Le secrétaire d'Etat au Logement voudrait que les SDF puissent disposer d'un "référent personnel" au quotidien
Benoist Apparu a présenté mardi en conseil des ministres un plan d'aide aux sans-abri que le gouvernement veut installer en 6 mois pour "réduire significativement le nombre de personnes à la rue"
Il survient un an après la polémique née des propos de l'ex-ministre du Logement Mme Boutin sur la possibilité d'héberger de force les SDF par grand froid.
Parmi les 20 propositions dévoilées par Benoist Apparu figure la création dans chaque département d'un service centralisé de l'accueil et de l'orientation des personnes sans domicile fixe, pour lequel une première enveloppe de six millions d'euros est prévue.
Il a également prôné la construction de logements sociaux dans les zones où il y a de réels besoins, une meilleure prévention des expulsions ou encore un renforcement de la lutte contre les "marchands de sommeil", une amélioration de l'aide aux personnes sortant de prison ou souffrant de troubles psychiatriques graves (40% des personnes vivant dans la rue seraient concernées).
Ces propositions sont le fruit des réflexions de trois groupes de travail mis en place à la rentrée. Elles s'inscrivent dans une volonté de créer un "service public de l'hébergement et de l'accès au logement", a expliqué Benoist Apparu à la presse dans les locaux parisiens de l'Armée du Salut.
Alors que la fondation Emmaüs estime à plus de trois millions le nombre de mal-logés et à 100.000 celui des SDF en France, le secrétaire d'Etat a dit vouloir donner "priorité au logement", sans forcément passer par l'hébergement d'urgence.
Concernant le "référent personnel" pour chaque personne ayant des difficultés de logement, il sera désigné en fonction de la situation individuelle de chaque sans-abri. "Dans la plupart des cas, il s'agira d'un travailleur social issu du monde associatif", a dit M.Apparu qui a reconnu que ce système serait difficile à mettre en place, des personnes sans domicile étant par définition difficiles à suivre.
Benoist Apparu a dit par ailleurs souhaiter rendre plus efficace le 115, numéro du Samu social. A Paris, ce service très demandé ne gère que 30 % des places d'hébergement d'urgence. A partir du 1er décembre, le 115 aura devrait avoir accès à l'ensemble des structures d'accueil.
Réaction des associations
"La faiblesse considérable de ce plan est que dans une crise du logement sans précédent, on a justement rien sur le logement", a souligné Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre. "Chaque jour, de nouvelles personnes viennent grossir les rangs des demandeurs d'hébergement ou de logement social", a-t-il dit.
Pour Didier Cusserne d'Emmaüs, "on modifie l'agencement des tuyaux d'une usine à gaz mais sans forcément modifier la taille des tuyaux". "Les bonnes questions sont posées", veut-il espérer, "mais il n'y a aucune appréciation des besoins". Il prend comme exemple les 5481 places d'urgences qui seront ouvertes cet hiver, dont 2126 en IDF: "Si on en a besoin pendant l'hiver, c'est qu'on en a besoin toute l'année, il faut les pérenniser!"
Pour Didier Cusserne, "un référent c'est bien, à condition d'avoir des choses à proposer". "Encore faut-il qu'il y ait des logements accessibles aux gens qui ont peu de moyens, de l'hébergement pour les personnes en difficulté qui ont besoin d'accompagnement et de temps pour se structurer, pour reprendre confiance en eux, ce qui est le cas de beaucoup de gens marqués par les ruptures de la vie", a-t-il expliqué. Former les référents demandera, selon lui, un effort financier des pouvoirs publics.
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