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Le bras droit de du président de la République, Claude Guéant, a témoigné mardi au 2e jour du procès de Charles Pasqua

Le secrétaire général de l'Elysée a été entendu 1/4 d'heure et a assuré avoir agi sur instruction du ministre de l'Intérieur dont il était le directeur adjoint de cabinet.Il a estimé que la procédure d'agrément accordé au casino s'était déroulée tout à fait normalement en 1994 et a reconnu avoir demandé "une instruction rapide" de ce dossier.
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Charles Pasqua avec une de ses avotates, Me. Jacqueline Laffont, à son arrivée à son procès à Paris, le 19 avril 2010 (AFP/THOMAS COEX)

Le secrétaire général de l'Elysée a été entendu 1/4 d'heure et a assuré avoir agi sur instruction du ministre de l'Intérieur dont il était le directeur adjoint de cabinet.

Il a estimé que la procédure d'agrément accordé au casino s'était déroulée tout à fait normalement en 1994 et a reconnu avoir demandé "une instruction rapide" de ce dossier.

Concernant son témoignage, Claude Guéant a déclaré que "le ministre (Charles Pasqua) a fait connaître dans ce dossier ses instructions comme il l'a fait pour d'autres", contestant toute "insistance particulière" de Charles Pasqua pour cette partie.

Tout juste a-t-il admis, interrogé sur la part de secret de Charles Pasqua que, "au sommet de l'Etat, il y a des choses qui se partagent et d'autres qui ne se partagent pas, ce qui compte c'est que les bonnes décisions soient prises".

Il a dit par ailleurs ne pas avoir "d'éléments objectifs" lui permettant de penser que l'autorisation d'exploitation du casino d'Annemasse aurait permis au ministre de faciliter sa politique en Corse, au motif que Robert Feliciaggi et son associé Michel Tomi étaient des sources de renseignement utiles sur la situation dans l'île.

Prenant la parole mardi en fin de matinée, Charles Pasqua a de nouveau défendu sa probité, disant travailler "selon des principes parmi lesquels l'argent ne figure pas".

"Et l'amitié ?", lui a demandé le président. "L'amitié n'a rien à voir avec l'argent", a rétorqué le sénateur. "Ce qui m'a guidé, c'est l'intérêt général, ce n'est pas autre chose, que ce soit dans les casinos ou les autres affaires."

Charles Pasqua, qui a évoqué une procédure "classique" concernant Annemasse, a toutefois admis que s'il avait su que Michel Tomi était associé au projet du casino, il n'aurait pas accordé d'autorisation. Michel Tomi avait été condamné pour abus de biens sociaux alors qu'il été gérant du casino de Bandol.

La CJR examinait mardi les conditions de l'agrément délivré en 1994 par Charles Pasqua , alors ministre de l'Intérieur, à l'exploitation du casino d'Annemasse (Haute-Savoie). La justice le soupçonne de l'avoir octroyé à des proches en échange d'une contribution de plusieurs millions d'euros à la campagne du RPF.

Philippe de Villiers témoigne sans animosité
Convoqué comme témoin devant la Cour de justice de la République, Philippe de Villiers s'est montré, face aux 15 juges, beaucoup moins véhément sur son ancien compagnon de route que devant les magistrats instructeurs.

Certes, a rappelé le député européen et président du conseil général de Vendée, "je n'ai jamais eu accès aux informations concernant le financement du RPF et c'est pour cela que je l'ai quitté".

Le Rassemblement pour le France (RPF) était le parti souverainiste créé par Pasqua et de Villiers après le succès de leur liste commune aux élections européennes de 1999. Ils avaient devancé la liste du RPR conduite par Nicolas Sarkozy.

Certes, a encore expliqué M. de Villiers, il nourrissait, avec ses collaborateurs "le sentiment d'être tenu à l'écart de toutes les questions financières" du parti contrôlées par M. Pasqua et son entourage. Mais l'élu s'est empressé de préciser qu'il s'agissait là "d'une sensation, d'un sentiment" et qu'il n'avait pas de preuves.

Charles Pasqua est jugé depuis lundi par la cour de justice de la République, seule habilitée pour des faits concernant un ministre dans l'exercice de ses fonctions, pour des malversations présumées dans trois dossiers financiers lorsqu'il était ministre de l'Intérieur entre 1993 et 1995.

A l'ouverture de son procès, Charles Pasqua, aujourd'hui sénateur et âgé de 83 ans, s'était dit innocent des faits qui lui sont reprochés.

Cinquante-sept témoins sont appelés à la barre pendant quinze jours et les juges rendront leur décision le 30 avril. Charles Pasqua encourt dix ans de prison, mais reste protégé par son immunité parlementaire et pourra encore engager un recours.

Rappel des trois affaires
Dans l'affaire dite du casino d'Annemasse (Haute-Savoie), Charles Pasqua est accusé d'avoir, en 1994, accordé l'autorisation d'exploiter cet établissement de jeux en échange d'un financement politique ultérieur. Il est renvoyé pour corruption passive.

En 1994 toujours, le ministre a signé un agrément autorisant le déménagement d'une entité de GEC-Alsthom. Un pot-de-vin a été versé à un proche de Charles Pasqua. L'élu en est-il l'ordonnateur ? Il est mis en examen pour complicité et recel d'abus de biens sociaux.

La même qualification a été retenue dans le dossier de la Sofremi, société d'exportation de matériel militaire qui dépendait du ministère de l'Intérieur: là encore, des commissions illicites ont bénéficié à l'entourage du ministre.

Si l'audience se poursuit normalement, Charles Pasqua devrait s'exprimer sur les faits dès lundi. Mardi, doit débuter le défilé des témoins dont le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, ainsi que Philippe de Villiers.

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