La mobilisation des enseignants contre la politique éducative et budgétaire a été moyennement suivie jeudi
Selon le ministère, le taux de grévistes était de 18,86% dans le premier degré et de 14,91% dans le second, soit une moyenne de 16,74%. Le syndicat SNuipp-FSU a avancé un taux de grévistes de 34,4%, avec de fortes disparités régionales.
À Paris, les manifestants étaient entre 3.700 et 7.000 et à Lyon entre 1.600 et 3.500 à Lyon, selon les sources.
Le Snes-FSU, syndicat du second degré, a annoncé pour sa part qu'un enseignant sur deux était en grève, avec une mobilisation de plus de 90% dans certains établissements.
Les taux de grévistes sont supérieurs à ceux des grèves de la rentrée 2010 et inférieurs à ceux des mouvements contre la réforme des retraites, en juin et septembre dernier.
Des centaines d'enseignants ont aussi défilé le matin à Auch, Marseille, Nanterre ou Toulouse, ainsi qu'à Bordeaux où ils se sont mêlés aux magistrats. "Nous ne reviendrons pas" sur les 16.000 suppressions prévues à la rentrée prochaine, avait affirmé un peu plus tôt sur LCI le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel.
Ces suppressions, alors que le ministère prévoit 61.900 élèves de plus à la rentrée 2011, provoquent depuis plusieurs semaines mouvements devant les rectorats et occupations d'écoles.
Problèmes de remplacements, hausse à venir du nombre d'élèves par classe, baisse des moyens dont bénéficiaient des établissements innovants accueillant des élèves en difficultés ou même malades... les témoignages de terrain contredisent les "éléments de langage" du ministre sur la nécessité de lutter contre le décrochage scolaire, l'illettrisme et les inégalités.
Le premier syndicat d'enseignants, la FSU, qui appelait à la grève avec la CGT et Sud Education n'a pas été suivi par d'autres fédérations.
L'Education nationale est le ministère le plus touché par la RGPP, la révision générale des politiques publiques. Les établissements apprennent en ce moment leur sort pour la rentrée 2011. Les recteurs d'académie sont chargés de trouver des "gisements d'efficience", soit de supprimer les postes "qui ne relèvent pas de l'éducation prioritaire", dans les classes où le nombre d'élèves est nettement inférieur à la moyenne nationale.
Les suppressions de poste visent aussi les enseignants spécialisés et intervenants en langue, affirment les syndicats.
La dernière enquête de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) adresse une note moyenne à l'école française, relevant un fort accroissement des inégalités et de la proportion d'élèves en difficulté. Depuis la publication de cette enquête en décembre, Luc Chatel a annoncé un "plan sciences", pour redresser le niveau des élèves en mathématiques, des primes au mérite pour les proviseurs de lycées et principaux de collèges les plus performants et avance sur le chantier des rythmes scolaires.
Les syndicats ont boycotté les voeux de Sarkozy
Indicateurs que la situation est tendue, les syndicats de l'éducation ont boycotté en janvier 2011 les voeux du chef de l'Etat et la Peep, fédération de parents d'élèves d'ordinaire peu sévère à l'égard du gouvernement, vient pour la première fois de manifester son "inquiétude" à l'égard des suppressions de postes et de la "dégradation des conditions d'enseignement".
Le ministre Luc Chatel affirme qu'il y a encore aujourd'hui plus d'enseignants pour moins d'élèves qu'en 1990. Le gouvernement prévoit que les suppressions continuent, au même rythme, en 2012 et 2013. Interpellé à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Education nationale a mis en avant l'augmentation de 1,6% du budget du ministère et celle des traitements des enseignants en début de carrière.
La journée nationale de grève jeudi sert de répétition générale avant la manifestation du samedi 19 mars, qui fait l'objet d'un appel unitaire de la part des syndicats.
80% des Français désapprouvent les suppressions de postes d'enseignants
Quatre Français sur 5 jugent que la politique de non remplacement d'un enseignant sur deux partant à la retraite est "une mauvaise chose", selon un sondage CSA pour le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, publié mercredi.
Pour 80% des personnes interrogées, cette politique est "une mauvaise chose" et pour 82% la réduction du nombre de postes d'enseignants aura "un effet plutôt négatif sur la réussite des élèves dans les écoles maternelles et élémentaires".
La proportion de personnes interrogées qui juge l'effet "plutôt négatif" en primaire a eu tendance à augmenter dans les sondages commandés par le SNUipp depuis trois ans: de 68% en août 2008, elle est passée à 79% en août 2009, puis à 75% en juillet 2010 et à 82% en février 2011. A l'inverse, 20% des personnes interrogées jugent que la politique de suppressions de postes d'enseignants est "une bonne chose". Elles sont 7% à y voir un effet "plutôt positif" sur la réussite des écoliers, et 11% n'y voient "pas d'effet".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.