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Les sombres prédictions européennes du prophète Sarkozy

Dans sa conférence donnée hier à New York, l'ex-chef de l'Etat a livré une vision pessimiste de l'avenir de l'Union. Seule lueur d'espoir, selon lui : l'euro. 

 
Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Sarkozy avant sa conférence à New York, le 11 octobre 2012. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

POLITIQUE – Cinquante minutes de discours et une vision sombre de l'Europe. Lors de sa conférence devant des banquiers brésiliens, jeudi 11 octobre à New York (Etats-Unis), Nicolas Sarkozy a donné son opinion sur la situation sur le Vieux continent : "Elle est mauvaise pour deux ou trois raisons", a-t-il analysé.

Certes, l'entame a été quasi-prophétique : "L’Union européenne, c’est la paix", a affirmé Nicolas Sarkozy à la veille de la désignation surprise de l'Europe comme prix Nobel de la paix. Mais par ailleurs, l'intégralité de l'intervention de l'ex-président de la République française, publiée par LeLab, montre peu optimiste pour l'avenir de l'Union. FTVi revient sur l'essentiel. 

Une Europe à la traîne

"Le changement ou l'état de gouffre." Nicolas Sarkozy n'hésite pas : pour lui, l'Union européenne doit "changer énormément sa façon de se construire et de décider". Notamment pour accélérer le processus de décision. Aller rapidement est "impossible parce qu’il y a le Parlement, parce qu’il y a l’opposition qui se bagarre avec la majorité, parce qu’il y a les médias, parce qu’il y a l’exigence de résultats immédiats", déplore l'ancien président.

"L’Europe s’est construite en disant à 27 pays, petits, moyens et grands : 'vous avez les mêmes pouvoirs'. Ça ne peut plus marcher", assène-t-il, tout en défendant un "leadership" plus affirmé mené par "les grands pays : l’Allemagne, la France, l’Angleterre, notamment"."L'Europe doit se remettre en cause, l’Europe doit mériter sa place" si elle veut "rester en première division", a expliqué l'ancien chef d'Etat. 

Une Europe traversée par une crise durable

"Dans les deux années qui vont venir, l’Europe, malheureusement, va connaître beaucoup de difficultés. Malheureusement pour l’Europe, et heureusement pour vous, les investisseurs." Et Nicolas Sarkozy de faire sien l'adage des financiers : "il faut acheter au son du canon et vendre au son du clairon". Pour lui, c'est clair : "Si vous écoutez la musique en Europe, aujourd’hui, c’est le son du canon."

Et si l'on en croit le nouveau conférencier, très à l'aise, "la crise européenne n’est pas finie", puisque "les conditions pour que l’Europe sorte de la crise ne seront pas mises en place avant plusieurs mois, voire plusieurs années".

Une Europe à trois vitesses 

Quitte à "plonger tout le monde dans un abîme de perplexité", Nicolas Sarkozy évoque "non pas une Europe, mais au moins trois Europe". D'une part "l’Europe des 17", à savoir les membres de la zone euro ayant "la même monnaie, et la même politique économique", donc "le cœur de la centrale nucléaire".

D'autre part, Nicolas Sarkozy voit "l’Europe des 27, qui deviendra l'Europe des 36 avec les Balkans". Celle-ci correspond, selon lui, à la "solidarité politique", au "marché unique", mais avec "moins d’intégration, et moins de fédéralisme". Enfin, il envisage "une Europe beaucoup plus large" qui irait au-delà de celle des 36, et qui inclurait la Russie et la Turquie. 

Il n'empêche : pour lui, "une seule institution peut fonctionner", une Europe dotée "d'un gouvernement économique". Avec non pas les ministres des finances, mais des chefs d'Etats, "parce que l’économie, ce n’est pas que la finance".

Unique touche d'optimiste dans cet exposé européen de Nicolas Sarkozy : l'euro. "Si j’avais à parier, je parierais que dans dix ans, l’euro sera toujours une monnaie vivante", estime l'ancien président. 

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