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Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié Israël de "principale menace pour la paix" au Proche-Orient

Recep Tayyip Erdogan a tenu ces propos mercredi matin lors de sa visite officielle à Paris les 6 et 7 avril pour parler économie mais pas adhésion à l'UE.C'est la première fois depuis l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE en 2005, marquées par l'hostilité du président Sarkozy, qu'Erdogan se rend en visite officielle à Paris.
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Tayyip Erdogan, premier ministre Turc (AFP/STP)

Recep Tayyip Erdogan a tenu ces propos mercredi matin lors de sa visite officielle à Paris les 6 et 7 avril pour parler économie mais pas adhésion à l'UE.

C'est la première fois depuis l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE en 2005, marquées par l'hostilité du président Sarkozy, qu'Erdogan se rend en visite officielle à Paris.

C'est avant un déjeuner de travail avec le président français que le premier ministre turc a déclaré qu'"Israël" était "la principale menace pour la paix régionale".

"Si un pays utilise des bombes au phosphore, nous n'allons pas dire 'bravo'"
La Turquie est traditionnellement le principal allié d'Israël dans le monde musulman. Mais les relations entre les deux pays se sont détériorées depuis l'attaque contre Gaza fin 2008 et début 2009. "Si un pays fait usage d'une force disproportionnée, en Palestine, à Gaza, utilise des bombes au phosphore, nous n'allons pas dire 'bravo'. Nous lui demandons comment il peut agir de la sorte", a-t-il affirmé. "Il y a eu une attaque qui a fait 1.500 morts (à Gaza) et les motifs invoqués sont des mensonges", a-t-il ajouté.

Faisant référence au rapport demandé par l'ONU au juge sud-africain Richard Goldstone, Erdogan poursuit son argumentaire. "Goldstone est juif et son rapport est clair". Dans son rapport le juge Goldstone a accusé Israël mais aussi des groupes palestiniens d'avoir commis des crimes de guerre pendant l'Opération "Plomb durci" à Gaza.

En réaction, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a condamné mercredi les "attaques" répétées de la Turquie, après les déclarations du Premier ministre turc. "Nous sommes intéressés à entretenir de bonnes relations avec la Turquie et je regrette qu'Erdogan décide tout le temps d'attaquer Israël", a expliqué M. Netanyahu lors d'une conférence de presse à l'occasion de sa première année au pouvoir.

Pour Sarkozy, "la Turquie n'a pas vocation à entrer dans l'UE"
Le président français a répété ces dernières années que la Turquie, avec laquelle l'UE a démarré en 2005 des négociations d'adhésion, n'a pas vocation à entrer dans l'Europe. La France, et avec elle l'Allemagne, redoutent l'entrée dans l'UE d'un pays de 71 millions d'habitants, presque tous musulmans.

Le Premier ministre turc, dirigeant du parti islamo-conservateur AKP, était à Paris pour plaider une fois de plus en faveur de l'adhésion de son pays à l'Union européenne. L'hostilité de Nicolas Sarkozy à une adhésion turque est à l'origine des relations difficiles entre les deux hommes.

"Je ne désespère pas. Je pense que M. Sarkozy peut réviser son approche", a assuré le Premier ministre turc, avant leur rencontre. Il a énuméré les arguments en faveur de l'adhésion, comme le rôle que peut jouer la Turquie comme pont entre l'Occident et le monde musulman, et insisté sur le niveau d'avancement de son pays dans les réformes.

"La Turquie remplit beaucoup plus de critères que certains des 27 Etats membres, qu'il s'agisse des critères politiques (dits de Copenhague) ou des critères économiques de Maastricht", a-t-il déclaré.

Candidate de longue date à l'adhésion, la Turquie n'a engagé des négociations d'adhésion qu'en 2005, mais celles-ci se heurtent à l'hostilité générale de certains pays, ainsi qu'à des obstacles plus concrets, comme la question chypriote. La France et l'Allemagne lui proposent un partenariat privilégié plutôt qu'une pleine adhésion.

Désaccord sur le dossier iranien
Les deux dirigeants devaient aussi aborder un autre sujet de désaccord, les sanctions contre l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique. La Turquie, actuellement membre du Conseil de sécurité de l'ONU, y est opposée, alors que la France, comme les autres Occidentaux, plaide pour un troisième train de mesures de rétorsion contre Téhéran.

"Jusqu'à présent, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a parlé de probabilités et pas de certitudes" sur les visées militaires du programme iranien, a dit M. Erdogan. "Il n'est pas question de mettre un pays en accusation sur des probabilités", a ajouté le chef d'Etat.

Coopération contre le terrorisme mais pas de conférence de presse commune
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero a mentionné aussi le "travail en commun pour la lutte contre le terrorisme" et la coopération avec Ankara dans la lutte contre le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), le mouvement armé kurde de Turquie.

"La France prend grand soin que cette visite se passe le mieux possible", commentait dimanche la journaliste Ferai Tinc, dans le journal Hurriyet.

"C'est probablement pour cette raison que le Premier ministre turc et le président français ne tiendront pas de conférence de presse après leurs entretiens. Il semble qu'il y ait une certaine inquiétude, liée au franc-parler de ces deux dirigeants, qui se ressemblent" ajoute-t-elle.

-> Voir aussi :
Le rapport Goldstone (en anglais)

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