Le meurtrier présumé du quai du RER A Gare de Lyon à Paris a été mis en examen dimanche et incarcéré, après avoir avoué
Cet homme de 28 ans, "suivi depuis 2005 comme schizophrène et souffrant de troubles profonds, selon son avocate, été interpellé vendredi soir au domicile de sa mère à
Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne).
Sa mère a témoigné dimanche sur France 2, confirmant que son fils avait des antécédents psychiatriques.
Le meurtrier présumé n'était "sous contrôle d'aucun établissement de soin" car "aucun tiers ou membre de sa famille" n'a fait la demande pour qu'il soit hospitalisé sous contrainte, a affirmé lundi le ministère de la Santé. Mardi matin, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, va saisir l'Inspection générale des Affaires sociales (IGAS), afin de s'assurer que "tout a été bien respecté", a-t-on précisé au ministère . "Il s'agit d'une saisine classique. On est très sereins".
L'avocate de l'homme mis en examen avait dénoncé lundi des "dysfonctionnements" au sein de la police et des services médicaux alertés par la mère du suspect de la dégradation de l'état psychiatrique et la dangerosité de son fils. "Il y a eu des dysfonctionnements. Il faudra que des personnes s'expliquent", a déclaré Me Geneviève Touati. "La mère a vu le comportement de son fils se dégrader à grande vitesse. Elle a appelé les services médicaux et la police, mais la réponse donnée n'a pas été à la hauteur de la situation", a dénoncé Me Touati.
"J'avais tiré le signal d'alarme", a témoigné sa mère. "Je sentais que mon fils pouvait commettre l'irréparable à chaque instant", a-t-elle déclaré. Elle a expliqué que son fils souffrait effectivement de "troubles psychiatriques lourds (...) détectés en août 2005". "Depuis, il a fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, dont certains de plusieurs mois", a-t-elle dit. Le jeune homme avait interrompu son traitement début janvier et pouvait devenir par conséquent "incontrôlable", a-t-elle ajouté.
Le suspect "est suivi depuis 2005 comme schizophrène et souffrant de troubles profonds", a précisé l'avocate. "Il était chez sa mère où il devait subir (tous les mois) une injection pour stabiliser son comportement, mais en février il a refusé" de la faire, a précisé Me Touati.
Une intervention des élus
Une élue de Fontenay-sous-Bois, contactée la semaine dernière par la mère, "s'est activement démenée pour joindre les services médicaux et la police", a ajouté Me Touati. Mais "cela n'a rien donné et il n'y a pas eu d'intervention avant le drame de vendredi", a-t-elle déploré. Le directeur du cabinet du maire (PCF) de Fontenay-sous-Bois a confirmé que "la mère avait effectivement sollicité une élue". "La mairie a fait plusieurs fois des démarches, qui ne sont pas habituelles, en alertant le médecin psychiatre traitant du jeune homme et le commissariat", a-t-il ajouté.
Le suspect était suivi au centre hospitalier Les Murets, à La Queue-en-Brie. Le directeur de cabinet du maire de Fontenay-sous-Bois a indiqué que la "dernière intervention" de la mère remontait au 23 mars. "Nous avons joint l'hôpital où son fils était soigné. Nous avons conseillé à la mère de prévenir la police, qui est intervenue le même jour avec les pompiers dans l'appartement de la famille. Ils ont sorti le jeune homme de l'appartement puis l'ont ensuite relâché", selon cette source.
Mise en examen
Mis en examen pour meurtre, le suspect a été placé en détention provisoire par un juge des libertés et de la détention, conformément aux réquisitions du parquet.
L'homme était activement recherché depuis vendredi matin. Un voyageur de 52 ans venait d'être percuté par une rame du RER après avoir été brutalement poussé par un inconnu.
L'agresseur lui avait porté un violent coup de pied dans le dos au moment où le train entrait en gare. La victime avait heurté de la tête le RER avant de retomber lourdement sur le quai. Grièvement blessé, il était décédé un quart d'heure plus tard malgré l'intervention des secours. Son agresseur avait réussi à prendre la fuite, mais les enquêteurs avaient recueilli des témoignages d'usagers et visionné les enregistrements des caméras de surveillance.
L'homme connu des services de police pour violences volontaires, vol avec violence, vol avec effraction, usage de stupéfiants. Il souffre de troubles psychologiques et semble avoir cessé de suivre son traitement.
"Quatre faits avérés" depuis le début de l'année, selon la police
Il n'existe pas de statistiques précises sur ces actes criminels perpétrés par ceux que l'on a surnommés "les pousseurs" du métro. Mais ils sont "rarissimes", assure-t-on à la RATP. "Cela a toujours existé, malheureusement (...) mais c'est imparable", déplore une source proche du dossier. Une source policière a indiqué que depuis le début de l'année 2010, "quatre faits avérés de ce phénomène de 'poussette' ont été enregistrés" dont deux mortels, celui de vendredi et le précédent en janvier. Depuis janvier, c'est le deuxième voyageur qui meurt dans les mêmes circonstances et une jeune femme en a réchappé le mois dernier dans une station de métro du 13e arrondissement de Paris.
D'après une étude menée en 2005 par trois psychiatres français, la plupart des "pousseurs" souffrent de schizophrénie avec délires de persécution, accompagnés parfois de troubles liés à l'alcool. Le 29 janvier, un homme de 40 ans - suivi pour des troubles psychiatriques mais ayant arrêté son traitement - avait ceinturé un voyageur de 24 ans avant qu'ils ne tombent tous les deux sous une rame du RER C à la station Bibliothèque François-Mitterrand à Paris (13e). Ils avaient été tués tous les deux.
Le 10 avril 2009, un quadragénaire avait été violemment poussé sous le métro à la Grande Arche de la Défense et grièvement blessé. L'auteur présumé de cet acte gratuit était un SDF de 34 ans, à l'état psychique inconnu, et qui avait été rapidement interpellé grâce aux images de vidéosurveillance. En janvier 2006, au métro Odéon, un déséquilibré de 18 ans avait poussé un jeune homme sur les voies. Il l'avait ensuite empêché de remonter sur le quai et la victime avait été sauvée par l'intervention d'autres voyageurs.
Un an auparavant, un homme avait été tué après avoir été propulsé sous un métro à la station Rambuteau par un déséquilibré qui avait été interné. En août 2002, un SDF de 32 ans avait perdu la vie à la station Marcel-Sambat à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) après avoir été poussé sous le métro par un autre sans-abri qui l'avait empêché de remonter sur le quai en lui donnant des coups de pieds au visage, alors que la rame entrait en gare.
Les portes de façades de quai sur les lignes du métro, comme sur celles de la ligne 14, sont censées dissuader les "pousseurs", même ces dispositifs ont été avant tout conçus pour éviter les accidents ou les suicides.
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