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Le plan digues permettra d'instaurer des procédures plus rigoureuses, a annoncé jeudi Jean-Louis Borloo

Et ce, après avoir étudié "les moyens et le partage du financement" des travaux, a précisé, dans un entretien à La Montagne, le ministre de l'Ecologie après étude des "moyens et le partage du financement" des travaux.Les dégâts provoqués par Xynthia posent des questions sur la solidité des digues et les zones réputées "constructibles".
Article rédigé par France2.fr
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La localité d'Aiguillon-sur-Mer noyée sous les eaux (France 2)

Et ce, après avoir étudié "les moyens et le partage du financement" des travaux, a précisé, dans un entretien à La Montagne, le ministre de l'Ecologie après étude des "moyens et le partage du financement" des travaux.

Les dégâts provoqués par Xynthia posent des questions sur la solidité des digues et les zones réputées "constructibles".

"Il faut maintenant identifier les risques et les propriétaires concernés, puis instaurer des procédures plus rigoureuses pour aider les collectivités à appliquer les Plans de prévention des risques", a-t-il ajouté.

M.Borloo a rappelé, dans l'édition de jeudi de La Montagne, qu'"une proposition de réfection prioritaire des digues existantes sera établie avec un plan de financement sur cinq ans", alors que l'Etat a prévu d'augmenter sa participation. Il évalue à environ un million d'euros par kilomètre le coût des travaux sur les digues appartenant aussi bien à l'Etat, aux collectivités ou à des propriétaires privés.

Premières explications
Au lendemain du passage meurtrier de Xynthia, et à l'heure du bilan, les spécialistes avancent les premiers éléments d'explication.

Sur les quelque 10.000 km de digues érigées en France, certaines datent du Moyen-âge. En outre, ces constructions n'offrent jamais une garantie d'étanchéité à 100%.

"A partir du moment où l'on a construit une digue, c'est qu'il y avait la volonté de protéger une zone naturellement inondable. Elle est fiable tant que la cote de l'eau reste inférieure à celle de l'ouvrage: au-delà, son niveau de protection sera dépassé par l'ampleur d'une crue ou d'une tempête et il faudra gérer la crise. C'est inévitable" explique Patrice Mériaux, ingénieur à l'Unité de recherche ouvrages hydrauliques et hydrologie du Cemagref d'Aix en Provence.

Le Cemagref recense 9.000 km de digues, dont un millier le long du littoral, appartenant à des communes, des syndicats, voire des particuliers. L'Etat lui-même ne gère qu'environ 1.000 km de digues fluviales, essentiellement sur la Loire. Un vaste recensement, toujours en cours, a été lancé à la suite des grandes inondations du Rhône qui avaient noyé la Camargue en 1993 et 1994.

"C'est un parc très disparate, constitué au fil du temps : souvent, l'ouvrage qui avait été conçu pour protéger des champs abrite, 50 ans plus tard, des populations et il faut relever le niveau d'exigence", remarque Anne-Marie Levraut, chef du service des risques naturels et hydrauliques au ministère de l'Ecologie. Un tiers des digues sont actuellement gérées "par des maîtres d'ouvrage qui n'ont pas les capacités techniques ni financières de remplir toutes leurs obligations, y compris en zone urbaine", poursuit-elle.

La situation de la Faute-sur-Mer
Selon une étude menée récemment par la Direction départemental de l'équipement (DDE) de Vendée, la commune de la Faute-sur-Mer, durement frappée par la tempête Xynthia, était considérée comme une zone sensible construite "sur de vastes espaces gagnés sur la mer, ne tenant pas compte de la mémoire du risque".

"La conjonction de deux phénomènes, de crue dans l'estuaire du Lay et de submersion marine pourrait avoir un impact très important sur les zones densifiées à l'arrière d'un réseau de digues vieillissant" indiquait le document présenté en octobre 2008 aux journées du Génie côtier, à Nice, par Stéphane Raison.

"Plus de 3.000 maisons sont construites derrière ces digues en terre (...) 40.000 personnes fréquentent quotidiennement la commune en été. La rupture des digues sur ce secteur engendrerait des dégâts majeurs aux biens et aux personnes", prévenait la DDE.

Selon l'adjoint au maire de la Faute-sur-Mer, Patrick Maslin les digues ne seraient pas directement en cause dans la catastrophe du week-end. "Il n'y a aucun souci avec les digues" et "les digues ont résisté" a déclaré l'élu qui explique que l'eau est venue par une autre brèche.

La question des zones inondables
Xynthia a rallumé le projecteur sur les règles de construction dans les zones inondables. Premier risque naturel en France, l'inondation concerne en effet une commune sur trois à des degrés divers, dont 300 grandes agglomérations, selon le ministère de l'Ecologie et du Développement durable. En 2008, 16.134 communes, soit 5,1 millions de Français, étaient ainsi concernés dans un pays où les zones inondables s'étendent sur plus de 27.000 km2.

Pourtant ces cinquante dernières années, l'urbanisation des zones inondables s'est accélérée. Dans l'Hérault ou l'Ille-et-Vilaine, les logements construits sur de tels sites ont augmenté de 20% en sept ans. Et selon une étude du Commissariat général au Développement durable, près de 100.000 logements ont encore été construits dans les zones inondables de 424 grandes communes entre 1999 et 2006, dont 8.000 dans les Alpes-Maritimes, le Var et le Val-de-Marne.

Vers un changement des pratiques ?

Si une partie de la classe politique respecte le temps du deuil, des voix commencent à s'élever pour dénoncer les permis de construire accordés dans les zones côtières.

"Il faut être raisonnable et construire à des distances plus importantes" de la mer, a ainsi déclaré lundi, le président du conseil général de Vendée, Philippe de Villiers. La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, a souligné pour sa part qu'il fallait "durcir les règles" de construction dans les zones inondables et derrière les digues, en dépit des éventuelles pressions subies.

Le président Nicolas Sarkozy a promis qu'une "réflexion va être engagée sur le plan de l'urbanisme pour qu'une catastrophe de cette nature ne se reproduise plus". "On ne peut pas transiger avec la sécurité", a-t-il assuré.

En Vendée, "il faut construire plus loin"
Pour le président du Conseil général de Vendée, la catastrophe impose de nouvelles normes de construction. Les décès sont à déplorer essentiellement dans des localités de la Vendée proches de la mer, qui ont été submergées, où les habitants surpris dans leur sommeil ont été noyés. "Sur le moyen terme, il faut construire autrement sur la côte, partout en France. L'Etat impose des normes qui sont respectées par les maires le plus souvent mais qui ne sont pas assez sévères", a dit Philippe de Villiers sur France info. Selon lui, les digues de plus en plus hautes et de plus en plus renforcées, sont anciennes et il n'est pas souhaitable de procéder à une perpétuelle consolidation. "Partout où la terre est au niveau de la mer, il est prudent de construire plus loin", a estimé le président du Conseil général.

Pour le président du MoDem François Bayrou, "ce qui apparaît, c'est que la plupart des victimes ont été piégées dans leur maison par la montée brutale des eaux, ce qui pose au moins deux questions": "La première, c'est les autorisations de construire données dans des lotissements situés trop bas par rapport au niveau de risque de la montée de la mer" et "la deuxième question, c'est la nature et l'entretien des digues, qui datent dit-on du XIXe siècle, et dont l'état peut être mis en question", a-t-il ajouté.

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