Les forces de l'ordre ont interpellé mercredi soir au parc de la Villette plusieurs dizaines d'immigrés tunisiens
Arrivés en majorité tout récemment d'Italie, ils ont été interpellés vers 21h au moment où un repas chaud était distribué aux migrants par la Croix Rouge porte de la Villette, où ils s'étaient installés dans des conditions précaires.
Les forces de police les ont laissé manger mais ont ensuite "embarqué presque tout le monde", a rapporté un témoin.
La Préfecture de police a confirmé l'opération, "similaire" à celle de mardi, sans préciser le nombre de personnes interpellées. Omeyya Seddik, administrateur de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), parle de "100 à 200 jeunes migrants".
Selon lui, des opérations similaires auraient également eu lieu mercredi soir "à Jaurès, Stalingrad et Pantin".
L'objectif est de "contrôler toutes ces personnes arrivées en masse", "d'établir un diagnostic de la situation de chacun", et de traiter "au cas par cas" leur situation, a indiqué la Préfecture.
Une quinzaine de Tunisiens interpellés à Marseille
Quinze migrants tunisiens, arrivés pour la plupart récemment d'Italie et réfugiés dans un square proche de la gare de Marseille, ont été interpellés mercredi soir et placés en garde à vue, a-t-on appris de source proche de l'enquête et auprès de la Ligue des droits de l'homme. L'opération s'est déroulée entre 21h et minuit au moment où des associations tentaient de trouver des solutions d'hébergement pour plusieurs dizaines de migrants installés dans ce square dans des conditions précaires.
Une centaine de migrants tunisiens selon la préfecture, 200 selon les associations qui leur viennent en aide, ont trouvé refuge depuis plusieurs jours dans ce jardin situé à proximité de la gare Saint-Charles où beaucoup sont arrivés en train depuis l'Italie.
Mardi soir, la préfecture des Bouches-du-Rhône a indiqué qu'elle travaillait avec le consulat général de Tunisie à Marseille pour aider au retour en Tunisie des migrants qui s'étaient déclarés volontaires pour rentrer dans leur pays. "Pour ceux d'entre eux qui ne manifestent pas clairement cette volonté, l'application stricte des lois et règlements de la République a été demandée", avait-elle ajouté.
Une soixantaine de migrants déjà placés en garde à vue mardi
Une opération de police avait déjà conduit mardi soir à l'arrestation d'une soixantaine de migrants de fraîche date en France. Ces personnes, en majorité tunisiennes, ont été contrôlées dans plusieurs arrondissements de Paris (10e, 18e, 19e et 20e) ainsi qu'à Pantin et ont été placées en garde à vue.
"La majorité d'entre eux ont ou vont faire l'objet d'arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière", a indiqué la Préfecture de Paris mercredi soir sans plus de précision.
La préfecture de Seine-Saint-Denis a précisé qu'à Pantin, 18 Tunisiens en situation irrégulière, tous majeurs, avaient été interpellés. Parmi eux, 13 ont fait l'objet de reconduites à la frontière, 2 de rappels à la loi et 3 ont été remis en liberté.
L'objectif était de vérifier leur identité et de donner les moyens de repartir dans leur pays à ceux qui le souhaitent, a poursuivi la préfecture de Seine-Saint-Denis.
Me Samia Maktouf, qui défend plusieurs migrants tunisiens, a dénoncé ces interpellations, qui "n'honorent pas la France".
"Ils n'étaient pas en train de commettre un délit ni de troubler l'ordre public", a-t-elle déclaré. "Leur seule faute, c'est qu'on ait pu localiser l'endroit où ils dorment" après une petite manifestation mardi, pour demander à "être accueillis dans la dignité".
La Mairie de Paris se mobilise
Selon la mairie de Paris, quelque 200 immigrés tunisiens se trouvent actuellement dans la capitale "dans un état de grande précarité".
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë (PS), a invité mardi dans un communiqué l'Europe, et la France en particulier, à les traiter avec "humanité et dignité". Dénonçant "l'indifférence de l'Etat", la municipalité a débloqué une aide financière d'urgence de 100.000 euros et a missionné les associations France Terre d'Asile et Emmaüs pour mettre en place des dispositifs de soutien et d'accompagnement social et sanitaire.
Mercredi, le maire de Paris a jugé les interpellations de Tunisiens "choquantes" et estimé que "ces opérations de police ne sont pas à la hauteur de la situation".
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