Les trois commandements de Jean-François Copé pour "reconquérir le cœur des Français"
Détesté selon les sondages, le président de l'UMP ne désespère pas de voir sa cote de popularité remonter dans les prochains mois.
Ipsos, CSA, Ifop… Les sondages se suivent, et tous les instituts font le même constat : trois mois après le psychodrame entre Jean-François Copé et François Fillon, la cote d'avenir du président de l'UMP reste pour le moins inquiétante. En quelques mois, Jean-François Copé est devenu l'une des personnalités politiques les moins appréciées des Français. Pire, selon un sondage BVA (PDF) publié début mars, seuls 5% des sympathisants de droite souhaitent que le député-maire de Meaux soit le candidat de l'UMP en 2017, quand 54% plébiscitent Nicolas Sarkozy, 16% François Fillon, 10% Nathalie Kosciusko-Morizet et 9% Bruno Le Maire.
"Dans le psychodrame qu'on a traversé, Copé en a pris plein la gueule, décrypte le député parisien Claude Goasguen, qui l'a soutenu à l'automne face à l'ancien Premier ministre. Les commentaires des fillonistes, ceux des médias… Tout ce qu'il a entendu l'a profondément marqué." Pour Copé et ses amis, les Français auraient de lui une image "fausse", "caricaturale", "déformée par les commentateurs". Alors, à moins d'un an de la campagne pour les élections municipales, et surtout à moins de quatre de la prochaine présidentielle, francetv info détaille les trois commandements que le président de l'UMP s'est fixés pour réussir sa "reconquête du cœur des Français".
1En premier opposant du chef de l'Etat, il s'érigera
Pour arriver à ses fins, Jean-François Copé va d'abord tenter de devenir le vrai leader à droite, notamment au Parlement, où le groupe UMP garde des séquelles profondes de la division entre les copéistes et l'éphémère RUMP de François Fillon. "Les Français attendent une opposition mieux incarnée, plus audible, constate le député-maire du Touquet, Daniel Fasquelle. Sur ce point, Jean-François doit avoir le premier rôle."
Pour cela, le député-maire de Meaux a décidé de déposer une motion de censure à l'encontre du gouvernement, qu'il défendra lui-même à l'Assemblée, mardi 19 mars. De quoi s'offrir un débat direct avec le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui pourrait très bien donner lieu à une vive passe d'armes, et faire l'ouverture des journaux télévisés. Dès dimanche, Jean-François Copé sera d'ailleurs l'invité du 20 heures de TF1 pour expliquer sa démarche. Et le dimanche suivant, le patron de l'UMP s'affichera dans les premiers rangs de la nouvelle "manif' pour tous", contre l'ouverture du mariage aux couples homosexuels. Entre temps, il animera jeudi une convention consacrée à la fiscalité.
Concernant l'UMP, il tient à se poser en rassembleur d'un parti meurtri par ses récentes divisions. "Depuis deux mois, il n'y a pas eu un couac, pas le moindre problème entre nous, plus de place pour ceux qui portent atteinte à la maison commune", se targue-t-il devant plusieurs centaines de militants réunis à Arras (Pas-de-Calais), fin février.
2Sur une "vague bleue" en 2014, il misera
A plus long terme, le président de l'UMP répète inlassablement que son objectif est avant tout de triompher aux municipales qui devraient avoir lieu en mars 2014. Samedi prochain, il réunira les cadres du parti pour une séance de travail consacrée à cette échéance. "Copé est dans une course d'obstacles, observe l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. En cas de 'vague bleue', il aura le droit de jouer le coup d'après." "Si l'UMP parvient à reconquérir plusieurs grandes villes, son action sera reconnue à sa juste valeur", veut lui aussi croire le député des Hauts-de-Seine Thierry Solère.
D'autant que la tâche s'annonce peut-être plus complexe que prévu. Malgré le fort mécontentement à l'égard de l'action gouvernementale, un sondage CSA (PDF) publié le 8 mars révèle que si les municipales avaient lieu dimanche prochain, les listes de gauche totaliseraient 42% des voix, contre 38% pour celles de l'UMP et de l'UDI.
3Sa vie privée, il peopolisera
Surtout, Jean-François Copé espère se refaire une santé en soignant sa communication. "Les Français ont de lui une image faussée, assure le député des Yvelines Jean-Frédéric Poisson. Face à Fillon, il a eu le mauvais rôle : celui du méchant. En réalité, il est un homme sensible, loyal. Il faut donc qu'il aille à la rencontre des Français, qu'il soit lui-même, qu'il ait avec eux un contact direct." Son collègue Daniel Fasquelle acquiesce : "A l'image de l'UMP dans son ensemble, Jean-François doit montrer un visage plus humain, plus empathique."
"Blessé par les caricatures", le député-maire de Meaux a accordé une longue interview à Paris Match, mi-février. Un entretien à cœur ouvert, "pour que les Français puissent mieux connaître [son] vrai visage", et pour lequel il n'a pas hésité à poser langoureusement dans les bras de son épouse et à évoquer ses origines modestes, ses parents, sa famille recomposée, l'éducation de ses enfants, ses passions, ses amis… Avec un seul objectif : que tout un chacun puisse se reconnaître dans son parcours, et perçoive l'image d'un homme "tolérant", "sensible", "à l'écoute des autres", qui donne "énormément d'amour", qui "refuse tout fatalisme", à qui l'on a "inculqué l'amour de la France", qui ne fait pas partie du "petit cercle parisien" médiatico-politique, et qui veut simplement "rendre à son pays un peu de tout ce qu'il [lui] a donné"…
Une semaine plus tard, exercice similaire dans Le Point, où il se confie au psychanalyste Jacques-Alain Miller. Un entretien réalisé à la demande de Jean-François Copé, précise l'hebdomadaire. "Attention à ne pas se victimiser et s'afficher toutes les semaines dans Match, dans Voici et dans Gala, met en garde un député qui lui est proche. Les interviews people ne remplaceront pas un contact franc et direct avec les Français !"
Cette stratégie lui permettra-t-elle de remonter la pente et de renouer, comme il l'espère, avec le cœur des Français ? Pour l'instant, les sondeurs ne sentent pas d'évolution significative en ce sens. Sa garde rapprochée trépigne : "Il a déjà repris 17 des 27 points perdus" lors de la crise, fait-on valoir. "Il doit laisser passer l'orage, travailler, et aller au contact des Français", philosophe au contraire le député Claude Goasguen, qui conseille à son ami de prendre son mal en patience : "Il lui faudra beaucoup de temps avant de reconquérir l'opinion…"
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