Le gouvernement a présenté mercredi son projet de budget 2011 et de loi de programmation des finances publiques
Ce budget est marqué par des coupes sévères dans les dépenses publiques et un "coup de rabot" sur les niches fiscales. L'objectif est de réduire les déficits du pays.
Le gouvernement entend les ramener de 7,7 % du PIB à 6 % l'an prochain, puis à 3 %, limite autorisée par les traités de l'UE, en 2013.
Le budget de l'Etat devrait ainsi passer de 152 milliards d'euros cette année à 92 milliards en 2011.
Il s'agit d'un effort jamais réalisé auparavant par la France, soumise à la pression de Bruxelles et des marchés pour maîtriser sa dette. Les intérêts de la dette devraient devenir, pour la première fois en 2011, le premier poste de dépense de l'Etat français, devant l'Education nationale.
Pour atteindre son objectif, le gouvernement mise d'abord sur la fin du plan de relance. Il mise aussi sur la reprise de l'activité avec une croissance prévue d'au moins 1,5 % cette année et de 2 % l'an prochain. Une prévision jugée trop optimiste par de nombreux économistes.
Austérité tous azimuts
Mais l'exécutif a aussi mis au point par petites touches, depuis le début de l'année, un plan de rigueur. Plan de rigueur, mot honni dans les rangs de la majorité, que seul le Premier ministre, François Fillon, a osé assumer publiquement.
Au menu également, 7 milliards de dépenses coupées dès 2011 et 10 milliards de hausses d'impôts ciblées via des réductions de niches fiscales et sociales.
Les dépenses de fonctionnement et d'intervention seront rognées de 5 % dès l'an prochain, les collectivités locales subiront pendant trois ans le gel des dotations budgétaires de l'Etat. Dans le même temps, le non remplacement d'un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique continuera, avec à la clé 31.400 nouveaux postes supprimés en 2011. Dont 16.500 pour la seule Education nationale.
L'effort sur les niches touchera notamment les factures des "box" internet, les complémentaires santé, le cadeau de mariage fiscal pour les couples fraîchement unis ou encore les allègements de charges pour les entreprises.
La gauche affirme qu'il s'agit des "plus fortes hausses" des prélèvements depuis 1995. Le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, s'est toujours dit farouchement hostile aux augmentations d'impôts.
Réactions politiques
Michel Sapin, secrétaire national à l'économie du PS
"Le budget présenté aujourd'hui n'est rien d'autre que la facture du Sarkozysme : augmentation des impôts de10 milliards d'euros et 7 milliards d'euros en baisse aveugle des dépenses publiques, gel des salaires des fonctionnaires et des dotations aux collectivités locales. La crise n'explique qu'un tiers du déficit des finances publiques de l'année 2010, le reste est la conséquence d'une politique irresponsable qui a creusé les déficits avec les cadeaux fiscaux pour les plus fortunés de nos concitoyens, quand nos partenaires européens mettaient à profit la croissance pour les réduire. Le budget présenté par le gouvernement ne fera qu'amplifier l'injustice fiscale".
Jean-Pierre Brard, apparenté Parti communiste
"Il n'est pas touché au bouclier fiscal, par contre, le gouvernement, qui a beaucoup d'imagination, s'attaque aux jeunes mariés, aux divorcés et aux pacsés (...). Le gouvernement est âpre et il ne prend rien aux plus riches. On n'a pas entendu de contributions sur ceux qui ont des bonus ou des salaires mirobolants, rien sur les paradis fiscaux, rien sur la fraude. Par contre les petites gens seront encore mis à contribution".
Hervé Mariton, député UMP à l'Assemblée
"Il y a ce qui s'appelle le 'rabot des niches fiscales', ce qui en français courant s'appelle une augmentation des impôts ciblés parfois intelligemment, parfois mal. Je regrette la disparition du 'cadeau' de mariage des mariés de l'année. Globalement, l'objectif du budget de réduction des déficits est une très bonne chose. J'aurais aimé que le gouvernement fasse davantage sur la réduction des dépenses et soit peut être moins tenté de regarder plus par la réduction des niches du côté de l'augmentation des impôts".
Europe Ecologie, dans un communiqué
"Le projet de loi de finances (...) reste prisonnier des slogans du candidat Sarkozy, fantasme sur la croissance et organise la pénurie de moyens dans les services publics. L'attaque contre le crédit d'impôt écologique symbolise l'absence de stratégie du gouvernement (...) En refusant d'engager fortement la France dans l'économie verte, on la condamne à une double-peine: on ne réduit en rien la délocalisation des entreprises traditionnelles et on passe à coté des emplois industriels de demain liés à la révolution écologique"
Marine Le Pen, vice-président du Front national, dans un communiqué
"C'est le budget d'un pays sous tutelle des marchés financiers et de l'Union européenne (...) Ce budget de désespérance traduit la soumission de nos élites aux dogmes qui ont mené le pays à la ruine: la toute-puissance des marchés, l'effacement de l'Etat, et l'euro, qu'il faut sauver à tout prix. Les vraies économies ne sont pas à faire sur le dos des Français, mais sur les politiques les plus nocives: immigration (dont le coût est évalué à 60 milliards d'euros par an), contribution financière à l'UE (19 milliards d'euros chaque année), fraude sociale et gabegie de la décentralisation".
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