamment dans l'industrie, Nicolas Sarkozy évoque notamment un projet de "TVA antidélocalisations".
François Hollande : "Tout sera fait pour relancer notre industrie et permettre de produire en France", assure le candidat du PS. Il propose par ailleurs de protéger l'industrie française "de la concurrence déloyale" en conditionnant "toute aide d'Etat à la production sur notre territoire". Il mentionne également l'établissement de "contrat de relocalisation" avec les entreprises.
Courtisé depuis les résultats du premier tour de la présidentielle dimanche soir, le président du MoDem dispose désormais d'une partie des éléments lui permettant de faire son choix. Mais avant de se prononcer pour Nicolas Sarkozy, François Hollande ou aucun des deux hommes, le centriste a d'ores et déjà prévenu qu'il attendrait d'observer les finalistes débattre mercredi soir.
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