Le parquet général a requis lundi en appel 18 à 20 ans de réclusion criminelle contre Antonio Ferrara
Le parquet général a requis 18 à 20 ans de réclusion criminelle pour son évasion en 2003 ainsi qu'une confirmation de la peine de 7 ans de prison ferme prononcée il y a deux ans contre son ancien avocat Karim Achoui, pour complicité.
En première instance, le "roi de la belle" avait été condamné à 17 ans de réclusion par la cour d'assises de Paris.
Fait nouveau, l'avocate générale Françoise Mothes a requis à l'encontre de Karim Achoui - suspendu de ses fonctions d'avocat pour cinq ans depuis janvier 2009 dans le cadre d'une autre affaire - une interdiction "définitive" d'exercer sa profession.
Sept hommes étaient rejugés depuis le 31 août aux côtés de Ferrara, pour avoir préparé l'opération commando qui l'a délivré de sa prison de Fresnes (Val-de-Marne), y avoir participé ou avoir aidé le braqueur italien dans ses quatre mois de cavale.
Rappel des faits
A 04H15 le 12 mars 2003, une dizaine d'hommes cagoulés et munis d'armes de guerre avaient pris d'assaut la maison d'arrêt, faisant exploser ses portes et arrosant de tirs d'armes automatiques les miradors, où se trouvaient deux surveillants.
Anne Vosgien, autre avocate générale, a mis en garde les jurés contre l'image de voyou sympathique cultivée par Ferrara. Mais "il est trop facile de faire des délinquants une sorte de héros des temps modernes", a-t-elle ajouté, insistant sur la réputation de "Jacques Mesrine des années 2000" qu'il avait auprès des policiers, et sur ses talents de braqueur de fourgons blindés.
Françoise Mothes a estimé que "les éléments à charge" contre Karim Achoui n'étaient "pas une construction intellectuelle". Pour elle, les écoutes téléphoniques de proches de Ferrara, réalisées dès octobre 2002 dans le cadre d'une autre affaire, où il était question d'un "baveux" (avocat) en relation avec un projet d'évasion, se réfèrent bien à Karim Achoui. Elle a estimé qu'il s'était rendu complice de l'évasion, notamment en faisant transmettre à Ferrara par un collaborateur, à l'occasion d'un parloir, le "top départ" de l'opération.
Le braqueur italien s'était alors fait transférer au quartier disciplinaire, proche du mur d'enceinte, en refusant une fouille.
Pour l'avocate générale, la responsabilité de Karim Achoui est "lourde", car "en tant qu'avocat il était aussi un auxiliaire de justice" et avait un devoir "d'honnêteté et d'exemple". "Je ne sais pas si (son implication) est une question d'argent", a-t-elle dit. Elle a souligné que Karim Achoui, issu d'un milieu modeste, "a eu beaucoup de mérite: il est arrivé très vite, très haut, c'était un avocat de talent". Mais à force de côtoyer ses clients du grand banditisme, il avait développé un "attrait pour ce milieu".
Le parquet général a requis des peines de 16 à 18 ans de réclusion pour Dominique Battini et Karim Bouabbas, et de 15 ans pour Bachir Airouche (acquitté en première instance), accusés d'avoir participé au commando. Des peines de 13 ans de réclusion ont été requises pour Hamed Illouli pour avoir mené les contacts avec un surveillant complice, de 6 ans de prison contre Zaher Zenati pour avoir fourni un local aux fuyards, et de 5 ans contre Hamid Hakkar pour avoir procuré de faux papiers.
Les plaidoiries de la défense doivent maintenant prendre trois jours. Verdict attendu en fin de semaine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.