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Les prétendues promesses de François Hollande

Smic à 1 700 euros, sortie du nucléaire, explosion du nombre de fonctionnaires... Mise au point sur ces engagements de campagne faussement attribués au nouveau président.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
François Hollande, président de la République, le 15 mai 2012, à Paris. (PASCAL ROSSIGNOL / POOL)

François Hollande élu, partisans et adversaires du nouveau président de la République vont désormais être attentifs à ce qu'il applique scrupuleusement ses promesses de campagne. Mais quelques électeurs mal informés s'attendent également à certaines mesures que le candidat PS n'a pourtant jamais envisagées. Exercice de dégonflage des projets faussement prêtés au chef de l'Etat.

• Le Smic va passer à 1 700 euros

Ceux qui l'espèrent vont être déçus, ceux qui le craignent peuvent se rassurer. Il n'en a jamais été question dans le programme de François Hollande et pourtant de nombreux Français pensent que le niveau du salaire minimum va passer à 1 700 euros nets par mois.

 

Il s'agissait en fait d'une proposition de Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, et non du candidat PS. Comme le rappelait L'Humanité en avril, François Hollande a déclaré à propos du salaire minimum : "Il faudra voir ce qu'il est possible de faire.". Seul un coup de pouce est en fait prévu, le Smic n’en ayant pas bénéficié depuis trois ans.

• L'arabe sera enseigné en première langue dès le collège

Cette fausse intention prêtée à François Hollande trouve sa source dans une polémique lilloise. Comme le relatait GrandLilleTV dans un reportage en janvier 2010, des membres du PS local s'étaient à l'époque interrogé sur l'opportunité d'introduire l'arabe comme langue à enseigner aux collégiens.

Il n'en fallait pas moins à des militants du Front national et à des sites d'extrême droite pour présenter cette question comme un des projets éducatifs de François Hollande. Et certains électeurs FN y ont cru, ce que FTVi a pu constater sur le terrain.

• Des horaires de piscine différents pour les hommes et les femmes

C'est cette fois du côté de l'UMP que l'on a largement relayé ces prétendues intentions socialistes. Nicolas Sarkozy lui-même l'a évoqué en meeting le 24 avril à Longjumeau (Essonne).

À Longjumeau, s'en prend au communautarisme tous azimuts (Francetv info)

Là encore, c'est Lille qui était pointé du doigt. La maire de la ville, Martine Aubry, traîne comme un boulet la polémique du créneau horaire d'une piscine à l'origine réservé à des femmes en surpoids auxquelles sont venu s'adjoindre des musulmanes, comme l'explique L'Express.

Mais comme pour le débat sur la viande halal, François Hollande a été clair sur sa vision de la laïcité, résumant le tout lors du débat d'entre-deux-tours, le 2 mai sur France 2 : "Il n'y aura aucun horaire de piscine qui sera toléré s'il fait la distinction entre les hommes et les femmes. (...) Que les Français sachent bien que, sous ma présidence, rien ne sera toléré en termes de présence de viande halal dans les cantines de nos écoles. Il n'y a pas nécessité de faire peur."

• Le nucléaire va être abandonné

C’est ce qu’a retenu le quotidien japonais Nihon Keizai de la victoire de François Hollande, qui va "détourner la France de sa dépendance au nucléaire", ajoute le quotidien, selon Le Monde. Un thème repris par l’UMP dans un tract de campagne brandi par Jean-François Copé, le 15 mars 2012, lors d’un débat avec François Hollande. Le secrétaire général de l'UMP accusait alors les socialistes de menacer 400 000 emplois. Le candidat PS avait alors tenu à rappeler ses engagements : seule une centrale fermera lors de son quinquennat, celle de Fessenheim.

L’objectif de François Hollande est en fait de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025. Pas de sortir totalement du nucléaire. Pour compenser la réduction de la part du nucléaire, le nouveau président prône "une montée en puissance" des énergies renouvelables.

• Le nombre de fonctionnaires va exploser

C’était deux des propositions phares de François Hollande : mettre fin au non-remplacement systématique d’un fonctionnaire sur deux et créer 60 000 postes en cinq ans dans l’éducation nationale. S’y ajoutent 1 000 postes supplémentaires chaque année dans la justice et les forces de l’ordre, soit 13 000 nouveaux fonctionnaires par an. Mais ces créations se feront "à périmètre constant de la fonction publique de l'Etat", selon Vincent Peillon, alors "monsieur éducation" du candidat Hollande, cité par Le Monde.

En clair, il y aura un redéploiement. 13 000 autres postes devraient donc être supprimés chaque année dans la fonction publique d’Etat pour compenser les créations annoncées. Une position qui a provoqué des remous à la gauche du PS mais que Jérôme Cahuzac, chargé des finances au sein de l'équipe Hollande, et nouveau ministre du Budget, avait défendu bec et ongle sur Public Sénat.

• On partira à nouveau à la retraite à 60 ans

La révision de la réforme des retraites adoptée en 2011 avait bien été mise en avant par François Hollande pendant la campagne, provoquant une polémique sur les modalités de ce "retour en arrière". Au final, le candidat socialiste a bien précisé que seuls ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans et qui ont obtenu leurs 41 annuités pourront partir à 60 ans.

Mais il a également annoncé qu’une nouvelle réforme des retraites serait nécessaire dans les années à venir. Rien ne dit que de fausses informations ne se glisseront pas au milieu des annonces présidentielles.

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