Cet article date de plus de quatorze ans.

Les inégalités scolaires se sont accrues en France depuis 2000, selon l'enquête PISA de l'OCDE rendue publique mardi

D'une manière générale, comme lors de la précédente enquête de 2006, la France se situe dans la moyenne de l'OCDE pour les trois compétences suivantes d'élèves de 15 ans: 21e sur 65 en lecture, 22e en mathématiques et 27e en sciencesPISA établit un classement des systèmes scolaires de 65 pays (ou territoires comme Hong Kong).
Article rédigé par France2.fr avec agences
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Dans une classe de CP à l'école Arthur Rimbaud d'Andrézieux-Bouthéon, près de Saint-Etienne (AFP - PHILIPPE DESMAZES)

D'une manière générale, comme lors de la précédente enquête de 2006, la France se situe dans la moyenne de l'OCDE pour les trois compétences suivantes d'élèves de 15 ans: 21e sur 65 en lecture, 22e en mathématiques et 27e en sciences

PISA établit un classement des systèmes scolaires de 65 pays (ou territoires comme Hong Kong).

Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de 2009 évalue
porte sur 65 pays, les 34 membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et 31 pays ou économies partenaires comme Hong-Kong (et curieusement Shanghai). Il s'agit de la quatrième enquête du genre, après celles de 2000, 2003 et 2006. En 2006, la Finlande et la Corée du Sud avaient affiché les meilleures performances éducatives de l'OCDE.

"De plus en plus d'élèves en échec scolaire" en France
En 2009 (comme en 2006), la France se situe en milieu de classement. Mais les résultats révèlent aussi de fortes inégalités, en hausse durant la décennie 2000. La proportion des élèves "performants" comme celle des élèves "en très grande difficulté scolaire" sont toutes deux au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, relève PISA.

Par rapport à PISA 2000, la proportion des élèves de 15 ans "les moins performants en compréhension de l'écrit" est passée de 15 % à 20 %. Dans le même temps, le pourcentage des plus "performants" a augmenté de 8,5 % à 9,6 %. De la même façon, la proportion des élèves les plus faibles en mathématiques a augmenté de 16,6 % en 2003 à 22,5 % en 2009, alors que la proportion des meilleurs restait sensiblement identique.

"Il y a de plus en plus d'élèves en échec scolaire, les inégalités se sont creusées. C'est un signal d'alarme pour la France qui avait déjà été tiré par l'OCDE en 2006 et qui l'est de nouveau", a commenté Eric Charbonnier, expert pour l'éducation à l'OCDE. La comparaison avec le Danemark est instructive, relève-t-il: les deux pays sont moyens, la France parce que "la proportion de son élite est toujours aussi importante", alors que le Danemark a surtout peu d'élèves faibles. Il faut dire que dans l'Hexagone, l'école ne parvient pas à corriger les inégalités de départ: "l'impact du milieu socio-économique sur la performance" y est plus grand que la moyenne de l'OCDE, juge l'expert.

Les comparaisons relèvent que la France gagnerait à faire du soutien plus individualisé dans les écoles ou à réduire les redoublements. "Il n'y a pas de fatalité", assure Eric Charbonnier, car Corée du Sud, Japon ou Canada, par exemple, parviennent à concilier performance et équité.

Les filles devancent les garçons
Outre ces pays, les plus "performants", selon PISA 2009, sont la ville chinoise de Shanghai, la Finlande, l'Australie ou les Pays-Bas, l'Asie trustant les cinq premières places en mathématiques. Globalement, Allemagne, Pologne et Portugal s'améliorent, mais Suède, Irlande ou République tchèque reculent.

Partout, les filles devancent les garçons, avec un écart moyen représentant l'équivalent d'une année d'études.

Grâce à des questions sur l'environnement d'apprentissage, on apprend aussi que la France se classe parmi les pays "où la discipline est la moins respectée". Même si environ deux tiers des élèves disent bénéficier de classes disciplinées.

Les enseignants français tirent par ailleurs leur épingle du jeu: ils encouragent leurs élèves à lire plus que la moyenne OCDE.

L'intérêt des pouvoirs publics
Signe de l'intérêt des pouvoirs publics, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, devait tenir une conférence de presse pour "commenter les résultats" et "présenter des orientations pour y répondre". "Je suis très intéressé par PISA, ce sont des indicateurs importants qui reposent sur des critères considérés par beaucoup d'experts comme pertinents", expliquait le ministre la semaine dernière. Pour les syndicats de l'Education nationale, la politique de réduction d'effectifs par non-remplacement des départs en retraite menée depuis 2007 ne peut qu'affaiblir les performances du système (le budget 2011 prévoit ainsi la suppression de 16.000 postes équivalents temps plein).

Pendant plusieurs années, l'enquête PISA a été mal ou peu considérée dans l'Hexagone, notamment du fait de l'image très libérale qu'a l'OCDE en économie. Les ministres français ne s'y intéressaient guère et des syndicats assuraient que les différents pays n'étaient pas comparables. En Allemagne au contraire, les résultats très moyens du système scolaire dans PISA 2003 ont été pris au sérieux. De grands débats y ont été menés à la suite desquels des réformes ont été entreprises, notamment pour les jeunes enfants.

Dans un ouvrage publié en 2009, "L'élitisme républicain" (République des idées-Seuil), les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet ont contribué à améliorer l'image de PISA en France. Ils ont détaillé sa "rigueur statistique" et expliqué la façon dont les résultats pouvaient fournir des pistes de réforme aux systèmes éducatifs évalués.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.