Le dossier médical personnel (DMP) devrait enfin le jour avec de premières ouvertures dès jeudi
Facultatif, ce dossier virtuel doit offrir aux patients volontaires un accès effectif à leurs données médicales, le DMP devant rapidement devenir consultable de chez soi par internet.
Côté médecins, le DMP est censé permettre une meilleure coordination des soins et éviter les examens inutiles.
Techniquement, tout est prêt, même si la date de lancement officiel a donné lieu à des informations contradictoires. Pour éviter que ne soit pointé un nouveau contre-temps, l'Asip Santé, l'agence d'Etat qui pilote le projet, a précisé mardi que les premiers DMP seraient créés "à partir du 16 décembre".
Il s'agira de premières versions à valeur de tests, en s'appuyant sur les régions ayant déjà lancé des versions expérimentales du DMP (comme la Picardie, l'Aquitaine ou l'Alsace). L'Asip annoncera ensuite le 5 janvier "les prochaines étapes du projet".
Des années de déboire
Ce lancement officiel marque un nouveau départ après des années de déboires. Présenté en 2004 comme un projet majeur par Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, le DMP aurait dû voir le jour dès 2007.
Calendrier irréaliste, coût sous-estimé, confidentialité des données pas assez protégée: de nombreux rapports ont pointé les lacunes du projet initial. Ils ont aussi conduit à mettre une sourdine aux objectifs initiaux d'économies liées au DMP, chiffrées un peu vite en milliards d'euros. "Le DMP est un grand projet de santé publique", soulignait fin juillet Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, illustrant l'accent mis désormais davantage sur l'amélioration des soins que sur les économies éventuelles.
Quand la version nationale du DMP sera ouverte sur tout le territoire, chaque patient pourra demander à un professionnel de santé de lui en ouvrir un, que pourront ensuite consulter et compléter des confrères, en ville ou à l'hôpital, toujours avec l'accord du patient.
Accès direct pour les patients "déployé progressivement en 2011"
Le DMP, stocké par un hébergeur de données sécurisés, s'enrichira peu à peu, des prescriptions, comptes-rendus de radiologie ou autres résultats d'analyses. Les patients y auront "un accès direct" par internet, qui sera "déployé progressivement en 2011", prévoyait Mme Bachelot en juillet.
D'abord méfiantes, les associations de patients semblent avoir pris acte des garanties apportées, notamment sur la confidentialité des données."On a obtenu la traçabilité des envois et des consultations du DMP, le masquage d'un certain nombre de données", se félicite Christian Saout, président du Ciss, collectif d'associations d'usagers.
"Ce qui manque profondément maintenant, c'est une information de nos concitoyens pour rappeler que ce sont des données précieuses de la vie privée", poursuit-il. L'implication des médecins est difficile à évaluer. Se doteront-ils de l'équipement indispensable et prendront-ils le temps de gérer le DMP?
"Quand ils verront qu'ils en tirent un bénéfice pour leurs patients et pour eux-mêmes, ils joueront en rôle moteur", estime Jacques Niney, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), qui a participé à des travaux de réflexion sur le DMP. Mais il faudra que l'outil "soit suffisamment clair et qu'on se pose aussi la question de la rémunération des médecins, surtout pour ceux qui vont prendre le temps de remplir initialement le DMP", ajoute-t-il.
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